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26/05/2023
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Histoire des 24 Heures du Mans : 100 ans de triomphe mécanique

Les 24 Heures du Mans sont une institution, un mythe pour tous les passionnés de voitures et de sensations fortes.

Célèbre dans le monde entier, cette compétition continue de marquer l'univers de l’automobile par sa complexité ses prouesses d'ingénierie. L'édition 2023 a marqué le centenaire de cette course de renom.

Plongez dans l’histoire de l’épreuve la plus éprouvante des sports mécanisés !

24 Heures du Mans 2015, Sarthe, Pays de la Loire ©Kevin Decherf

L’origine des 24 Heure du Mans

Portrait de Ferenc Szisz ©Agence de presse Meurisse

Pour tout comprendre de l’histoire de cette course mythique, il faut remonter au début du XXe siècle, en 1906.

Tout commence par une consultation publique de l’Automobile Club de France (ACF) qui souhaite organiser son premier Grand Prix de France.

C’est le département de la Sarthe qui remporte cet appel d’offre et qui fonde, pour assurer l’organisation de la compétition, l’Automobile Club de la Sarthe, futur Automobile Club de l'Ouest.

Préparé en moins de 6 mois, le Grand Prix, couvrant 103 kilomètres, est une grande réussite. Gagnée par le Hongrois Ferenc Szisz, dans sa voiture Renault, la course attire la curiosité du public. Fort de ce succès, Georges Durand souhaite mettre en place une course annuelle au Mans.

Cette idée se concrétise en 1922, lorsqu’il rencontre, au salon de l’Automobile de Paris, Charles Faroux, journaliste à La Vie Automobile, Marcel Canit et Émile Coquille, directeurs, en France, de la firme de roues détachables Rudge Whitworth.

Ensemble, ils ébauchent la conception d’une course de 8 heures permettant d’éprouver la qualité des automobiles, produits d’une industrie encore jeune à l’époque. Mais, Émile Coquille veut inclure une partie de nuit afin de tester l’efficacité des phares.

24 Heures du Mans, Sarthe, Pays de la Loire ©besopha

L’enjeu de la course est autant de créer un spectacle automobile que d’améliorer la conception des voitures. C’est pourquoi cette épreuve est dédiée, dans ses premières éditions, aux voitures de tourisme, inscrites au catalogue des constructeurs.

Georges Durand lance un défi à ses partenaires : pourquoi ne pas faire une course de 24 heures ? C’est donc bien le projet insensé d’une compétition de 24 heures qui est retenu par les 4 hommes.

1923, le premier « Grand Prix d’Endurance »

Baptisée initialement le « Grand Prix de Vitesse et d’Endurance de 24 Heures », cette course permet de remporter la coupe Rudge-Whitworth, la compagnie d’֤Émile Coquille étant le sponsor principal de l’épreuve.

Le 26 mai 1923, 33 équipages composés de 2 pilotes s’installent au départ du circuit permanent de la Sarthe, d’une distance d’un peu plus de 17 kilomètres.

La règle est simple : rouler durant 24 heures sans arrêt au stand avant d’avoir parcouru 20 kilomètres. Chaque équipe a un « objectif kilométrique », une distance minimale à parcourir, fixé en fonction de la puissance du véhicule.

Ce Grand Prix insolite attise rapidement l’intérêt de la presse et du public. En effet, sa durée promet du spectacle et une compétition d’ingénierie de qualité.

Les conditions météorologiques désastreuses accroissent la curiosité des journalistes en quête de sensationnalisme et de progrès technique. C’est sous la grêle et le vent que les 33 pilotes prennent la piste.

Fernand Bachmann au 24 Heures du Mans 1923, Sarthe, Pays de la Loire ©Nicolas Bachmann

La naissance d’un mythe

Les plus grandes marques automobiles de l’époque sont rassemblées sur la ligne de départ : des Chenard et Walcker, des Lorraine-Dietrich, des Bugatti, des Brasier, des Salmson, une Bentley, une Amilcar, une Delage et une Excelsior attendent le décompte.

Mais les conditions dantesques ne présagent rien de bon pour cette première édition des 24 Heures du Mans. En plus de la grêle et de la pluie, la piste a été recouverte, la veille, d’une couche de graviers, de terre et de goudron, qui pourrait se transformer en une boue instable.

Au manque d’adhérence, il faut ajouter la perte de visibilité induite par la pluie. Les intempéries mettent à mal le faible système d’éclairage des véhicules, rendant la course de nuit encore plus périlleuse.

L’heure du verdict a sonné : les pilotes et leur machine doivent tenir sous la pluie, dans le froid et combattre l’épuisement. Pour ne rien laisser au hasard, la plupart des coureurs décident, malgré le déluge, de rouler capote baissée, afin de gagner en aérodynamisme.

Très vite, la puissante Chenard et Walcker 3.0 L d’André Lagache et René Léonard mène la course.

Cette avance permet aux deux Français de devenir les grands vainqueurs de la course, après avoir parcouru 128 tours de piste à une vitesse moyenne de 92 km/h, soit 2 205 kilomètres en 24 heures. C’est un nouveau record du monde !

René Léonard sur sa Chenard et Walcker en 1922 ©Agence Rol

Un succès retentissant

Avec seulement 3 abandons pour problèmes mécaniques, tous les participants ont offert un véritable spectacle au public.

