Pass Patrimoine 600 monuments 2022 page
03/05/2015
3902

Entretien Maisons Paysannes de France

Bernard Duhem, président et délégué de Maisons Paysannes de France pour les Yvelines, répond à nos questions sur cette association de sauvegarde du patrimoine français qui a fêté ses 50 ans en 2015.

Qu’est-ce que Maisons Paysannes de France (MPF) ?

Maisons Paysannes de France, est une vieille dame toujours jeune. L’association vient de passer 50 ans, mais elle est pleine d’énergie pour entamer un second cinquantenaire.
Elle a la chance d’avoir accompli beaucoup, mais elle est encore prête à imaginer et à construire d’autres projets en élargissant ses domaines d'intervention.

L’objet de notre association est d’abord la restauration et la sauvegarde du bâti rural, mais également de son environnement paysager.
Nous considérons que le bâti fait partie intégrante du paysage et qu’il le façonne.

Ensuite, nous nous intéressons au bâti contemporain qui s’inscrit en harmonie avec un site ou avec le bâti ancien.
Il s'agit d'un vrai challenge. Il faut faire faire comprendre aux habitants, aux architectes, aux responsables locaux que l’on peut bâtir contemporain à côté d’une vieille maison et que ce bâti peut être à la fois vivable et bien intégré, ce n’est pas gagné au premier tour.

En effet, s’intéresser au contemporain semble un peu contradictoire avec la sauvegarde de l’ancien…
Au contraire, et c’est là que notre jeunesse doit s’exprimer. Nous organisons chaque année le Prix Maisons Paysannes de France-René Fontaine avec deux catégories : une pour le bâti ancien, une pour le bâti contemporain.

L’an passé, nous avons eu des projets d’extension de maisons anciennes très intéressants et très beaux avec un dialogue réel et fécond entre l’ancien et le moderne.
Aujourd’hui, les gens ont besoin d’avoir des pièces à vivre assez grandes, salon, salle à manger et cuisine à l’américaine pour que chacun puisse prendre part à la conversation en préparant le repas.

Dans le bâti ancien, la largeur est déterminée par la longueur du bois, de la poutre. Si vous avez une poutre de 8 mètres de portée, vous aurez une pièce d'environ 6 mètres de large.
Le bâti contemporain, en extension par exemple, permet d’aller au-delà et de créer de nouveaux espaces. Mais 6 mètres de large, c’est déjà une grande chambre. Il est donc possible de lier différentes fonctions dans des bâtis complémentaires.

Quelles sont les actions de Maisons Paysannes de France ?

Une des actions majeures de l’association est d’accompagner ses adhérents dans la sauvegarde et la restauration du bâti ancien.
Beaucoup de nos adhérents ont acheté une maison ou une ferme ancienne. Certains deviennent propriétaire suite à un héritage.
Nous proposons alors des visites « conseil » gratuites pour répondre à des cas très pratiques de restauration.

Pour donner un exemple concret, j’ai déjà eu à visiter une maison où l’extérieur était très beau, fait à la chaux. Mais le maçon avait ajouté un hydrofuge. Le mur était devenu étanche et la perméance ne fonctionnait plus. Là-dessus, ils avaient posé des fenêtres en PVC avec des stores. 3 semaines après la pose des fenêtres, les propriétaires ont eu de l’humidité dans la maison.

Nous répondons à ce genre de problème, mais pas seulement. Nous aidons les municipalités dans une approche nouvelle des centres de  bourg. Leur rénovation à usage d'habitât social par exemple ou une réutilisation différente à usage professionnel, artisanal, social etc.

Ce partage d’expérience s’arrête-t-il aux particuliers ?

Non. Notre expertise en matière de techniques de construction et de matériaux est reconnue chez les professionnels.
Le directeur général du patrimoine a demandé que nous soyons membre de la commission nationale des monuments historiques au regard des compétences de l’association.

Dans ce cadre, nous sommes organisme de formation et nous proposons des cycles de 3 jours sur divers sujets comme l’amélioration thermique du bâti ancien, les problèmes d'humidité, etc.
Des architectes, des maîtres d’ouvrage, des maîtres d’œuvre et quelques artisans participent à ces formations.
C’est l’occasion pour eux d’aborder les problématiques spécifiques du bâti ancien, rarement abordés dans les enseignements classiques.

Lire la suite de l'entretien

Page 1  Page 2