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14/11/2017
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Aix-en-Provence : les fruits de la passion

Cette semaine partez à la découverte d’Aix-en-Provence et de ses environs à travers l’histoire insolite d’un de ses habitants. 

Jean-Baptiste d'Albertas

Avant de raconter  cette histoire tragi-comique, faisons d’abord connaissance avec la famille d’Albertas. Originaire d’Albe en Italie, cette famille s’est installée près d'Apt, dans l’actuel Vaucluse, au XIVe siècle.

La plupart des descendants de cette famille sont restés en Provence. Parmi ses illustres membres, nous allons aujourd’hui nous intéresser à Jean-Baptiste d’Albertas, (1716-1790), premier président en la Cour des comptes de Provence, membre de la haute société aixoise du XVIIIe siècle.

Jean-Baptiste d’Albertas, marquis de son état et héros du jour, réside dans l’hôtel particulier familial situé au cœur d’Aix-en-Provence.
Soucieux d’organiser de belles fêtes et d’être dans l’air du temps, il fait réaliser quelques aménagements dans sa demeure au milieu du XVIIIe siècle : il apporte de l’ampleur à l’escalier d’apparat, véritable « escalier de vanité », comme on a coutume de les appeler à Aix-en-Provence, et fait construire une place devant la demeure, sur le modèle parisien des places royales afin d’organiser des tours de carrosses entre autres réjouissances.

La place, située tout près du cours Mirabeau, s’appelle d’ailleurs aujourd’hui la place d’Albertas et ses qualités esthétiques et historiques lui ont value d’être classée Monument historique le 21 juillet 2000.

Bon vivant, le marquis d’Albertas agace son voisinage en organisant des fêtes sans fin. On raconte même qu’un jour, après une nuit mouvementée, Jean-Baptiste d’Albertas a découvert sa façade peinte en noir par son voisin, Louis de Paul, conseiller parlementaire, qui voulait le punir de son tapage nocturne !
L’agacement de Monsieur de Paul ne sera que de courte durée. Quelques temps plus tard, il sera disgracié, son hôtel particulier détruit. C’est finalement Jean-Baptiste d’Albertas qui rachète le terrain pour faire construire sa place. L’histoire ne donne pas toujours tort aux bons vivants…

Au XVIIIème siècle, la haute société provençale a coutume de vivre une partie de l’année dans son hôtel particulier en ville et le reste du temps dans sa bastide de famille à la campagne. Il faut d’ailleurs savoir qu’à cette époque on part vivre dans sa bastide pendant les grandes vacances, c’est-à-dire de Pâques jusqu’aux vendanges !

Désireux de profiter pleinement des douceurs de la vie et de cette mode provençale, Jean-Baptiste d’Albertas, encore dans la fleur de l’âge, abandonne sa charge professionnelle à son fils Jean-Baptiste Suzanne. Il décide alors d’aménager les terres familiales situées près de la route royale allant de Marseille à Aix-en-Provence.
Dès 1751, Jean-Baptiste projette de bâtir un château dominant le vallon sur l’actuelle commune de Bouc-Bel-Air. De beaux jardins à la française sont d’abord créés avec statues, escaliers, bassins et fontaines avant de commencer les travaux de la bâtisse.

Mais lorsque la Révolution éclate, les travaux sont toujours en cours. Le château n’est pas commencé. Dans cette période de troubles, Jean-Baptiste est l’un des premiers à faire volontairement le sacrifice des privilèges pécuniaires dont jouissaient ses terres et à signaler son désir de maintenir la paix publique.
Le 14 juillet 1790, lors de la fête de la Fédération, le sympathique Jean-Baptiste d’Albertas ripaille dans son parc de Gémenos, se mêle familièrement à ses anciens vassaux, lorsque soudain, un homme le poignarde et le tue sur le coup.

Aussitôt, banquets, jeux et danses sont interrompus et l’assassin, Anicet Martel, est arrêté et conduit à Aix-en-Provence. Il ne tarde pas à expier son crime, expliquant qu’il souhaitait se venger du père de Jean-Baptiste qui l’avait autrefois fouetté pour avoir volé des fruits ! Par arrêt du Parlement le criminel sera roué vif le 2 août suivant…
Mort pour des pommes ou des abricots ? Quel triste sort !
L’assassinat de Jean-Baptiste d’Albertas, a donc mis fin au projet de construction. Les jardins n’auront jamais connu leur château…

La Montagne Sainte-Victoire par Cézanne

Pour marcher sur les traces de Jean-Baptiste d’Albertas, rendez-vous à Aix-en-Provence et dans les jardins d’Alberas à Bouc-Bel-Air !

En mars, découvrez le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence et assistez à un concert de musique classique donné par les plus grands orchestres mondiaux.

Et pour les amateurs d’art et de beaux paysages, partez à la découverte des tableaux de Paul Cézanne avec une visite guidée dans les environs d’Aix, de la montagne Sainte-Victoire aux carrières de Bibémus.

 

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