Luttant contre la fatigue, frôlant l’accident et rivalisant d’audace pour réparer, parfois à même le circuit, leur automobile, ils se sont livrés à une foire d’empoigne sensationnelle.

Ce show, d’une grande intensité, séduit immédiatement le public, bien au-delà des spectateurs de piste. Dès la fin de la première édition, les organisateurs annoncent la seconde et leur volonté de pérenniser la course.

L’engouement est au rendez-vous et s'intensifie d'année en année. Les meilleurs pilotes se disputent les places. Toujours plus nombreux, ils viennent désormais de l’étranger pour participer à cette compétition.

Le 22 juin 1925, pour la troisième édition, ce sont 37 voitures qui prennent la piste. L’affluence est telle qu’un embouteillage se crée à la sortie du garage des écuries. La légende est en marche !

Pour captiver toujours plus le public et tester au mieux la solidité des automobiles, les organisateurs de la course mettent sur pied un nouveau type de départ : le « départ le Mans ».

Le départ des 24 Heures du Mans 1969, Sarthe, Pays de la Loire ©ZANTAFIO56

Afin de vérifier la maniabilité des capotes amovibles, le règlement exige que les pilotes les installent au top départ pour au moins vingt tours. Pour éviter toute tricherie, les voitures sont stationnées loin des équipes. Au signal, les pilotes courent à leur bolide, attachent la capote et démarrent sur les chapeaux de roues !

D'une grande dangerosité et de moins en moins justifiée par l'ergonomie des automobiles, cette pratique est abandonnée à partir de 1970. Mais elle participe à forger la légende des 24 Heures du Mans. Désormais, cette course devient une compétition de prestige pour les pilotes, un passage obligé pour prouver ses talents.

Elle rentre dans le classement des 3 épreuves mécanisées les plus prestigieuses au monde, côtoyant le Grand Prix de Monaco et les 500 miles d’Indianapolis. Gagner ces trois courses permet de remporter la distinction symbolique de la « Triple Couronne » tant convoitée par les pilotes.

Le Grand Prix en 1996 ©Monaco 96

Des coureurs de légende

Luigi Chinetti, 24 Heures du Mans 1949, Sarthe, Pays de la Loire ©Wikimedia Commons

En plus des prouesses technologiques, de grands records ont été battus sur le circuit du Mans, gravant dans le marbre, le nom de certains pilotes.

En 1949, après dix ans d’absence et un conflit mondial, les 24 Heures du Mans retrouvent la voie du circuit. Lors de cette édition, la toute jeune marque italienne Ferrari remporte son premier succès.

Cette victoire est restée dans les annales, car elle s’est faite sans l’accord d’Enzo Ferrari, fondateur de la marque. Ce dernier avait même préparé une lettre d’excuses à l’adresse de l’AOC, anticipant les probables problèmes de la 166 MM.

Pourtant, les pilotes Lord Seldson et Luigi Chinetti ont concouru et franchi la ligne d’arrivée en tête. Par ailleurs, Luigi Chinetti reste célèbre pour avoir été le seul pilote à s’imposer au Mans avant et après la Seconde Guerre mondiale, en 1932, 1934 et 1949.

En 1952, Pierre Levegh effleure du doigt l’exploit de remporter, en solo, les 24 Heures du Mans, à bord de sa Talbot-Lago T26 GS Spider. Mais après 22 heures et 40 minutes de course, une panne mécanique l’empêche de terminer la compétition. C’est l’écurie Mercedes qui remporte cette édition.

Saluant la performance du pilote, l’écurie allemande l’intègre à son équipe en 1955. Mais cette aventure se termine par un désastre : la voiture de Levegh s’envole dans le public tuant le pilote sur le coup et fauchant 82 personnes. Cet accident tragique dépasse les frontières de l'hexagone et pousse, notamment, la Suisse à interdire les courses de vitesse sur circuit.

Lieu de tous les records, les 24 Heures du Mans mettent en exergue le talent de grands pilotes comme Roger Dorchy. En 1988, le Français dépasse allégrement les 400 km/h, au volant de sa WM P88 Peugeot, établissant un nouveau record du monde de vitesse.

Ferrari au 24 Heures du Mans 1966, Sarthe, Pays de la Loire ©ZANTAFIO56

Un terrain d’expérimentation pour le développement automobile

Depuis 1923, les 24 Heures du Mans sont devenues un rendez-vous mythique des passionnés de sport automobile et des constructeurs en quête d’innovation.

En effet, cette course est un tremplin pour l'expérimentation de nouvelles technologies de pointe. Particulièrement rude pour la mécanique, cette épreuve encourage les écuries à accroître constamment les performances de leurs bolides.

Les améliorations testées en piste perfectionnent, par la suite, les voitures du grand public. Ainsi, les freins à disque, le pneu radial, le moteur rotatif, le phare à LED et la turbine à gaz, pour ne citer qu’eux, sont les fruits de cette compétition.

Par son succès et son originalité, les 24 Heures du Mans ont popularisé les courses d’endurance. Au fil des années, d’autres épreuves ont vu le jour, comme les spectaculaires 24 Heures du Nürburgring en Allemagne, devenu une véritable institution.

L'édition 2023 témoigne de la grande histoire des 24 Heures du Mans marquée par 100 ans d'innovation et de spectacle.

Matra Simca MS 660 c N°16 au 24 Heures du Mans 1972, Sarthe, Pays de la Loire ©ZANTAFIO56

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