Album photo : Les architectes de l'énergie !
Au cours du XXe siècle, la demande d'énergie croissante a entraîné la construction de nombreuses centrales électriques notamment nucléaires et hydrauliques. Des grands noms de l'architecture s'associent à cette révolution moderne en dessinant des sites industriels emblématiques.
À l'occasion des Journées nationales de l'Architecture, nous vous proposons de découvrir en images quelques-unes de ces réalisations spectaculaires.
Les architectures nucléaires
Dans les années 1970, lors du premier choc pétrolier de 1973, la France est dépendante à 75% des hydrocarbures. Pour gagner son indépendance énergétique, elle choisit de recourir massivement à l’énergie nucléaire. Il apparait alors nécessaire, de faire intervenir les architectes dès la conception des centrales nucléaires. Ainsi naissent les premiers programmes nucléaires : UNGG, CP1 et CP2 puis P4.
Tout débute lorsqu'un jeune ingénieur, Jean-Claude Lebreton, passionné d'architecture, visite le site de Fessenheim. Surpris par le manque d'esthétisme du site, il souhaite que les futures installations soient autre chose que de « vagues usines ».
Ce jeune ingénieur de la direction de l’équipement fait alors appel à Claude Parent pour réfléchir à des formes plus satisfaisantes et expressives, mais également à l’insertion de ces nouvelles architectures dans l’environnement.
C’est ainsi qu'en 1975, est engagé « le plan architecture » avec la participation de neuf architectes : Paul Andreu, André Bourdon, Jean Dubuisson, Pierre Dufau, Michel Homberg, Jean Lecouteur, Roger Taillibert et Jean Willerval. La coordination des travaux est confiée à Claude Parent qui devient, en quelque sorte, le directeur artistique du programme « Architecture du nucléaire ». Il anime dès lors le collège des architectes impliqués dans ce plan et dessine personnellement les bâtiments annexes sur les sites de Cattenom et de Chooz.
Ingénieurs et architectes collaborent sur ces projets. Les premiers définissent les contraintes techniques tandis que les seconds font des propositions quant à la définition et l’agencement des volumes. Ils distinguent deux étapes dans leurs travaux, le travail sur les modèles standards : la Salle des machines, le Bâtiment Réacteur et l’ilot nucléaire et le travail sur le site (l’insertion).
Légende des images :
Centrale nucléaire de Cattenom en Moselle, dessinée par Claude Parent :
À Cattenom, le centre d'information du public et les autres bâtiments du site ont été dessinés par l'architecte Claude Parent, en collaboration avec un architecte local, Roger Schott. On y reconnait aisément le tropisme de Parent pour les lignes obliques. Cattenom est le premier exemplaire d'une nouvelle série standardisée de réacteurs (le palier « P’4 » dans le jargon d'EDF), qui doit notamment réduire l'utilisation du béton pour maîtriser les coûts de construction.
Centrale nucléaire de Cattenom © TAR Cattenom_BRANDSTROM SOPHIE PWP / Centre d’information du public de la Centrale nucléaire de Cattenom © Cattenom_CIP_crédit EDF
La Boule de Chinon, en Indre-et-Loire dessinée par Pierre Dufau :
L'impressionnante boule de Chinon de 55 m de diamètre et de 47 m de haut est un puissant symbole architectural qui la rend unique et visible à des kilomètres alentour.
La Sphère de Chinon, dessinée par Pierre Dufau © Jean-Claude MOSCHETTI/REA / La Boule de Chinon © BARANGER HENRI/EDF Archives de Blois
Centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes, dessinée par Claude Parent :
Le projet de Chooz, la centrale et ses bâtiments annexes ont été dessinés par Claude Parent autour de 1980.
Construction de la Centrale nucléaire de Chooz © Archives EDF
Centrale nucléaire de Cruas Meysse, en Ardèche, dessinée par Paul Andreu
La centrale nucléaire de Cruas-Meysse a été inaugurée en 1984-1985. Elle est située sur les communes de Cruas et de Meysse en Ardèche au bord du Rhône.
Centrale nucléaire de Cruas Meysse © Cruas_crédit archives EDF
Centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, dessinée par Jean Willeval
La centrale nucléaire de Flamanville a été érigée par l'architecte Jean Willeval entre 1978 et 1985.
Centrale nucléaire de Flamanville vers 1979 ©archives EDF – 1979 / Construction de la centrale nucléaire de Flamanville © archives EDF / Salle des machines de la centrale nucléaire de Flamanville vers 1979 © archives EDF – 1979
Centrale nucléaire de Saint-Alban, en Isère, dessinée par Jean Willerval
La centrale nucléaire de Saint-Alban a été érigée par Jean Willerwal. Le chantier, débuté en 1982, se termine en 1986.
