Sur les chemins de Compostelle : la voie d’Arles
Une brève histoire de Saint-Jacques-de-Compostelle
En Espagne, la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, et plus particulièrement sa cathédrale, abritent des reliques qui, depuis le IXe siècle, attirent des pèlerins du monde entier.
En effet, c’est là que sont conservées, dans un tombeau, les reliques de Jacques de Zébédée, l’un des douze apôtres. Depuis le XIe siècle, il s’agit d’un des grands pèlerinages de la chrétienté, au même titre que ceux de Jérusalem et de Rome.
Quatre voies mènent à Compostelle : la via Turonensis, au départ de Paris, qui traverse Tours ; la via Lemovicensis, au départ de Vézelay, qui passe par Limoges ; la via Podiensis, au départ du Puy-en-Velay, qui traverse Cahors et la via Tolosana, voie d’Arles, au départ d’Arles, qui passe par Toulouse.
Depuis 1998, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette inscription met en valeur la portée patrimoniale matérielle et immatérielle de ces chemins qui, depuis le Moyen Âge, sont empruntés par des pèlerins et des voyageurs pour rejoindre l’Espagne.
L’inscription regroupe 71 monuments, 7 sections de sentier et 7 ensembles patrimoniaux en France.
De nos jours, les adeptes du Chemin ne sont plus uniquement des fidèles lancés dans une marche spirituelle : randonneurs et adeptes d’éco-tourisme se pressent aussi direction Compostelle !
La cathédrale Saint-Jacques de Compostelle © Jorge Franganillo
J’aime mon Patrimoine vous emmène en voyage sur la voie d’Arles
Cette voie porte plusieurs noms : chemin d’Arles, via Tolosana (voie toulousaine), Via Aegidiana (route de Saint-Gilles) et Via Arelatensis (voie d’Arles).
Son tracé est doublé du chemin de Grande Randonnée n°53 depuis 1990 : impossible de se perdre grâce au double balisage, les bandes blanches et rouges du GR, les flèches jaunes du Chemin et la fameuse coquille Saint-Jacques jaune sur fond bleu !
Cette voie, divisée en 30 étapes, s’emprunte dans les deux sens : les romieux la suivent du Portugal ou de l’Espagne vers Rome, tandis que les jacquets la suivent d’Arles vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Au total, ce sont environ 1 590 kilomètres que les pèlerins parcourent, dont 740 km d’Arles à la frontière espagnole et 850 km jusqu’à Compostelle.
À noter que la via Tolosana, à proprement parler, s’étend d’Arles à Puente-la-Reina en Espagne : au-delà, la voie rejoint le Camino Francès, c'est-à-dire le chemin de Compostelle en terres espagnoles. Ce chemin est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993.
Carte de la via Tolosana
Les visites incontournables de la via Arelatensis
Arles, dans les Bouches-du-Rhône
Inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le point de départ de la via Tolosana a bien des trésors à vous offrir.
Votre périple commence par la visite de la basilique primatiale Saint Trophime, construite dès le XIIe siècle et modifiée au XIIIe siècle et au XVe siècle.
La primatiale Saint Trophime, ancienne cathédrale de l’archevêché d’Arles, est classée au titre des Monuments historiques depuis 1840 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des monuments romains et romans d’Arles, depuis 1981.
Il s’agit d’un des bâtiments les plus symboliques de l’architecture romane provençale.
La basilique primatiale Saint Trophime © Gzen92
Le site des Alyscamps, également inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, fait partie des lieux immanquables d’Arles. Le site d’origine comprenait un cimetière et une chapelle dans laquelle les premiers évêques de la ville ont été inhumés aux côtés de Saint-Genest d’Arles.
Les Alyscamps sont aménagés par les Minimes au XVIIe siècle : une allée de tombeaux ainsi que l’église Saint-Honorat sont toujours visibles. L’ensemble est apprécié des artistes : Dante le décrit dans son Enfer tandis que Van Gogh et Gauguin le peignent en 1888.
Le site des Alyscamps et la chapelle Saint-Honorat © Finoskov
Saint-Gilles (dit aussi Saint-Gilles-du-Gard), dans le Gard
Entre Camargue, collines et Rhône, Saint-Gilles est une commune riche de son patrimoine naturel et monumental. Son abbatiale, construite au XIIIe siècle, possède un escalier particulier, nommé la Vis de Saint-Gilles.
Cet ouvrage est le premier escalier tournant dont les marches reposent sur une voûte hélicoïdale : on appelle cela un escalier en vis ou un escalier à vis, en hommage à l’escalier de l’abbatiale Saint-Gilles. Cette abbatiale fait partie des monuments inscrits à l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Saint-Guilhem-le-Désert, dans l’Hérault
Classé parmi les « Plus beaux villages de France », Saint-Guilhem-le-Désert fait partie des étapes inévitables de la via Tolosana.
Traversez le Pont du Diable, l’un des plus anciens ponts médiévaux, construit entre 1028 et 1031.
Il mesure 50 m de long et permet, au cœur du Grand Site de France « Saint-Guilhem-le-Désert – Gorges de l’Hérault », de relier Saint-Guilhem à Aniane. La réalisation de ce pont a été rendue possible par les abbayes des deux villes.
