La centrale de Cusset et le canal de Jonage
A la fin du XIXe siècle, la région Lyonnaise est le théâtre du plus grand chantier technique et architectural de la révolution industrielle française : la création du canal de Jonage et de la centrale hydroélectrique de Cusset.
Nous vous invitons à découvrir cette histoire méconnue, pourtant au centre du développement économique de l’agglomération lyonnaise.
Le Panama français…
Vers 1880, les besoins en énergie de la région lyonnaise croissent de manière exponentielle. De nouvelles industries viennent compléter celles de la soie et du textile qui amorcent déjà leur automatisation. Les usines consomment et les machines à vapeur ne peuvent plus suivre.
Les industriels et les hommes politiques de l’époque se tournent alors vers les promesses de rendement de la Fée électricité.
Pour assurer l’avenir énergétique de la région, un projet pharaonique voit le jour : construire un canal de dérivation du Rhône sur près de 19 km et y placer la plus grande centrale hydroélectrique du monde.
Le chantier mobilise 3 000 ouvriers de 1894 à 1899 ce qui lui vaudra d’être comparé aux projets du canal de Panama et du canal de Suez à l’échelle française.
Une centrale au service de l'agglomération lyonnaise
La Société des Forces Motrices du Rhône met la centrale en service en 1899. De cette date jusqu’aux années 1930, l’usine de Cusset couvre, à elle seule, les besoins en électricité de l’agglomération lyonnaise.
Cet atout majeur favorise le développement rapide de l’éclairage public puis des particuliers ainsi que le déploiement des lignes de tramways.
L’énergie hydroélectrique de la centrale permet aussi de moderniser le système de pompage et d’approvisionnement en eau courante.
Un chef-d’œuvre néoclassique
Au-delà de ses aspects techniques exceptionnels pour l’époque, l’usine de Cusset est remarquable par son architecture.
La décoration des façades de l’usine de Cusset est confiée à l’architecte Joseph Albert Tournaire qui a remporté le grand prix de Rome quelques années plus tôt en 1888.
Cusset est un jalon dans la carrière de Tournaire, élu à l’Académie des Beaux Arts en 1919 et plus connu du grand public pour la construction de la Villa Arnaga d’Edmond Rostand dont il fut l’ami, du premier musée de Delphes ou encore de l’Institut Médico Légal de Paris.
Pour montrer l’importance du projet et de la Société des Forces Motrices du Rhône, Tournaire choisi un style néoclassique en vogue à la fin du XIXe siècle : la façade aval parée de pierres artificielles présente un intérêt particulier de même que le fronton de la façade sud qui reçoit un décor en céramique colorée.
La façade Sud est d’ailleurs classée à l’Inventaire général du patrimoine culturel de la région. Elle est particulièrement intéressante avec ses mosaïques et ses 2 portraits en bronze qui représentent l’ingénieur et le promoteur à l’origine du projet, rajoutés un peu plus tard dans les années 1930.
La centrale de Cusset aujourd’hui
Reprise par EDF lors de la nationalisation de l’électricité en 1946, la centrale de Cusset est toujours en activité.
Les amoureux du patrimoine peuvent admirer le bâtiment la nuit lorsqu’il est joliment habillé de lumière (voir photo ci-dessus).
Pour célébrer ses 120 ans, la Centrale de Cusset ouvre exceptionnellement ses portes aux visiteurs le samedi 28 septembre. Ne manquez pas cette occasion unique et suivez ce lien pour réserver votre visite !