Construction de la centrale nucléaire de Saint-Alban autour de 1982 © Crédit archives EDF
Centrale nucléaire de Paluel en Seine-Maritime dessinée par Claude Parent et Pierre Dufau :
Pour la centrale de Paluel, l’architecte principal est Pierre Dufau qui a reçu un prix pour la salle des machines de la tranche 1 en 1982. Cette centrale était la tête de série du palier 1300 MW, particulière pour ses dômes aux formes arrondies. Paluel est à son époque le plus grand chantier d’Europe.
Centrale nucléaire de Paluel © Marc Didier _Paluel / Une forêt de grues lors de la construction de Paluel © Archives EDF
Les architectures hydrauliques
À la Libération, le charbon manque, tout comme la majorité des matières premières. L’hydroélectricité apparaît comme une réponse.
Dès 1947, EDF lance un ambitieux programme de construction de grands barrages. La centrale hydroélectrique de Tignes est mise en service en 1952. D’autres barrages suivent, notamment à Bort-les-Orgues, à l’Aigle, ainsi que sur la Dordogne et dans les Alpes, comme à Roselend… Des architectes sont ainsi mis à l’épreuve.
Légende des images :
Centrale des Vernes, en Isères, dessinée par Charles Albert Keller
Toujours en activité et exploitée par EDF, la centrale des Vernes a été classée au titre des monuments historiques en 1943, et labellisée « Patrimoine du XXe siècle » de l'Isère en 2003.
Centrale des Vernes ©Xavier Popy / REA
Barrage de Roselend, en Savoie, dessiné par Henry Marty © BARANGER Henri/EDF
Il s'agit d'un barrage à voûte à contreforts. C'est l'un des barrages les plus célèbres de France, dont la construction a définitivement marqué le paysage et la vie des habitants du Beaufortain. Il est construit entre 1955 et 1962 sur les plans de l’architecte Henri Marty et de l’ingénieur André Coyne.
Barrage de Roselend © BARANGER Henri/EDF
Usine de Cusset, dans le Rhône, dessinée par Joseph Albert Tournaire
L'usine de Cusset est remarquable par son architecture. L’architecte Joseph Albert Tournaire choisit un style néoclassique en vogue à la fin du XIXe siècle pour créer cette centrale hydroélectrique.
L’usine de Cusset©Xavier Popy / REA
Barrage de Grandval sur la Truyère, dans le Cantal, dessiné par Henri et Louis Marty
Le barrage de Grandval a une architecture très particulière. Il possède des voûtes multiples reposant sur des contreforts et une usine circulaire centrale, unique en France. La construction, débutée en 1941, a été interrompue à plusieurs reprises avant d’aboutir à la mise en service de l’usine en 1959.
Barrage de Grandval sur la Truyère en 1958, © GDVL_4_GV_228_1958_Crédit EDF archives / Barrage de Grandval sur la Truyère © EDF-Pierre Soissons
Barrage de Serre-Ponçon entre Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence, dessiné par Jean de Mailly et Jean Prouvé
La cathédrale électrique de Serre-Ponçon a été entièrement dessinée par Jean Prouvé et Jean de Mailly. La construction du barrage quant à elle a été qualifiée de "chantier du siècle" ! Les ouvrages de Serre-Ponçon (barrage, centrale, pont de Savines) ont reçu le label Patrimoine du XXe siècle.
Barrage de Serre-Ponçon © REA/EDF / Entrée de l'usine hydroélectrique de Serre-Ponçon en 2013 © Toma / Couloir d'accès à l'usine hydroélectrique de Serre-Ponçon en 2018 © REA
Intérieur du barrage de Tignes, en Savoie, dessiné par Raymond Gleize
Le barrage de Tignes, en Haute Tarentaise, est une des plus grandes aventures d’EDF dans les années 1950. C’est encore aujourd’hui le plus haut barrage de France.
Intérieur du barrage de Tignes© BARANGER Henri/EDF
L'architecture de bureau
Cap Ampère en Seine-Saint-Denis :
Claude Parent travaille à nouveau pour Électricité de France dans le cadre du « projet Saint-Denis » pour lequel il réalise le plan d'aménagement de trois parcelles (Seine, Ampère et Pleyel) sur 33 hectares. Les bâtiments seront destinés à accueillir les services centraux de la DEPT (Direction Électricité Production Transport) sur un site historique pour l'entreprise. En effet, ce terrain abrite les centrales électriques de Saint-Denis 1 & 2 et la tour Pleyel. C'est entre 1991 et 1994 que Cap Ampère est conçu. C'est alors l’un des plus gros chantiers de France. Il s’agit du premier bâtiment d’un ensemble de 90 000m² de bureaux. Le site est terminé en 1997 et accueille les premiers résidents en novembre 1997.
Cap Ampère, en Seine-Saint-Denis, dessiné par Claude Parent © Xavier POPY_REA_260596_065
Cap Ampère, en Seine-Saint-Denis, dessiné par Claude Parent © Robert FAHL