Voyage dans la Vallée Royale de l’Eure
En ce jour de Palace Day, qui met à l’honneur les châteaux et palais de souverains à travers le monde, nous vous emmenons en Eure-et-Loir. Remontez le long de la Vallée Royale de l’Eure, sur les pas des rois et de leur entourage, qui ont marqué les architectures et les traditions gastronomiques locales.
Anet : rendez-vous chez la Reine de Cœur d’Henri II
Bienvenue chez Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II. Sa figure altière accueille les visiteurs dès le portique d’entrée.
Elle entreprend de faire construire le château d’Anet dès 1540 et fait appel pour cela aux plus grands artistes de son époque. Philibert Delorme, architecte du roi, qui travaille notamment pour les châteaux de Fontainebleau et Meudon. Les sculpteurs Germain Pilon et Benvenuto Cellini, le peintre vitrailliste Jean Cousin et l’émailleur Léonard Limousin, participent également au chantier, pour créer ce bijou architectural de la Renaissance.
Le célèbre Joachim du Bellay loue la beauté des lieux dans son poème Les Regrets :
De vostre Dianet - de vostre nom j'appelle
Vostre maison d'Anet - la belle architecture,
Les marbres animez, la vivante peinture,
Qui la font estimer des maisons la plus belle.
Écartée de la cour de France après la mort accidentelle d’Henri II, Diane de Poitiers se retire à Anet où elle rend l’âme en 1566. Elle est inhumée dans la chapelle funéraire du château, à distinguer de la chapelle royale destinée à recevoir Henri II. Avec son plan en croix grecque, elle conserve une sublime coupole qui répond au sol à damier noir et blanc hypnotisant.
Parterre de la chapelle royale du Château d'Anet © Patrick Forget – Sagaphotos
Pour mieux comprendre l’histoire du Château d’Anet, son architecture, dont une partie a été détruite à la Révolution, et la période toute entière de la Renaissance, rendez-vous au Centre d’interprétation de la Renaissance, situé face au château.
Par le biais de jeux, maquettes, vidéos didactiques, et même spectacles, plongez au cœur du XVIe siècle pour une expérience immersive inoubliable !
Pour en savoir plus sur le Château d’Anet et le Centre d’interprétation de la Renaissance
La chapelle royale de Dreux : « Saint-Denis des Orléans »
Deuxième étape de notre épopée royale en vallée de l’Eure : la chapelle royale de Dreux.
Cet édifice est construit, à partir de 1816, sur les ruines de la collégiale du château de Dreux, sur commande de Marie-Adélaïde Bourbon, duchesse d’Orléans, pour abriter les tombeaux de la famille de Bourbon-Orléans. Cet emplacement n’est pas choisi au hasard, puisque depuis 1783, la famille de Bourbon-Penthièvre était déjà inhumée en ce lieu.
La chapelle dédiée à Saint-Louis, est ainsi édifiée dans un premier style néo-classique, dès les premières heures de la Restauration.
En 1830, lorsque Louis-Philippe d’Orléans, fils de Marie-Adélaïde de Bourbon, monte sur le trône, il fait agrandir l’édifice dans un style néo-gothique. La chapelle devient ainsi Royale et reçoit les œuvres des artistes les plus renommés de l’époque : les dessins des vitraux sont commandés aux peintres Ingres, Horace Vernet, Hippolyte Flandrin et Larivière. Ils sont exécutés par la manufacture de Sèvres qui met au point à cette occasion, le fameux « bleu de Sèvres ».
Dans la crypte, les tombeaux sont agencés autour de ceux du roi Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie. Leurs descendants sont tous enterrés en ce lieu, nécessitant l’ouverture d’un deuxième sous-sol, dans la crypte, offrant aux visiteurs une plongée dans l’histoire de France, au fil des gisants sculptés par Millet, Barre, Lenoir, Pradier ou encore Mercié.
Pour en savoir plus sur la chapelle Royale de Dreux
Gisants de la crypte de la chapelle royale de Dreux © Patrick Forget - Sagaphotos
Château de Maintenon : de l’ombre à la lumière !
Cette troisième étape en Vallée Royale de l’Eure, nous ramène deux siècles en arrière sous le règne du Roi Soleil.
Si l’histoire du château débute dès le XIIe siècle, il est particulièrement lié à la figure de Madame de Maintenon, épouse morganatique du roi Louis XIV. Elle acquiert le château, ses terres et ses fermes en 1674. Elle n’est alors que gouvernante des enfants naturels du roi et de sa favorite Madame de Montespan, qui donne d’ailleurs naissance à deux de ses enfants en ce lieu.