Le Pont du Diable © Wikinicoj
À Saint-Guilhem, ne manquez pas l’abbaye de Gellone : perle de l’art roman languedocien, inscrite à l’UNESCO, elle abrite les reliques de Saint Guilhem ainsi que des fragments de la Vraie Croix. Pour en apprendre plus sur l’abbaye, vous pouvez prolonger votre visite par celle du musée dédié.
L'abbaye de Gellone © Wikinicoj
Castres, dans le Tarn
Cette charmante ville du Tarn attire les pèlerins venus d’Arles depuis 864. Castres abritait effectivement les reliques de Saint-Vincent.
On retrouve d’ailleurs les fameuses coquilles Saint-Jacques partout dans la ville, notamment place Fagerie, où la fontaine rappelle les pèlerinages des jacquets.
Castres est aussi connue pour ses maisons aux couleurs pastel qui bordent l’Agout et s’y reflètent. Ces maisons médiévales constituaient le centre névralgique de la ville au Moyen Âge : on y retrouvait tous les corps de métiers.
Les maisons sur l'Agout © Roudières
La ville peut aussi se prévaloir de posséder un bâtiment dessiné par Jules-Hardouin Mansart, l’un des architectes du château de Versailles. Son Palais épiscopal, bâti sur les plans de Mansart en 1673, est aujourd'hui partagé entre l’Hôtel de Ville et le musée Goya.
L'ancien Palais épiscopal © Havang(nl)
Non loin de là, se trouve la cathédrale Saint-Benoît : cette magnifique église, construite entre 1678 et 1718, devait être la plus grande de France. Le décès de son commanditaire, Monseigneur de Tubœuf, en 1682, contrarie le destin de la cathédrale.
La cathédrale Saint-Benoit © Roubières
Toulouse, en Haute-Garonne
Lors de votre passage par Toulouse, il est de rigueur d’admirer l’impressionnant Hôtel-Dieu Saint-Jacques, sur les bords de Garonne. En fonction depuis le XIIe siècle, cet établissement hospitalier classé Monument historique et inscrit à l’UNESCO est remarquable par son architecture qui témoigne des XIIe, XVII et XVIIIe siècles.
L'Hôtel-Dieu sur les bords la Garonne © Antoine Montulé
La basilique Saint-Sernin constitue un passage obligé à Toulouse. Il s’agit de la plus grande église romane de France. Cette basilique romane, construite au XIe siècle, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Elle a été édifiée pour accueillir les reliques de Saint Saturnin ; elle accueille aussi celles de Saint-Sernin.
Depuis Toulouse, il est possible d’emprunter un ancien chemin secondaire de Compostelle : la Via Garona. Celle-ci relie la basilique Saint-Sernin à la collégiale de Saint-Bertrand-de-Comminges.
La basilique Saint-Sernin
Auch, dans le Gers
Une promenade dans le centre historique de la ville vous permet d’admirer les monuments auscitains, tels que l’escalier monumental, la Tour d’Armagnac, l’enceinte médiévale, ou encore la cathédrale Sainte-Marie trône fièrement dans la ville depuis 1489.
Vue sur Auch et sa cathédrale © Calips
Son architecture hybride, entre le style gothique flamboyant et renaissance, est due à sa longue période de construction : les travaux de construction se sont achevés en 1680. On peut y admirer dix-huit verrières dessinées par Arnaud de Moles, maître verrier né en 1470 dans les Landes.
Cathédrale Sainte-Marie de Auch © Arthur Dent
Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques
Porte d’entrée de la vallée d’Aspe, Oloron-Sainte-Marie est une charmante ville d’Art et d’Histoire. Ses rues pittoresques vous mènent aisément à sa cathédrale majestueuse, dont les intérieurs, entièrement peints, cachent un Trésor.
Construite entre le XIIe et le XIVe siècles, elle est classée Monument historique et inscrite à l’UNESCO, son architecture romane et gothique, aux nombreux détails sculptés, participe de sa superbe.
La cathédrale Sainte-Marie d'Oloron © Mossot
Des paysages naturels à couper le souffle
Après avoir quitté Arles, la voie s'engage en pleine Camargue gardoise ; traverse les gorges de l’Hérault, et mène au pied du Plateau du Larzac, qui se caractérise par ses grands espaces aux airs de bout du monde.
Ce site appartient à l’ensemble des Causses et des Cévennes, qui sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en tant que paysage culturel vivant de l'agropastoralisme méditerranéen.
Un autre parc vous attend : le Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Entre grands espaces, vallées escarpées, cascades, lacs et forêts, les amoureux de nature ne sont pas laissés pour compte ! Profitez de votre périple pour vous rapprocher des producteurs locaux et des artisans, qui raviront vos yeux et vos papilles.
Pour rejoindre Toulouse, longez une partie du Canal du Midi : c’est une étape rafraîchissante, inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1996.
La via Tolosana vous emmène ensuite dans la campagne gersoise, qui ressemble à s’y méprendre à la Toscane.
Puis direction la vallée d’Aspe, dans les Pyrénées, avant d’atteindre le col du Somport, étape la plus haute de la via Arelatensis. Ce col, qui permet de traverser les Pyrénées, culmine à 1632 mètres d’altitude.