L'Ascension : histoire, origines et traditions
On la connaît bien pour son jour férié qui nous vaut, parfois, de beaux week-ends à la campagne, mais à quoi correspond vraiment la fête de l’Ascension ?
Célébration éminemment chrétienne, cet événement a des origines très lointaines et s’inscrit dans bien des traditions en Europe.
Partez sur les traces de cette coutume et découvrez l'histoire du jeudi de l'Ascension !
Un fête religieuse essentielle pour les chrétiens
Pour les chrétiens, cette fête célèbre l'ascension de Jésus Christ au ciel, vers Dieu le Père, quarante jours après Pâques. Jésus, qui avait accompagné ses disciples depuis sa résurrection au matin de Pâques, les quitte alors et les envoie annoncer le royaume des Cieux à toute la terre. Cet événement annonce également la venue du Saint-Esprit, à la Pentecôte, dix jours plus tard.
L’épisode est relaté dans plusieurs Évangiles, ainsi que dans les Actes des Apôtres, une partie du Nouveau Testament qui raconte comment les premiers chrétiens se sont organisés pour former l’Église.
L’Ascension, dont le nom vient du latin ascendere, qui signifie « monter », « gravir »; ne doit pas être confondue avec l’Assomption, autre fête chrétienne célébrée le 15 août, qui fait mémoire de la montée au Ciel de la Vierge, portée en triomphe par des anges.
En effet, “assomption” est tiré du verbe assumere qui veut dire « prendre, assumer ».
Ces deux fêtes chrétiennes sont des célébrations cardinales pour les Églises catholique et orthodoxe.
Dans la tradition, elles marquent un jour de repos obligatoire pour les fidèles, c'est pourquoi ce sont des jours fériés dans beaucoup de pays aux racines chrétiennes.
La richesse des symboles du jeudi de l'Ascension
L’Ascension compte parmi les fêtes les plus importantes dans la foi chrétienne, et elle est aussi chargée de symboles bibliques. On la célèbre quarante jours après Pâques, chiffre que l’on retrouve bien des fois dans la Bible, que ce soit pour la tentation de Jésus au désert, la durée du déluge qui s’abat sur l’arche de Noé, ou encore la traversée du Sinaï par les Hébreux.
L’Église célèbre l’Ascension depuis le IVe siècle, mais la thématique de la montée au ciel n’est guère nouvelle. À la même époque encore, l’Empire romain rend un culte à ses empereurs défunts, divinisés par leur « apothéose », autrement dit leur montée au Panthéon.
La mythologie gréco-latine foisonne, elle aussi, de semblables ascensions, comme celles de Médée, d’Hercule ou encore de Romulus.
Rendons à César ce qui est à César: les origines païennes des Rogations
Si ce nom ne vous évoque rien, ce n’est pas étonnant. Rendues obsolètes par le concile Vatican II au milieu du XXe siècle, les Rogations sont trois jours de célébrations, rites, processions et prières pratiqués partout en Europe par les chrétiens juste avant l’Ascension.
Du latin rogare, qui veut dire « demander », les Rogations servaient à prier pour une moisson abondante et la prospérité pour la saison à venir. Dans une Europe où l’agriculture est la principale activité économique, les Rogations sont une fête religieuse vitale, pour des paysans souvent à la merci des gelées de printemps, des canicules ou des insectes.
Cette fête est initiée en Gaule au Ve siècle, par Saint Mamert, évêque de Vienne. Depuis le Dauphiné, elle se propage sur tout le continent et perdure encore dans quelques communes rurales.
La bénédiction des blés en Artois, par Jules Breton (1857)
Mais Saint Mamert n’a rien inventé. Il s’est contenté de christianiser la fête romaine des Robigalia, qui a lieu à la même époque de l’année et qui adjure les dieux de favoriser les récoltes.
On retrouve dans toutes les civilisations, et ce depuis le Néolithique, des rituels semblables, au printemps, pour attirer les faveurs des dieux du feu, ou de la fertilité sur les moissons à venir, pour chasser les intempéries et les maladies qui ravagent parfois les récoltes.
La tradition vénitienne du Bucentaure
Du XIIe jusqu’au XIXe siècle, la Sérénissime célébrait l’Ascension avec une cérémonie bien particulière. À bord d’une galère de parade, très haute, sans mât et sans voile, le doge de Venise symbolisait son mariage avec la mer en jetant, chaque année, un anneau d’or dans l’Adriatique.
Ce rite, aux origines païennes, est repris et béni par le pape et marque la domination de Venise sur les eaux.
Le Bucentaure est le nom de ce bateau, appelé ainsi à cause de sa figure de proue, un centaure au corps de bœuf. L’embarcation était connue pour son luxe et ses décorations somptueuses.
L’invasion de l’Italie par les troupes napoléoniennes et l’abdication du doge mettent fin à cette tradition : en 1797, les soldats français brûlent le Bucentaure pour piller ses ornements.
Aujourd’hui encore, une reconstitution de cette fête est organisée chaque année et la Fondation Bucentaure a entrepris de reconstruire le navire dans toute sa splendeur, avec l’aide de la France.
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