Vidéo : Saint-Bertrand-de-Comminges et Valcabrère - Le Fil du Temps
La ville aux trois évêques
Au milieu de forêts s’étendant à perte de vue, perché sur un éperon rocheux d’où l’on admire les fiers pics pyrénéens, Saint-Bertrand de Comminges est un village qui porte 2000 ans d’histoire hors du commun.
Dans cette cité où ruines antiques et art contemporain dialoguent, où ruelles médiévales et trésors de la Renaissance reposent en harmonie, où l’art sacré a une place toute particulière, venez voyager à travers les siècles sous le soleil d’Occitanie.
Un passé antique et glorieux
Une légende raconte que Saint-Bertrand a été fondée par le général romain Pompée, revenant d’une campagne militaire. Plus probablement, il s’agit de la capitale d’une tribu ibéro-aquitaine, les Convènes, qui est transformée au Ier siècle avant Jésus-Christ en cité romaine. On raconte que le roi de Galilée Hérode, ainsi que son épouse Hérodiade et Salomé, fille de celle-ci, alors en exil, s’y sont réfugiés et y sont morts.
Sous l’empire romain, la cité prend le nom de Lugdunum Convenarum et occupe une place importante dans la province d’Aquitaine, avec son forum, ses thermes, ses temples, ses théâtres et ses riches villas, dont on peut encore aujourd’hui admirer les vestiges.
Fière colonie romaine, elle abrite environ 10 000 habitants et développe une activité économique florissante. Au Ve siècle, à l’heure des grandes invasions, Convenae, comme on l’appelle désormais, tombe aux mains des Wisigoths qui contrôlent déjà Toulouse.
Le saint des Pyrénées
A la fin du XIe siècle, Bertrand de l’Isle est nommé évêque du Comminges. C’est lui qui demande la construction de la basilique Saint-Just de Valcabrère, ainsi que d’une cathédrale dotée d’un cloître.
Son influence ne se limite pas à la sphère religieuse, car il tient aussi à développer la ville et à améliorer le quotidien des habitants en favorisant le commerce, l’agriculture et l’élevage. Très populaire de son vivant, il est vénéré comme un saint dès sa mort en 1123. Il est canonisé moins d’un siècle plus tard. C’est en son honneur que la ville prend le nom de Saint-Bertrand de Comminges.
Un pape pour Saint-Bertrand
En 1305, les cardinaux établis en Avignon élisent un nouveau pape. Il s’agit de Bertrand de Got, évêque de Comminges lui aussi, qui prend le nom de Clément V. C’est lui qui œuvre pour la construction de la cathédrale gothique Sainte-Marie, et qui y transporte les reliques de Saint-Bertrand.
La cité médiévale devient un lieu de pèlerinage important dans le comté de Toulouse et même au-delà, ainsi qu’une étape incontournable du pèlerinage vers Compostelle.
Immortelle cathédrale
Dans la tourmente du XVIe siècle, secoué par les guerres de Religion, un troisième homme fort marque Saint-Bertrand. C’est l’évêque Jean de Mauléon. Il décide de faire achever la cathédrale et de la doter de splendides boiseries et tapisseries, et surtout d’un orgue sur pilotis. Unique en son genre, il est considéré comme l’un des plus beaux orgues d’Europe.
Sévèrement abîmé pendant la Révolution, lorsque ses tuyaux sont utilisés pour fabriquer des munitions, il est aujourd’hui restauré et fait la fierté du Festival de Comminges, festival international de musique classique et sacrée.
La chapelle Sainte-Marguerite abrite le trésor de la cathédrale, constitué de riches ornements religieux, mais également du bâton de Saint-Bertrand, fabriqué comme le dit la légende avec une corne de licorne. Lorsque les huguenots le dérobent en 1586, les habitants du village ne reculent devant rien pour le récupérer et écrivent à la reine Catherine de Médicis qui obtient la restitution de cet objet de dévotion.