L'origine de la fête des Mères : de l’Antiquité à la Seconde Guerre mondiale
Petits et grands ont l’habitude en France, et dans de nombreux pays, de fêter les mamans au printemps.
Cette tradition, devenue une fête instituée, nous semble, aujourd'hui, une belle opération commerciale. Mais, saviez-vous qu'elle remonte à bien plus longtemps que le Père Noël et les lapins de Pâques.
Découvrez les origines plutôt étonnantes de cette journée particulière, consacrée à la célébration des mères.
Carte postale fête des Mères 1947 - Union nationale des associations familiales © Ville de Paris - Bibliothèque Marguerite Durand
Des origines lointaines renvoyant à la mythologie grecque
Il est bien possible que la première fête des Mères ait eu lieu dans l’Antiquité ! En effet, des festivités sont organisées, au printemps, en Grèce antique puis dans l’Empire romain, pour célébrer la mère des dieux : Rhéa, ou Cybèle dans le panthéon latin, ou encore la Mater Matuta, la divinité de l'aube et de l'enfantement.
Dans la société romaine, la matrone, figure de la mère de famille respectable, est fêtée lors des Matronalia, le 1er mars.
De cette tradition printanière découle sans doute l'habitude chrétienne de dédier le mois de mai à la mère de Jésus, Marie, dévotion très ancrée, du Moyen Âge au XXe siècle.
Quand la politique nataliste s'en mêle
Si l’idée de fêter les mères françaises a d'abord été évoquée par Napoléon Ier, elle ne voit le jour qu’à la fin du XIXe siècle. Après la défaite de 1870, la France connaît un regain de nationalisme, qui s’exprime notamment par le rejet du malthusianisme et une course à la natalité, certainement pour tenter de rattraper l’Empire allemand, cet ennemi fécond.
Plusieurs associations natalistes apparaissent dans le paysage politique français, dont certaines sont très proches des membres du gouvernement.
L'une d’entre elles, baptisée Alliance nationale pour l’accroissement de la population de la France, use de son influence et développe une propagande efficace, qui passe par la célébration des mères et pères de familles nombreuses.
Beaucoup de Français sont conquis par l’idée, si bien qu’en juin 1906, le village d’Artas, en Isère, décide de remettre un prix à deux mères de famille nombreuse, répondant au titre de “Haut mérite maternel”.
Des guerres à la Journée nationale
Si contradictoire que cela puisse paraître, la célébration de la fête des Mères trouve son origine directe dans les deux conflits mondiaux du XXe siècle.
Lorsque les troupes américaines débarquent sur le sol français en avril 1917, elles se mêlent aux soldats français, mais conservent leurs traditions ! C’est ainsi que le Mother’s Day des États-Unis, pratiqué depuis le début du XXe siècle, est importé en France.
À la fin de la Première Guerre mondiale, plusieurs villes, dont Lyon, instaurent une “journée des mères” pour rendre hommage aux mères ayant perdu de nombreux enfants sur le front.
Peu de temps après, en avril 1926, voyant l’importance que prend cette coutume, le gouvernement décide de créer officiellement une Journée nationale des mères de familles nombreuses. Cette fête représente un vrai pilier pour la politique nataliste en France, qui va même jusqu’à remettre des médailles de la Famille Française aux mères de plus de trois enfants.
La fête des Mères sous Vichy avec le maréchal Pétain
Le maréchal Pétain n’a fait que reprendre ce qui existait déjà, en lui donnant toutefois une tournure plus idéologique et conforme aux préceptes de l'État français.
La journée des mères de famille nombreuse devient, le 25 mai 1941, la fête des Mères et prend une ampleur nationale et très solennelle. La fête est, pour le régime de Vichy, un vrai symbole du triptyque “Travail, Famille, Patrie”, et présente une mère idéalisée qui incarne ces valeurs.
C’est ainsi que la fête des Mères en France s’ancre dans les habitudes des Français. La IVe République fait le choix de ne pas s’en débarrasser. Au contraire, le président de la République Vincent Auriol l’intègre à la loi du 24 mai 1950, qui démocratise cette fête sous la forme que l'on connaît aujourd'hui.
Cette loi affirme que la République française rend officiellement hommage, chaque année, à ses mères. La date choisie est le dernier dimanche de mai, ou le premier dimanche de juin, en fonction de la Pentecôte.
La fête des Mères : une tradition internationale
On l’aura compris, la fête des Mères est loin d’être une tradition uniquement française.
Au Royaume-Uni, le Mothering Sunday, ou “dimanche des mères” est une fête célébrée, depuis le XVe siècle, chaque quatrième dimanche de carême.
Aux États-Unis, elle prend un sens très symbolique, puisque le Mother’s Day, institué par Anna Jarvis, est un hommage à une mère modèle, qui œuvre pour le bien des femmes, de leurs enfants et des familles en général, dans l’Amérique du XIXe siècle. Ce pays rend officiellement hommage chaque année, le deuxième dimanche de mai, aux mères américaines.
La figure maternelle est fêtée dans beaucoup d’autres pays européens depuis le début du XXe siècle, souvent en imitation du Mother’s Day des États-Unis. Elle a ainsi lieu le deuxième dimanche de mai dans de nombreux pays tels que l'Allemagne, la Belgique et le Canada.
La fête des mères s’est répandue dans le monde entier, au gré de la colonisation en Afrique et de l’exportation culturelle occidentale en Asie, en Amérique latine ou encore dans le monde arabe.
Cette coutume donne naissance à de nouvelles célébrations nationales comme la fête des grand-mères et la fête des pères qui a lieu, en France, le troisième dimanche de juin.