Une brève histoire du 1er mai
Le 1er mai est un jour férié ! Mais savez-vous pourquoi ce jour est-il chômé et payé et pourquoi offrons-nous du muguet à cette date ?
Plongez au cœur de l'histoire et des origines de deux traditions nationales très importantes dans la vie des Français.
De la journée de huit heures, à la fête du muguet en passant par la fête du travail, découvrez la grande histoire du 1er mai !
L’origine de la fête du travail : des États-Unis d’Amérique à la France
Historiquement, le 1er mai est le premier jour de l'année comptable en entreprise. C'est à cette date que les travailleurs américains choisissent, dès 1884, de manifester leur volonté d'obtenir le droit à la journée de 8 heures de travail.
Mais ce n'est qu'en mai 1886 que certains syndicats américains réussissent à obtenir ce droit. En effet, après des manifestations et défilés violents le 1er mai, notamment à Chicago, d'autres rassemblements s'organisent le 3 mai.
Cette journée est marquée par la mort de 3 grévistes de la société McCormick Harvester.
La même idée germe, dans les années 1880, dans les pays européens. En France, les ouvriers descendent pour la première fois dans la rue, le 1er mai 1890, afin de réclamer une réduction du temps de travail en une journée de huit heures.
Des manifestations ont lieu sur tout le territoire pour obtenir cette modification ; la classe ouvrière arbore, à la boutonnière, un triangle rouge qui symbolise leur revendication : une tripartition juste entre travail, loisir et repos.
Si cette manifestation du 1er mai 1890 est suivie par beaucoup de Français et Françaises, le gouvernement de la IIIe République n'accède pas à la demande du mouvement ouvrier.
Un 1er mai marqué par la violence et les tragédies
Un an plus tard, l'Internationale ouvrière appelle les travailleurs à réitérer l'opération. Mais les mouvements ouvriers sont largement réprimés par les forces de l'ordre sur tout le territoire.
Le gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, donne plusieurs conférences à Fourmies, dans le Nord, pour galvaniser les troupes et exposer ses requêtes.
Les ouvriers et ouvrières de la petite ville textile descendent dans la rue. Face aux défilés des manifestants se dressent deux régiments d'infanterie qui n'hésitent pas à ouvrir le feu sur les ouvriers.
Le bilan est terrible : quatre ouvriers tombent sous les tirs de l'armée ainsi que quatre femmes et deux enfants ; on compte une trentaine de blessés.
Cette date sanglante marque la mémoire locale et celle de la France entière : la presse s'empare de l'affaire et les victimes de la fusillade de Fourmies sont érigées en martyrs.
Mais pour le gouvernement, il n'est toujours pas question d'accorder la journée de 8 heures aux ouvriers et travailleurs. La lutte ouvrière, soutenue par la pression des syndicats, se poursuit.
Le XXe siècle : du code du travail à la journée internationale des travailleurs
Il faut attendre 1919 pour que cette revendication des mouvements ouvriers devienne une réalité. Dès lors, la journée de 8 heures est inscrite dans le code du travail.
C'est, en partie, grâce à l'organisation gouvernementale de Georges Clemenceau qui crée, en 1906, le ministère du Travail.
Le 1er mai est le jour des travailleurs par excellence : le Régime de Vichy l'a bien compris. C'est pour cela que le 1er mai 1942 est déclaré chômé sans que le salaire en pâtisse.
De plus, le premier mai est aussi jour de la Saint-Philippe, prénom du Maréchal Pétain, ce qui n'échappe pas au Régime de Vichy qui fait de cette date « la fête du Travail et de la Concorde sociale ».
Il faut cependant attendre 1946 pour que le Gouvernement provisoire de la République française déclare officiellement cette journée chômée. Le caractère férié du premier mai est ajouté en 1948.
C'est donc grâce aux combats du monde ouvrier des XIXe et XXe siècles et des syndicats que nous avons droit à un jour férié chômé et payé en France !
Cette commémoration est d'ailleurs commune à de nombreux pays, comme en Russie ou en Afrique du Sud.
Toutefois, les États-Unis et le Canada ont choisi, eux, le premier lundi de septembre comme célébration la fête des travailleurs.
Pourquoi offre-t-on du muguet le 1er mai ?
Une légende royale et une tradition républicaine !
Nous sommes au début des années 1560, à la cour de Charles IX (1550-1574), roi de France. La légende veut que le fils de Catherine de Médicis et de Henri II, tout juste couronné, reçoit un brin de muguet.
Appréciant particulièrement cette fleur, Charles IX décide de faire de ce geste une tradition : les dames de la cour reçoivent un brin de muguet au début du mois de mai.
Cet héritage de la Renaissance perdure jusqu'à la Révolution française.
Le calendrier républicain, pensé par Fabre d'Églantine en 1793, est très poétique : le 7 floréal (qui équivaut au 26 avril) est le jour du muguet.
Ce changement de date marque une volonté de rompre avec la tradition monarchique.
Quand les artistes s’emparent du muguet
Félix Mayol, chanteur français, doit se produire à Paris en 1895. Lorsqu'il arrive à la gare Saint-Lazare le 1er mai, il est accueilli par son amie Jenny Cook qui lui offre un brin de muguet.
Le soir même il monte sur scène et arbore la fleur à clochettes blanches, ce qui plaît beaucoup. Félix Mayol garde cette fleur à sa boutonnière tant son succès est grand, cela devient son symbole.
Le couturier Christian Dior hisse également le muguet au rang d'emblème de sa maison de couture.
Il a pour l'habitude de l'offrir à clientes et à ses petites mains. Cette fleur l'inspire tellement qu'il lui dédie des collections ainsi qu'un parfum.
La "fête du muguet" : une tradition populaire qui perdure
Le muguet, fleur printanière, est peu à peu associé au 1er mai. Traditionnellement, lors des grandes manifestations et rassemblements du 1er mai, les travailleurs portent une fleur d'églantine rouge à leur boutonnière.
Cette fleur, associée à la gauche et à l'Internationale socialiste, est peu à peu remplacée par le muguet, symbole de bonheur, que l'on voit fleurir dans les cortèges et lors de la Journée internationale des travailleurs.
En Allemagne, l'œillet rouge est également peu à peu remplacé par le muguet.
Dans les années 1930, en région nantaise, la vente de muguet au 1er mai est de coutume.
Offrir du muguet se répand dans le pays jusqu'à devenir un rendez-vous incontournable chaque année.
Si sa vente dans la rue par les particuliers est d'ailleurs largement tolérée, il est aussi possible de cueillir quelques brins de muguet dans les bois ou encore d'en acheter chez les fleuristes.
Pour le conserver, il est idéal de mettre le bouquet dans un vase et de changer l'eau tous les deux jours. Il est aussi possible de le replanter dans une jardinière, un pot ou dans son jardin.
Désormais, le 1er mai est associé à la fête des travailleurs, il est l'occasion d'offrir des brins de muguet : en langage des fleurs, c'est un porte-bonheur !
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