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30/09/2022
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Albert Ier de Monaco, le Prince savant, explorateur des océans

Connu pour son humanisme, sa conscience avant-gardiste des enjeux environnementaux et son goût prononcé pour la science, le prince Albert Ier de Monaco (1848-1922) a fortement contribué à l’exploration des océans.

Partez à la rencontre du « Prince navigateur » et embarquez avec lui dans ses plus belles aventures !

Albert Grimaldi : un prince marin dans l’âme

Portrait d'Albert Ier par Nadar en 1889

Fils du prince Charles III de Monaco et d'Antoinette-Ghislaine de Monaco, Albert Honoré Charles Grimaldi, dit Albert Ier de Monaco, débute son éducation à Paris.

Sa visite à Cherbourg, en janvier 1865, de la frégate cuirassée Normandie, marque l’éveil de sa vocation. Attiré dès le plus jeune âge par la nature et l’océan, le prince, débute, en 1865, sa formation d’officier de la Marine impériale française à Lorient.

Séduit par la navigation et l’exploration maritime, il rejoint, en 1866, la Marine royale espagnole avant de combattre au sein de la marine française, durant la guerre franco-prussienne de 1870. Lieutenant de vaisseau de guerre, il obtient la Légion d’honneur, à la fin du conflit, en récompense de sa bravoure.

Albert Ier, un savant aux multiples facettes

Portrait d'Albert Ier de Monaco en 1910

Contemporain de l’âge industriel, de l’essor des « sciences appliquées » et des « sciences pures », le prince Albert cultive son goût pour la science et la nature en prenant une place de choix dans la vie intellectuelle parisienne de l’époque.

Marqué par l’espoir du progrès technique, il découvre les nouvelles théories de Charles Darwin ou de Claude Bernard tout en conservant un regard critique sur les conséquences du progrès industriel.

Intégré par son ami Paul Regnard dans les cercles savants de la Sorbonne et de la faculté de Médecine de Paris, il se lie d’amitié avec les membres du Muséum national d’histoire naturelle.

C’est au cœur de cette vie mondaine en pleine ébullition scientifique, que le Prince Albert développe sa passion pour l’océanographie et son désir de découvertes.

L’océanographie, d’une passion aux explorations

Après de longues préparations et des recherches minutieuses, le Prince Albert achète, en 1873, une goélette qu’il renomme Hirondelle. C’est le début d’une longue aventure de 10 ans sur les mers !

De la Méditerranée à l’Atlantique Nord, en passant par les Canaries, les Açores et l’Irlande, le Prince Albert parcourt les océans et forge son expérience de navigateur dans l’attente de futures expéditions scientifiques.

C’est la présentation, au Muséum d’histoire naturelle de Paris, des résultats des quatre campagnes du zoologiste Alphonse Milne-Edwards, qui le décide enfin à mener ses propres expéditions.

À partir de 1885, il conduit de nombreuses campagnes scientifiques, océanographiques et cartographiques. Ne voulant pas être réduit au rôle de mécène, le prince Albert tâche de s’impliquer dans le bon déroulé des expéditions. Le prince Albert devient enfin « le Prince navigateur ».

Les campagnes scientifiques du « Prince navigateur »

Détail de la fresque de Louis Tinayre aidé d'Alexandre Brun décorant le grand amphithéâtre de l'Institut océanographique de Paris « le Pont de la Princesse Alice », Albert 1er de Monaco agrippé aux haubans du navire © Bbmanu92

Au total, le prince Albert organise 28 campagnes scientifiques entre 1885 et 1915. Toujours dans le respect de l’environnement et de la rigueur scientifique, il se refuse à faire de ses voyages, des croisières de loisir.

Les quatre campagnes du navire Hirondelle permettent d’étudier le mouvement des masses d’eaux superficielles de l’Atlantique Nord et définir ainsi la trajectoire du Gulf Stream. Pour ce faire, pas moins de 1700 flotteurs ont été mis à l’eau dans les Açores, le golfe de Gascogne, près de Terre-Neuve et sur le trajet de cette île jusqu’à Lorient. Les résultats de ces expéditions ont été présentés lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1889.

Les navires Princesse-Alice I et II ont amené le prince et ses équipes, à étudier la cartographie de la Méditerranée et de l’Atlantique tempéré entre 1891 et 1910.

Quatre de ces campagnes ont, elles, fait l’objet de relevés topographiques du Spitzberg. La grande précision de ces travaux a permis à ces cartes marines de traverser les âges et d’être encore utilisées de nos jours. En hommage à ce travail d’exception, un glacier, situé sur la côte Nord-Ouest du Spitzberg est baptisé du nom de la principauté de Monaco.


Carte marine du Spitzberg extrait du livre Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert Ier, prince souverain de Monaco (1914), prince Albert Ier Monaco

Un apport scientifique majeur et une renommée internationale

Musée océanographique de Monaco © Mister No

Grand explorateur et scientifique rigoureux, la contribution du prince Albert, devenu Albert Ier de Monaco, en 1889, à la mort de son père, a été décisive dans le développement de l’océanographie.

Dès 1889, une série de revues scientifiques totalement dédiées à ses expéditions est publiée sous le titre Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert Ier, prince souverain de Monaco. La diffusion de ses découvertes est une préoccupation constante du prince qui multiplie les canaux de transmission.

C’est dans une volonté de diffusion et de conservation de ses recherches qu’il édifie le Musée Océanographique de Monaco. Inauguré officiellement le 29 mars 1910, ce musée se double de la Fondation Albert-Ier, connue sous le nom d'Institut océanographique. Cette institution permet la diffusion et l’approfondissement de ses travaux et expéditions.

La présence du prince dans de nombreuses sociétés savantes contribue au rayonnement de ses découvertes. Ainsi, en 1907, il fonde, avec d’autres comparses, la Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, pour soutenir financièrement l’institution.

L’éminence de ses recherches et expédition est félicitée bien au-delà de l’Europe. En 1921, Albert Ier reçoit, à New York, la médaille Cullum de la Société américaine de géographie.

Il prononce également le 25 avril de la même année, son célèbre Discours sur l’Océan devant l'Académie nationale des sciences à Washington.

Un prince explorateur mais non moins Dreyfusard et humaniste

Guillaume II et Albert Ier de Monaco sur le bateau Meteor en 1913

Savant, aventurier et scientifique, le prince Albert n’en reste pas moins humaniste et pacifiste. Il s’engage, dès le début de l’affaire Dreyfus, en faveur du capitaine, accusé à tort de haute trahison.

En février 1898, il réagit à la lettre ouverte d’Émile Zola « J’Accuse… ! » en lui apportant son soutien. Il fait publier le 3 juillet 1899, dans les pages du Figaro une lettre adressée à Madame Dreyfus et écrit au capitaine. Cette prise de position ne manque pas de susciter des réactions passionnées dans les deux camps.

Engagé contre toute position belliciste, Albert Ier fait de Monaco, un asile pour les sciences humaines. À ce titre, il accueille, dans sa principauté, le XIe congrès international de la paix, organisé par le Bureau international de la paix de Berne, le 6 avril 1902.

Il tente, par la suite, de dissuader le Kaiser Guillaume II d’Allemagne de déclencher la Première Guerre mondiale. Enfin, lorsque la guerre éclate, il déclare la neutralité de Monaco et met à la disposition de la France plusieurs bâtiments pour l'assistance médicale neutre aux blessés et aux malades.

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