Histoire du château royal de Blois
Il surplombe fièrement sa ville et son fleuve, la Loire. Il offre aux visiteurs autant de visages que de siècles d’art et d’histoire. Car ici, au château de Blois, pas question de détruire l’œuvre des aînés. Le florilège des styles est la marque unique du château, étroitement liée à l’histoire de France du Moyen Âge au Grand Siècle. Un réel voyage dans le temps.
À peine franchi le porche du château, au-dessus duquel se trouve la statue équestre du roi Louis XII, le visiteur est saisi par l’ampleur de l’extraordinaire panel d’architectures. 600 ans d’histoire déferlent sous nos yeux, au rythme des arcades, porches, escaliers, loggias et colonnes. Et tel un manuel d’Histoire, la cour d’honneur du château nous raconte des siècles de vie de nos souverains, de Charles VIII à Henri IV.
« Blois a été l’une des résidences officielles de nos rois. La cour était alors itinérante et s’installait de château en château le temps d’une saison » souligne Elisabeth Latremoliere, conservateur en chef du château.
Peu s’en faut pour imaginer la horde de fourriers (équipes chargées d’installer l’arrivée de la Cour) s’afférer au château pour l’arrivée imminente du roi. Comme un décor de cinéma, le château était alors paré d’étoffes, de meubles « volants » et de tableaux, le temps du passage des souverains.
Aujourd’hui, trois ailes composent Blois, chacune témoigne d’une page d’histoire, d’un exercice de style et d’une course effrénée après la modernité.
Demeure de plaisance : L’aile Louis XII
L’aile Louis XII, d’appareillages de briques et de pierres, symbolise le charme des demeures de plaisance que la noblesse se font construire après le Moyen Âge, remplaçant ainsi les châteaux forts à usage de défense.
Ses longs toits à croupes, ses larges et élégantes fenêtres à meneaux, donnent un avant-goût de la Renaissance française.
« Cette aile est ma préférée, elle porte d’ailleurs un détail amusant. Lors de sa rénovation en 1990, les compagnons ont sculpté sur un des culots de la fenêtre du grand escalier menant au 1er étage, l’effigie de Jack Lang, alors maire de la ville » explique Elisabeth Latremoliere. Une tradition ancestrale de représenter le maître des lieux que les compagnons ont perpétré…avec humour !
Culot de fenêtre à l'effigie de Jack Lang
En quête de Renaissance : L’aile François Ier
Bordant le côté nord, l’aile François 1er est sans conteste la plus imposante du château. Elle est la première grande construction de ce roi, après son accession au trône le 1er janvier 1515, précédant de quelques années la construction du château de Chambord. Ici l’inspiration de la Renaissance italienne est à l’honneur : loggias, escalier à vis ouvert sur l’extérieur, étages successifs de décors sculptés annoncent le chapitre du roi « bâtisseur et mécène ».
Ces loggias superposées (balcons ouverts) répondaient autrefois à de luxuriants jardins au nord, aux antipodes de la Loire, accès redouté des invasions normandes.
L’aile François Ier est un lieu névralgique de notre histoire : cœur du pouvoir, ses appartements sont ornés de riches décors de polychromie, marque du rang social de l’époque. Largement restaurés au plus proche des décors d’origine par l’architecte Félix Duban au XIXe siècle, ils sont un unique témoignage français de ce type d’ornement.
Côté ameublement, peu de mobiliers d’origine ornent les appartements royaux qui ont été le cadre de l’assassinat du duc de Guise et des événements troubles des guerres de Religion. « Il ne reste qu’une quinzaine de meubles royaux de l’époque, aujourd’hui répartis entre le Louvre et le château d’Ecouen. L’essentiel du décor de cette époque était fait de textiles, qui n’ont malheureusement pas survécu aux outrages du temps. » continue Elisabeth Latremoliere. « Le choix de l’ameublement d’aujourd’hui est constitué de meubles d'époque, similaires à ceux qu’ont connus les souverains de Blois. »
Symétrie et classicisme: L’aile Gaston d’Orléans
Après avoir été délaissés suite à l’assassinat d’Henri IV, au profit du Louvre à Paris, Blois et le Val de Loire n’auront plus vocation à être le siège du pouvoir.
Il faut attendre l’arrivée de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, pour connaître epsilon de renouveau et de gloire de ses fastes d’antan.
C’est la troisième et dernière aile du château, portant son nom, qui préfigure un titanesque chantier avorté quelques années après sa construction.
Afin d’occuper le frère frondeur de la couronne, Gaston d’Orléans se vit offrir le château de Blois. Doté d’une importante pension, il envisage de raser l’ancien château au profit d’un palais « classique » dont François Mansart, père de la mansarde, dessine les plans. De ce vaste projet un corps de logis subsiste, vide de tout aménagement intérieur. En son centre, le superbe escalier d’honneur aux coupoles emboîtées, ne fut réalisé qu’en 1932 sur le modèle de l’escalier du château de Maison-Laffite : « Il est plausible que l’escalier dessiné pour Blois, dont nous n’avons aucun document, s’approche de la réalisation de François Mansart au château de Maison-Laffitte. Une exception pourtant, l’erreur de l’architecte chargé de construire celui de Blois en 1932, qui a inversé les plans ! ».
Une aile restée inachevée, un escalier construit à l’envers, l’aile Gaston d’Orléans ne connaîtra pas l’aboutissement de ses prédécesseurs. Elle termine pourtant avec élégance cet amphithéâtre d’architecture qui compose le château. Un mélange de styles complété par la salle des États généraux, dernier vestige du château féodal et par la chapelle Saint-Calais construite par Louis XII, qui scelle la cour d’honneur de sa flamboyante façade.
Il y a des maisons en France qui impressionnent par leurs fastes, d’autres qui nous enveloppent de leur indéniable charme. Blois est à la croisée de ces deux sentiments. Demeure de sept rois et de dix reines de France, elle est également un témoignage unique de notre histoire. L’imagination que le visiteur déploie aisément au travers ce voyage dans le temps, rend cette maison royale envoûtante et attachante.