Montbéliard : visite historique en principauté des Wurtemberg
Au pied du Jura et aux portes de la Suisse et de l’Allemagne, partez à la découverte d’une cité princière multiséculaire !
Montbéliard raconte, à travers son riche patrimoine, l’histoire originale d’une terre francophone gouvernée de 1397 à 1793 par une dynastie allemande !
Labellisée Pays d’Art et d’Histoire, la cité fleurie du Doubs, a conservé un charme rare grâce à son architecture romantique !
Les bords de l'Allan à Montbéliard ©Clo et Clem
Montbéliard et l’arrivée de la maison des Wurtemberg
Située à la confluence de l’Allan et de la Lizaine, la ville de Montbéliard est surplombée par son château, perché sur un éperon rocheux.
Au XIe siècle, Louis de Mousson devient le premier comte et par mariage le comté reviendra au XIIe siècle à la grande famille comtoise des Montfaucon.
En 1407, Henriette de Montfaucon, héritière du comté, se marie avec Eberhardt IV, prince du Wurtemberg.
Par ce mariage, le destin de ce comté bascule pour quatre siècles sous le Saint-Empire romain germanique.
Néanmoins, la région de Montbéliard a la particularité de garder sa langue et sa culture française.
La principauté de Montbéliard
À la tout fin du XVe siècle, le comte Éberhard V de Wurtemberg est fait duc par l’empereur Maximilien Ier, donnant ainsi à Montbéliard le nom de principauté.
Pour délimiter les contours de la principauté de Montbéliard, des bornes de pierre sont implantées aux extrémités du territoire entre 1543 et 1743.
Un sentier permet, aujourd’hui de découvrir ces 400 bornes, parfois dissimulées au milieu des bois.
Certaines ont été martelées à la Révolution française, d'autres dévoilent encore les initiales des villages voisins et les armoiries gravées des Wurtemberg-Montbéliard.
L’héritage Wurtemberg dans le centre historique
Au fil des siècles, les princes de Wurtemberg marquent le centre historique de Montbéliard de leur empreinte, en permettant l’édification de nombreux bâtiments : demeures bourgeoises, bibliothèques, collèges, imprimeries ou encore temples protestants.
En effet, le protestantisme s’implante dans le territoire, dès les années 1520, avec la conversion du duc Ulrich Ier de Wurtemberg au luthéranisme.
À partir de la Paix d’Augsbourg, signée en 1555, le principe « cujus regio, ejus religio » (« tel prince, telle religion » ) dans toutes les terres d’Empire, le protestantisme devient religion d’état à Montbéliard.
Ce changement religieux entraîne une modification du paysage architectural de la cité.
Certains temples sont construits ex nihilo quand d’autres prennent place dans des églises, transformées pour exercer le culte protestant.
Désormais, un circuit permet la découverte de 10 temples représentatifs du Pays de Montbéliard parmi plus de 70 que compte encore la région.
Vue sur les toits de Montbéliard ©OT Pays de Montbéliard
Un architecte allemand à la cour de Montbéliard : Heinrich Schickhardt
Grand artisan de cette évolution religieuse et architecturale, Frédéric Ier, duc de Wurtemberg et comte de Montbéliard à la fin du XVIe siècle, décide de remanier la cité Montbéliarde.
Il confie cette tâche à son architecte Heinrich Schickhardt qui fait entrer le Pays de Montbéliard dans la Renaissance.
L’architecte et ingénieur remanie une partie du château comtal. Il érige l’hôtel du Bailli, aussi appelé Logis des Gentilshommes, l’arsenal, et crée une machine hydraulique permettant d’alimenter le château en eau.
À l’extrémité ouest de Montbéliard, Heinrich Schickhardt dessine un tout nouveau quartier, la Neuveville, ou faubourg de Besançon, pour accueillir les nombreux protestants chassés du royaume de France par les guerres de Religion.
La ville est également dotée d’un Collège Universitaire pour permettre la transmission de la religion luthérienne.
Un parcours urbain de trois kilomètres, dans le centre historique de Montbéliard, vous permet de marcher sur les traces d’Heinrich Schickhardt pour découvrir l’œuvre de cet architecte talentueux.
Les temples Saint-Martin et Saint-Georges : des édifices emblématiques
L’un des chefs-d’œuvre d’Heinrich Schickhardt est le temple Saint-Martin.
Sa façade Renaissance, ses pilastres, son plafond à caissons témoignent de l’inspiration italienne et germanique de son concepteur et de son commanditaire.