Au cours des années 1680, la faveur s’inverse et c’est Madame de Maintenon qui règne désormais sur le cœur du Roi Soleil. Ce dernier, toujours en quête d’eau pour alimenter ses jardins de Versailles, se met en tête de détourner une partie des eaux de l’Eure au moyen d’un immense aqueduc, traversant le parc du château et reliant Versailles, à 80 kilomètres de là.
De 1686 à 1689, plusieurs centaines de soldats se relaient pour construire l’édifice qui devait compter 47 arcades au premier rang, 195 arcades au deuxième et 390 au troisième. Le roi séjourne sur place à plusieurs reprises pour surveiller l’évolution du chantier, occasionnant également des travaux de modernisation et d’agrandissement du château.
Le projet est finalement abandonné en 1688, suite au déclenchement de la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Un seul étage de l’aqueduc est alors achevé. En dédommagement, le roi élève les terres de Maintenon en marquisat-pairie.
Ni le roi ni Madame de Maintenon ne séjournent en ce lieu après cette date. Cette dernière transmet son domaine à sa nièce en 1698, à l’occasion de son mariage avec le duc de Noailles.
Ironie de l’histoire, un de leurs descendants, épouse au XIXe siècle, l’une des arrière-petites-nièces de la marquise de Montespan : Alicia de Rochechouart de Mortemart, dont les petits appartements se visitent toujours !
Pour en savoir plus sur le château de Maintenon
Château de Maintenon © J'aime mon patrimoine
Avant de poursuivre ce périple, prenez quelques minutes pour déguster les bières Bacquet & Cie*, brassées localement avec de l'orge cultivée en région Centre-Val-de-Loire. Une partie de la gamme est directement inspirée par cette histoire d’amour, la plus romantique de l’histoire de France, qui s’est déroulée en ce lieu : Le Secret de XIV bière blonde et fruitée répondant à L’invitation de Madame, bière brune, soyeuse et torréfiée !
Pour en savoir plus sur ces bières.
Après cette halte désaltérante, enfourchez votre vélo, à défaut de votre fidèle destrier, pour la prochaine étape de cette balade. Un tronçon de la Véloscénie qui part de Paris au Mont-Saint-Michel, relie Maintenon à Chartres.
Chartres : capitale de la lumière
Ultime étape de notre voyage royal en Eure-et-Loir : Chartres.
Cité sacrée dès l’antiquité, elle est l’objet d’un pèlerinage chrétien à partir du IXe siècle, lorsque le roi Charles II le Chauve offre à la cathédrale le Voile de la Vierge. Quelques décennies plus tard, l’ostension de cette relique met en déroute l’armée du Viking Rollon.
Alors que la ville prospère, la cathédrale est l’épicentre de la Renaissance du XIIe siècle, nourrie par la redécouverte des écrits antiques. Elle s’exprime tout naturellement dans les figures du portail occidental, sculpté à cette période, et se déploie sur les façades de la nouvelle cathédrale gothique élevée au début du siècle suivant. Le cycle de vitraux, qui s’étend sur 172 baies et une surface de 2 600 m², reste l’un des mieux préservé de l’époque médiévale, avec son célèbre bleu de Chartres qui émerveille toujours les visiteurs.
C’est dans cet écrin de lumière que, trois siècles plus tard, le 27 février 1594, Henri de Bourbon est sacré roi de France sous le nom d’Henri IV.
Après avoir admiré cet édifice mythique, la balade se poursuit à la nuit tombée, dans les rues de la « Capitale de la Lumière ».
D’avril à décembre, tous les soirs, 23 sites du cœur de ville, s’illuminent et prennent vie grâce à des projections inspirées de l’histoire chartraine. Déambulez à votre rythme dans les rues de la ville et redécouvrez son patrimoine sous un autre jour, de la cathédrale aux façades des maisons, en passant par les ponts et lavoirs.
Afin de vous restaurer après ces découvertes exaltantes, ne manquez pas le fameux pâté de Chartres. La tradition raconte que cette recette est inventée à l’occasion du sacre d’Henri IV. Il se compose principalement de gibier à plumes macéré dans le cognac et accompagnés de foie gras, cochon frais et noix de veau, le tout enrobé dans une pâte feuilletée.
Célébré dès le XVIIe siècle, la renommée du pâté de Chartres atteint son apogée en 1885, lorsque le pâtissier Voisin obtient la médaille d’or au cours d’un concours culinaire à Paris.
Pour en savoir plus sur la cathédrale de Chartres et Chartres en Lumières
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*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.