Churchill à Tours : première étape de l'appel du 18 juin
12 juin 1940, la Campagne de France est en pleine déroute. À l’issue du Conseil des Ministres, tenu au château de Cangé à Saint-Avertin (Indre-et-Loire), Paul Reynaud, Président du Conseil, sollicite la présence de Winston Churchill, Premier Ministre britannique, à la réunion du Conseil Suprême Interallié.
Le 13 juin, un avion atterrit, peu après midi, au camp d’aviation de Parçay-Meslay. Personne n’a été averti de l’arrivée du Premier Ministre britannique. La voiture du commandant de la base est réquisitionnée, et Churchill se rend à la préfecture de Tours où doit se dérouler la réunion.
Là aussi, personne ne l’attend. Churchill part donc déjeuner. À son retour, il est finalement accueilli par le ministre de l’intérieur français, Georges Mandel. Le Conseil Suprême interallié débute à la préfecture.
L’enjeu de cette réunion est crucial pour les deux partis : en dépit de son alliance avec la Grande-Bretagne et de la promesse réciproque de ne pas conclure de paix séparée, la France a-t-elle l'intention demander une armistice à l’Allemagne ?
Le Gouvernement français est partagé sur cette question et la situation militaire désastreuse. Paris est occupée, les divisions françaises tentent de se regrouper et le gouvernement s'est réfugié en Touraine. Certains, tels Georges Mandel ou Charles de Gaulle souhaitent poursuivre la lutte, au besoin en se repliant sur les colonies. D’autres veulent signer au plus vite un armistice avec l’Allemagne.
C’est au cours de cette réunion que se joue l’avenir de l’État français pendant la guerre.
La Grande-Bretagne s’engage à continuer la guerre, mais ne fournira ni homme, ni matériel pour délivrer le territoire français. Le Premier Ministre britannique engage alors les Français à faire appel à Roosevelt. En quittant la salle du Conseil, Churchill croise Charles De Gaulle qui n'avait pas été admis au cours des délibérations et lui adresse en français ces mots "L'homme du destin".
Churchill quitte Tours et sa préfecture à 17h30.
La réponse négative de Roosevelt parvient à Reynaud le 14 juin. Il démissionne le 16 au profit du Maréchal Pétain. En mission à Londres, De Gaulle apprend la démission de Reynaud et reçoit l'ordre de rentrer en France. Il décide alors de désobéir et exhorte les Français à poursuivre la lutte le 18 juin. Cette initiative n'a été possible que grâce à l'influence personnelle de Churchill sur le cabinet anglais, longtemps hésitant à autoriser la diffusion de cet appel.
La relation personnelle entre les deux hommes, qui s'est notamment nourrie de leur rencontre en Touraine, a rendu possible cet évènement clé.
Aujourd'hui, seules les marques de brûlures du cigare de Winston Churchill sur le bureau du préfet, témoignent de cet évènement peu connu.
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