Veaux, vaches, cochons et autres couvées
Bizarrerie citadine, ou nostalgie d’un passé à jamais révolu, les parisiens sont de fervents admirateurs du monde paysan.
Dès que le salon de l’agriculture ouvre ses portes, chacun se précipite pour caresser le « cul des vaches » comme le disait en son temps le Président Chirac ou pour s’extasier devant les magnifiques spécimens dont les éleveurs hexagonaux sont particulièrement fiers.
Vaches Normandes au Salon International de l'Agriculture 2007
En cette période difficile, le salon arrive à point nommé pour encourager du 26 février au 10 mars 2016 ces hommes et ces femmes qui protègent notre terroir, souvent au prix d’une existence sacrifiée.
Paradoxe surprenant, depuis l’époque lointaine du Concours Général Agricole lancé en 1870 qui prendra racine au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris dès 1925, le salon a connu une hausse exponentielle de ses visiteurs pour atteindre 700 000 personnes en 2015.
Dans le même intervalle, le nombre d’agriculteurs régressait d’année en année, passant de 10 millions après-guerre à moins d’1 million de nos jours. Triste constat.
La situation est certes économiquement difficile, je ressens le désarroi de cette profession, comprends la révolte qui l’anime et dénonce l’injustice qui la touche.
Il y a dix mille raisons de la soutenir, dix mille plus une : notre culture doit beaucoup à la paysannerie française. Balzac, George Sand, Flaubert, Maupassant, Zola, Maurice Genevoix et tant d’autres se sont inspirés de cet univers.
Nous sommes tous, peu ou prou, héritiers de ces gens de la terre, qui ont su nous transmettre le goût des choses vraies.
Notre palais a été éduqué par ces produits du terroir, qui font la fierté de la gastronomie française.
Stand de charcuteries corses au Salon International de l'Agriculture 2007
Comment enrayer le déclin du monde agricole dont l’influence sur notre histoire hexagonale va bien au-delà de sa dimension purement mercantile ? Ne disons pas adieu à nos veaux, vaches, cochons et autres couvées. Espérons que nous saurons trouver les mots et les moyens pour défendre un patrimoine rural qui aujourd’hui encore forge notre identité.
Patrick de Carolis