La route des vins des abbayes

Le Salon des Vins d’Abbayes se tiendra à Paris les 24 et 25 mars prochains. Son ambition est de faire découvrir au grand public la particularité d’un savoir-faire œnologique détenu par des moines depuis le XIIe siècle. Principaux producteurs de vin pendant des siècles, ils disposaient de vastes vignobles et d’une forte main-d’œuvre, alternant entre travail et prière.

Au cœur de paysages extraordinaires et préservés, ces abbayes, reconnues pour leur patrimoine historique, culturel, spirituel, et viticole, produisaient des crus renommés, dont la lente maturation allait de pair avec le rythme de leur vie monastique.

Découvrez 6 de ces abbayes et celliers, producteurs de vin qui seront présents lors du Salon des Vins d'Abbayes à Paris.

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L’île de Saint-Honorat, située au large de Cannes, dans les Alpes-Maritimes, est habitée par l’une des plus anciennes communautés monastiques d’Occident. Fondée par Honorat au Ve siècle, une légende raconte que l’île était alors envahie de scorpions et reptiles. Pour les faire disparaitre, Honorat aurait fait monter les eaux de la mer afin de les noyer.

Aujourd’hui, l’abbaye de Lérins abrite toujours une communauté de 21 moines cisterciens, dont la vie est rythmée par la règle de Saint Benoît qui conjugue prière et travail. Ils y cultivent un vignoble de 8,5 hectares, qui par la richesse organique de son sol, les influences maritimes, et l’ensoleillement important de l’île, confère une forte singularité à ce terroir viticole.

Ce monastère, fortifié et réaménagé au XVe siècle, ainsi que des chapelles du Xe siècle, et des vestiges du XIe siècle, ponctuent le paysage de l’île entre pins et criques naturelles.

Les moines produisent aujourd'hui du vin blanc et rouge, sur six cépages différents. Toujours dans une démarche écoresponsable, après quatre ans d’efforts, les vins de l’Abbaye de Lérins ont décroché le label Ecocert Agriculture Biologique et Vin Biologique pour le millésime 2019.

Abbaye de Lérins sur l'Île Saint-Honorat, vue du ciel

L’Abbaye du Petit Quincy, située à Épineul dans l'Yonne, a été fondée en 1212 par une congrégation cistercienne issue de l’abbaye Notre-Dame de Quincy à Tanlay. Elle possède des vignes exploitées par les moines jusqu’au XVIe siècle, puis par des vignerons jusqu’à la Révolution française.

Démantelé et vendu comme bien national, en 1792, le domaine est repris tour à tour par plusieurs familles qui lui permettent de conserver sa vocation viticole et pastorale jusqu’en 1939 .

Depuis 1990, la famille Gruhier, relève le défi et entreprend la restauration de l’ancien cellier à vin de l’abbaye et des parcelles du domaine viticole. Elle produit principalement du vin rouge d’Épineuil, du Crémant blanc et rosé, et du Chablis blanc de Bourgogne. Ces cuvées sont certifiées Ecocert.

Domaine de l'Abbaye du Petit Quincy à Épineuil

Tout près de la Garonne, à mi-chemin entre Bordeaux et Agen, se trouve le château des Antonins, un domaine viticole dont l'histoire remonte au XIIIe siècle.

Durant cinq siècles, des moines hospitaliers de l’ordre de saint Antoine occupe ces murs. Dans cette abbaye, les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle y font étape.

Les antonins sont réputés pour soigner les malades, atteints d’ergotisme, une épidémie du seigle infecté, également appelée mal des Ardents. L’alimentation équilibrée accompagnée d’un breuvage spécifique, le saint vinage, sont les remèdes secrets des moines. Ce breuvage fait avec du vin et des plantes aromatiques était connue pour ses vertus thérapeutiques.

En 1776, les antonins quittent l’abbaye qui est confiée à l’ordre de Malte.

Il faut attendre 1985 pour que le domaine soit repris par Geoffroy de Roquefeuil qui réorganise progressivement l’ancienne abbaye.

