Histoire de la Saint-Jean : du culte du soleil aux feux de joie
Chaque année, dans la nuit du 23 au 24 juin, partout en France, en Europe et jusqu'au Canada, de grands feux de joie s’allument dans les villes et villages et la même ambiance joyeuse et populaire enflamme le cœur des habitants : c’est la fameuse fête de la Saint-Jean !
Découvrez avec nous cette tradition aux manifestations multiples qui, depuis le fond des âges, a su perdurer au fil des méandres de l’histoire.
Jules Breton, La Fête de la Saint-Jean, 1875, musée des Beaux-Arts de Philadelphie
Le solstice d'été : de lointaines origines
Depuis la nuit des temps, les civilisations de l’hémisphère nord fêtent le solstice d’été aux alentours du 21 juin : jour le plus long de l’année. Pour les peuples, cette date est l’occasion de rendre un culte au soleil, considéré comme un dieu.
Jusqu’au Moyen Âge, il est coutume d’allumer dans la nuit de grands feux à la croisée des chemins, afin de chasser les sorcières qui errent dans la pénombre et de protéger les récoltes des orages et des tempêtes.
Le 24 juin : fête de saint Jean-Baptiste
Comme pour de nombreuses fêtes antiques, l’Église catholique intervient au début de l'Antiquité tardive : voyant dans ces feux solsticiaux des rites païens répréhensibles, elle tente, avec le concours des empereurs romains d’Orient et d’Occident, d’y mettre un terme.
Pour transformer la fête en célébration religieuse, l’Église met l’accent sur le jour de la Saint-Jean-Baptiste : saint fondateur dans la religion chrétienne, que l’on fête le 24 juin. Messes, jours de jeûnes, solennités et octaves sont proclamés, mais rien n’y fait, les traditions perdurent. Aux quatre coins de l’ancien Empire romain, on continue à allumer de grands brasiers.
L’Église décide alors de christianiser complètement ce rite, fermant les yeux sur les feux de joie, elle autorise la liesse populaire en l’honneur de saint Jean-Baptiste.
Les feux de la Saint-Jean, une fête populaire
Bals de village, valse des amoureux, jeunes gens qui sautent par-dessus les feux, sont autant d’images d’Épinal que l’on garde de la Saint-Jean.
En effet, si les traditions du 24 juin diffèrent, on retrouve en France des éléments communs. La fête commence souvent par une grand-messe, célébrée par le curé de la paroisse, pour la Saint-Jean-Baptiste. Dans de nombreuses régions, une veillée s’ensuit, où un immense feu de joie est allumé sur un bûcher soigneusement construit au préalable.
La Saint-Jean est aussi une fête qui célèbre la jeunesse, ainsi élit-on souvent un roi et une reine de la Jeunesse parmi les jeunes gens et les jeunes filles du village. La coutume veut, une fois que le brasier s’est affaissé, que les amoureux sautent ensemble par-dessus, en guise de porte-bonheur. La soirée se finit dans la joie générale avec un bal, parfois costumé.
Fêter la Saint-Jean en Bretagne
En Bretagne, cette fête prend parfois des aspects impressionnants. À Brest, à Saint-Jean-du-Doigt, ou encore sur l’île d’Ouessant, les brasiers sont préparés avec le plus grand soin par les jeunes gens. Le curé du village béni et allume ces feux.
C’est sans doute sur l’île de Sein que se déroule la forme la plus spectaculaire de la Saint-Jean. On y entoure le bûcher d’un cercle de neuf pierres, appelé le Klec’h an tan, “cercle du feu” en breton.
Les jeunes gens soulèvent alors les jeunes filles pour qu'elles sautent par-dessus le bûcher. Puis, les jeunes des villages courent à travers la campagne avec leurs torches enflammées.
Les traditions pyrénéennes et catalanes
Dans les régions frontalières de l’Espagne, où la culture catalane est encore très présente, la Saint-Jean est une fête très importante. Cet événement se prépare environ une semaine à l’avance, lorsque les villageois montent avec des sarments et des fagots, au sommet du Pic du Canigou, montagne emblématique des Pyrénées.
Avec ce bois est allumé un feu, la veille de la Saint-Jean. Un montagnard de chaque village enflamme une torche et la redescend jusque dans la vallée pour allumer le brasier communal.
Dans le pays de Comminges, qui recouvre l’Ariège et la Haute-Garonne, le bûcher, nommé le brandon, est préparé selon une coutume bien spécifique. Celui-ci est fait à partir d’un tronc de conifère fendu dans lequel on insère des morceaux de bois avant d’y mettre le feu.
Cette tradition est depuis 2015, inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, par l'UNESCO !
Les taureaux de Bazas
Une autre tradition est répertoriée au Patrimoine culturel immatériel français, c’est celle de la Saint-Jean de Bazas, en Gironde. Cette ville, connue pour sa race bovine, la Bazadaise, célèbre la Saint-Jean par un défilé suivi d’un spectacle son et lumières qui symbolise la coutume ancestrale du don du taureau.
Il s’agit d’une tradition remontant au XIIIe siècle, quand Édouard Ier, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine autorise les bouchers à offrir un taureau à l’évêché de Bazas, une fois par an.
Les vaches bazadaises
Des feux de la Saint-Jean dans les Alpes
Quittons l’Ouest de la France pour rejoindre les Alpes, où les coutumes sont également bien ancrées. En Haute-Savoie, dans le pays du Mont-Blanc, les montagnards gravissent les cîmes du massif le week-end qui suit la Saint-Jean.
Munis de torches, ils montent les sentiers escarpés toute la journée pour arriver au sommet pour le coucher du soleil. Allumant les torches au crépuscule, ils offrent à toute la vallée un spectacle extraordinaire, qui illumine ces monts majestueux tout au long de la nuit.
Le Massif du Mont-Blanc
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