Pass Patrimoine 600 monuments 2022 page
03/05/2022
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Histoire du Général de Gaulle à travers ses lieux de vie

Charles de Gaulle, figure par excellence de l’histoire militaire et de la vie politique française, adulé ou critiqué, il ne laisse pas indifférent et contribue à la construction de l’identité nationale

Partez avec nous sur les pas du général, tantôt à la rencontre du chef de la France Libre, tantôt chez le père de famille qu’il était, pour retrouver les lieux qui ont façonné cette personnalité unique. 

Charles de Gaulle, un enfant du Nord

La maison natale de Charles de Gaulle à Lille

Charles de Gaulle naît le 22 novembre 1890 à Lille, précisément au 9, rue Princesse. Cette bâtisse du XIXe siècle est celle de ses grands-parents maternels, originaires du Nord de la France. Si le jeune Charles grandit à Paris, c’est à Lille et sur la Côte d’Opale qu’il passe une grande partie de ses vacances, entouré de ses cousins et de ses grands-parents. 

La maison de la rue Princesse, à la fois demeure austère et joyeux souvenir des vacances familiales, permet de comprendre la personnalité du général, construite autour des valeurs de patriotisme, d’engagement et de ferveur religieuse

Devenue musée en 1983, la maison natale du général de Gaulle a nécessité, en 2019, de larges travaux de rénovation. Ce projet a été conduit avec le soutien de la Fondation du patrimoine.

Hauts lieux d'une carrière militaire

Charles de Gaulle en uniforme de saint-cyrien © domaine public

Attiré très tôt par l’armée, le jeune Charles entre au lycée Stanislas pour préparer les concours de l’ESM Saint-Cyr. Il intègre la prestigieuse école militaire en 1908, classé 119e sur 221. Élève brillant mais parfois frondeur, il reçoit toutes sortes de surnoms de la part de ses camarades dont le plus emblématique est certainement “Le Connétable”

Il sort de Saint-Cyr quatre ans plus tard et choisit de rejoindre les rangs de l’infanterie dans le 33e régiment à Arras. Il a pour supérieur hiérarchique un général chevronné du nom de Philippe Pétain. Entre les deux hommes naît une véritable communion d’esprit, qui se distend au fil des ans et des événements politiques. 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le jeune capitaine De Gaulle commande ses troupes dans le Nord et en Champagne, mais est fait plusieurs fois prisonnier en Allemagne. À l’armistice, il est envoyé en Pologne pour former la jeune armée polonaise.

Quelques années plus tard, il entre à l’Ecole de Guerre, puis commence une série de mutations qui le conduit en Allemagne puis au Liban avant d’être nommé au Secrétariat général du Conseil Supérieur de la Défense nationale à Paris et d’être promu colonel en 1937

Londres et Alger, dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale

Le général de Gaulle dans son bureau à Londres

En juin 1940, après la signature de l'Armistice par le maréchal Pétain, De Gaulle choisit de traverser la Manche pour continuer la guerre contre l’Allemagne.

Déménageant d’abord d’hôtel en hôtel, il prend finalement ses quartiers à Carlton Gardens, où le rejoignent sa famille puis des centaines de Français désireux de s’engager à ses côtés.

C’est là que le général mène nombre de batailles politiques, des âpres négociations avec Churchill, aux rebondissements des opérations de la France libre en Afrique équatoriale.

 

La Villa des Oliviers à El Biar, sur les hauteurs d'Alger

Entre août 1943 et août 1944, le général s’installe à Alger, dans la Villa des Oliviers, afin de commander le déploiement des forces libres en Afrique du Nord.

Construite sur une hauteur de la Ville Blanche, la Villa des Oliviers représente pour le général de Gaulle un lieu de retraite, mais elle a aussi une portée symbolique : en effet, il n’échappe pas aux Algérois qu’elle surplombe le Palais d'Été, résidence du général Giraud, rival politique de De Gaulle à la tête de la France Libre

Le général quitte Alger au moment du débarquement, mais la Ville Blanche marque à nouveau sa carrière puisqu’il y revient en 1958 pour tenter d’apaiser la tempête des "événements d'Algérie.” À la fenêtre du bâtiment du Gouvernement Général, il prononce alors son fameux “Je vous ai compris”. 

Le Palais de l'Élysée, demeure mal-aimée

Le Grand Salon Doré à l'Elysée, bureau présidentiel © chatsam

Quelques mois après, en novembre 1958, le général de Gaulle est élu président de la République, sans grande surprise. Mais c’est à contrecœur qu’il s’installe au Palais de l’Élysée, résidence qu’il dénigre et qu’il aimerait troquer contre des demeures plus historiques comme Rambouillet, Vincennes ou Versailles.

Pour cette raison, il ne prend pas le temps de redécorer les intérieurs, aménageant seulement son bureau qu’il installe dans le Grand Salon Doré. Preuve que le général n’apprécie par l’Élysée, il file vers Colombey-les-Deux-Églises dès que sonne la fin de la semaine. 

À La Boisserie, général, écrivain et père de famille

Charles de Gaulle et sa fille Anne, à la fin des années 1930

Revenons quelques années en arrière, en 1934. Le jeune couple de Gaulle cherche un lieu calme, au grand air, pour élever la petite Anne, leur fille trisomique et pour avoir un pied-à-terre entre deux déménagements.

Charles de Gaulle tombe immédiatement sous le charme de La Boisserie, belle maison dans le village de Colombey-les-Deux-Églises, au cœur d’un petit parc boisé, non loin des garnisons lorraines où il est souvent retenu. 

Avant 1945, les de Gaulle n’y séjournent que rarement. La demeure est saisie par l’Etat français en 1940, puis mise en vente, avant d’être partiellement incendiée par les combats qui se sont déroulés dans les environs. Tout est donc à refaire quand la famille de Gaulle s'y installe à la fin de la guerre. 

La maison de La Boisserie à Colombey-les-Deux-Églises

La croix de Lorraine de Colombey-les-Deux-Eglises © Juergen Kappenberg

Le général s’y retire vraiment à partir de 1953 lorsque, amer et déçu, il quitte le RPF qu’il avait fondé. Il commence la rédaction de ses mémoires et partage la vie quotidienne de sa famille, tenue éloignée de lui si longtemps. À Colombey, il contemple l’âme de vieille France qui lui est chère, non loin de l’abbaye de Clairvaux où il se confesse régulièrement, de Domrémy et des Champs Catalauniques.

Il participe à la vie de ce calme village champenois, il en connaît les habitants et les estime, et goûte pleinement cette vie d’austérité et pétrie de traditions, qui lui rappelle son Nord natal. Cette demeure qu’il chérit est pour le général de Gaulle le symbole d’un retour à la vie intérieure, et c’est ici qu’il s’éteint le 9 novembre 1970, à l’âge de 80 ans, entouré des siens. 

Si vous passez un jour à Colombey-les-Deux-Eglises, ne manquez pas de visiter les pièces de La Boisserie ouvertes au public, le salon, la bibliothèque et le bureau du général, ainsi que le Mémorial Charles de Gaulle. En entrant dans le village, vous remarquerez la haute croix de Lorraine, élevée en 1972, symbole de la Résistance qui évoque pour beaucoup de Français l’héritage marquant du général de Gaulle.

 

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