Le château des Antonins avec ses 31 hectares de vignes rouges et ses 7 hectares de vignes blanches est ensuite confié à son fils, Antoine. Accompagné de Daniel Castaing, il perpétue depuis 2016 la tradition viticole et hospitalière des moines !

Le vignoble propose aujourd’hui des vins rouges composés de merlot, de cabernet sauvignon et de cabernet franc. Le vin blanc est, lui, un assemblage de sauvignon et de sémillon.

Vins du château des Antonins à Pondaurat

Situé à quelques kilomètres de l’abbaye de Clairvaux, dans l’Aube, le Cellier aux moines est un lieu de production de vin depuis 1194 !

Les moines convers cultivent 177 hectares de vignes autour de cette dépendance de l’abbaye et de sa chapelle.
Lors de la récolte, ils déversent directement le raisin sous les voûtes gothiques de la cave de 600 m², par le biais de 2 oculi. C’est là qu’ils élèvent le vin local, déjà appelé « Messir Pétar », pour sa propension à faire sauter les bondes des tonneaux.

Classé Monument Historique dès 1919, le domaine est acquis à cette époque par l’arrière-grand-père du propriétaire actuel, qui ne s’occupe pas du vignoble. Après la Deuxième Guerre mondiale, le cellier est transformé en salle des fêtes où Mike Brant se produit au début de sa carrière.

Les propriétaires actuels, Emmanuel Calon-Egger et son épouse Agnès, redonnent au cellier sa fonction première en 2009 en se lançant dans la production de champagnes et de vin rouge.
En hommage à leurs lointains prédécesseurs, ils nomment leur maison Monial et donnent à leurs cuvées des noms en latin.

Ils proposent une gamme de 4 champagnes, mélanges de pinot noir et chardonnay, blancs de blanc, blancs de noir, millésimé et vieilli en futs.

Cellier aux moines de la Maison Monial à Colombé-le-Sec

Fondée en 1139, dans le Languedoc, Valmagne est devenue l’une des abbayes les plus riches du Sud de la France, du XIIe siècle au XIVe siècle. À cette période, 300 moines travaillent la terre, dont plusieurs hectares de vignes, pour produire un vin reconnu.

Affaiblie successivement lors de la Peste Noire, la Guerre de Cent ans, les guerres de Religion, et la Révolution Française, elle est rachetée en 1791 par un agriculteur qui transforme l’église abbatiale gothique en chai.
Le comte de Turenne, au XIXe siècle, donne une renommée nationale aux vins de Valmagne. Ses descendants, la famille Gaudart d’Allaines, continuent de cultiver et sauvegarder le patrimoine familial. Ils produisent, grâce à la diversité des terroirs présents autour de l’abbaye, du vin de pays, du Languedoc, et du Languedoc Grés de Montpellier.

Afin de le préserver au maximum, l’agriculture biologique y est pratiquée depuis plus de 20 ans. Le travail du sol est léger et l’objectif est de veiller en permanence à respecter les équilibres de la nature. La présence de nombreux organismes vivants dans les sols est un gage de réussite et l’utilisation de produits chimiques est absolument interdite pour tout traitement de la vigne. Par conviction, le domaine s’inspire des pratiques de la bio-dynamie et la mise en place de ces méthodes culturales paraissent une évidence.

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Abbaye de Valmagne vue du ciel

Protégée par l’écrin du Parc naturel régional de la Narbonnaise, l’abbaye de Fontfroide, a été fondée par des bénédictins en 1093. Elle se rattache aux cisterciens cinquante ans plus tard et devient l’une des abbayes les plus puissantes de l’ordre, avec 20 000 hectares de terre.

Rachetée, aux enchères, par Gustave Fayet en 1908, éminent collectionneur et promoteur d’art moderne, elle est devenue un lieu de création et d’expression artistique intellectuelle.
Ses descendants poursuivent le travail important de restauration de l’abbaye. Ils reprennent également l’activité viticole des moines, et produisent aujourd’hui des crus très réputés, blancs, rouges et rosés plusieurs fois primés, en appellation Corbières et IGP Pays d’Oc.

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Abbaye de Fontfroide à Narbonne