Achevé en 1607, il devient immédiatement une référence architecturale dans le Pays de Montbéliard, symbole de la politique religieuse de Frédéric Ier.
C’est, aujourd’hui, le plus vieil édifice construit pour le culte protestant en France et encore en activité.
En 1674, le duc Georges II de Wurtemberg, petit-fils de Frédéric Ier, fait, à son tour, ériger un nouveau temple.
Les fidèles, devenus trop nombreux, ne peuvent alors plus se contenter du temple Saint-Martin de Montbéliard. Situé sur la place principale de la Neuveville, le temple Saint-Georges, offre des décors prodigieux en trompe-l’œil et en faux marbre.
L'intérieur du temple Saint-Martin ©OT Pays de Montbéliard
L’art de vivre à la cour des princes de Wurtemberg
Le château des ducs de Wurtemberg, ancienne forteresse médiévale, conserve encore deux tours imposantes, érigées au XVe et au XVIe siècle.
Elles offrent un panorama exceptionnel sur le Pays de Montbéliard. Reconnaissables à leur lanternon, la tour Henriette et la tour Frédéric rappellent le souvenir prestigieux de cette résidence des comtes de Montbéliard et ducs de Wurtemberg. Elles étaient, en effet, le lieu de résidence de la famille régnante.
La visite du château permet de découvrir son histoire, de ses origines antiques à nos jours.
Des collections archéologiques datant de l’âge de fer et du bronze ainsi que des vestiges gallo-romains racontent le passé plurimillénaire du site.
La vie de ses illustres propriétaires se dévoile avec les portraits des ducs et duchesses allemands, le mobilier et les œuvres d’art qui racontent la vie quotidienne de ces princes et révèlent les secrets de famille.
Un circuit historique permet de suivre la vie de Sophie-Dorothée de Wurtemberg, qui passe son enfance au XVIIIe siècle au château de Montbéliard. En épousant le grand-prince Paul, elle devient tsarine de Russie sous le nom de Maria Feodorovna. Mobilier, portraits et objets racontent la vie de cette princesse, future mère des tsars Alexandre Ier et Nicolas Ier.
Ce lien entre le Pays de Montbéliard et l'Empire russe perdure tout au long du XIXe siècle. Le célèbre compositeur russe Piotr Tchaïkovski séjourne à Montbéliard en 1893 pour rendre visite à la préceptrice de son enfance, originaire de la cité princière.
Ce lien avec la Russie disparaît avec la révolution bolchevique de 1917.
Quatre siècles de vie familiale et d’histoire politique et religieuse se dévoilent à vous pendant la visite !
Le château des ducs de Wurtemberg ©OT Pays de Montbéliard
Le musée d'art et d'histoire Beurnier-Rossel
Pour poursuivre votre voyage au cœur de la cour princière, ne manquez pas le musée d’art et d’histoire Beurnier-Rossel.
Situé dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, il vous plonge dans l’art de vivre de la grande bourgeoisie protestante de Montbéliard.
Pièces de marqueterie, bibliothèque encyclopédique et portraits de famille, témoignent d’un quotidien luxueux.
Montbéliard : un territoire devenu français
Sous le règne de Louis XIV, le traité de Nimègue rattache le comté de Bourgogne (actuelle Franche-Comté) au Royaume de France. La principauté de Montbéliard, convoitée par Louis XIV et inclue dans ce rattachement territorial est occupée dès 1673 par les troupes du Roi Soleil qui souhaite en faire une terre catholique.
En 1676, à la suite d'une entrevue avec le duc Georges II de Wurtemberg qui refusait de faire allégeance au roi de France, le maréchal de Luxembourg prend Montbéliard par la ruse. Il est démis de ses fonctions et exilé pendant 21 ans. Il reprend son trône à la suite du traité de Ryswick, mettant fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, en 1697.
C’est finalement peu après la Révolution française, en 1793, que la principauté de Montbéliard devient définitivement, une terre française. D’abord rattachée à la Haute-Saône en 1793, puis au département du Mont-Terrible (préfecture Porrentruy) et au département du Haut-Rhin en 1800, elle rejoint finalement le département du Doubs en 1814 après la chute du Premier Empire.
Afin d’affirmer le retour de la religion catholique en terre protestante, l’église Saint-Maimboeuf est érigée à partir de 1850. Située sur un promontoire rocheux, au cœur du faubourg de Besançon, sa silhouette imposante semble écraser le temple Saint-Georges.
Un riche décor néo-renaissance et un retable en bois polychrome font la renommée de cette église, classée monument historique depuis 1994 !
L'église Saint-Maimboeuf ©OT Pays de Montbéliard