1422 : année cruciale pour Charles VII et Agnès Sorel
Alors que la guerre de Cent Ans fait rage dans le royaume, Charles VII, dit « le Victorieux » se proclame roi de France depuis la cathédrale de Bourges, le 30 octobre 1422. Associé à l’épopée de Jeanne d’Arc, il met fin aux luttes incessantes contre l’ennemi anglais et réforme le royaume sur le plan économique, militaire et religieux.
La vie de Charles VII n’est pas sans évoquer celle de sa favorite, Agnès Sorel, qui serait née vers 1422. Châteaux, peintures et manuscrits nous livrent les secrets de ces deux destins, liés il y a exactement 600 ans !
« Le petit roi de Bourges »
Né en 1403, à l’hôtel Saint-Pol à Paris, Charles est le fils du roi Charles VI dit « le Fol », surnommé ainsi à cause de ses crises de folie, et d’Isabeau de Bavière, une mère peu aimante. Il est fiancé à l’âge de 10 ans à sa cousine Marie, fille du duc Louis II d’Anjou.
Plongé en pleine guerre de Cent Ans, Charles grandit dans un royaume affaibli par les conflits politiques. Devenu dauphin à la mort de ses frères aînés, il devient l’objet de jalousies et de complots. Vers 1418, il échappe de justesse aux mains du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, allié des Anglais, qui souhaite le capturer.
Avec le traité de Troyes signé en 1420, le roi Charles VI livre des territoires français aux Anglais et déclare le roi Henri V d’Angleterre, héritier et régent de France. Le jeune Charles se retrouve exclu par son propre père, de la succession. Lorsqu’Henri V envahit Paris, il s’enfuit à Bourges et s’entoure de ses fidèles compagnons.
En 1422, Charles VI meurt, laissant son fils Charles VII régner, depuis le Val de Loire, sur une partie restreinte du royaume.
La rencontre à Chinon: vers la fin de la guerre de Cent Ans
Roi itinérant, il passe de longs séjours dans la forteresse de Chinon avec son entourage proche.
C’est ici, qu’il rencontre pour la première fois en 1429, Jeanne d’Arc, au cours du célèbre épisode de « la Reconnaissance ». Le roi la reçoit à deux reprises. Elle lui fait part de sa mission qui est de libérer des Anglais la ville d’Orléans et de le faire sacrer roi à Reims au plus vite.
Grâce à l’aide de Jeanne d’Arc, Charles VII est sacré roi de France, le 17 juillet 1429, à Reims. Lorsque la jeune femme est capturée, en 1430, puis brûlée en 1431 à Rouen, le roi ne la soutient plus, préoccupé par les derniers territoires encore dominés par l’Angleterre.
Il parvient à signer un accord avec la Bourgogne en 1435 et récupère la Normandie et la Guyenne, ce qui permet d’achever ensuite la guerre de Cent Ans avec la victoire française à Castillon, en 1453.
Charles VII : un roi réformateur
Tout au long de son règne, Charles VII entreprend de nombreuses réformes pour relever le royaume de ces décennies de luttes intestines. Il améliore le système judiciaire, ainsi que la monnaie du royaume.
À la suite de la réunion des États généraux à Orléans de 1439, la taille est prélevée directement et de façon permanente.
Le roi s’entoure d’un puissant marchand, Jacques Cœur, qui devient grand argentier du royaume. Avec son appui, Charles VII réorganise l’économie et développe les échanges commerciaux. Devenu trop puissant aux yeux de l’entourage du roi, Jacques Cœur est écarté du pouvoir, condamné pour fraude.
Face au pape, Charles VII s’affirme avec la Pragmatique Sanction de Bourges, une ordonnance qui donne au pouvoir royal davantage de libertés sur l’administration de l’Église de France, au détriment de l’autorité pontificale.
Loches et le souvenir d'une histoire d'amour
Les lieux de résidence du roi varient tout au long de sa vie, mais le logis royal de Loches reste l’un de ses préférés. Bâti au XIe siècle par Foulques III Nera, Charles VII y ajoute deux tours. Seconde place forte après Chinon, le donjon et le logis royal sont encore visibles aujourd’hui.
C’est au sein de ce logis qu’il retrouve sa maîtresse, Agnès Sorel, à partir de 1443, date à laquelle il est séduit par la beauté de la jeune femme, de vingt ans de moins que lui.
Agnès Sorel : première favorite de l'histoire de France
Agnès est née vers 1422 près de Tours, dans une famille noble de Picardie. Elle devient demoiselle de compagnie de la duchesse d’Anjou, Isabelle de Lorraine, puis de la reine, Marie d’Anjou.
Charles VII offre à sa « Dame de Beauté », le château de Beauté-sur-Marne, aujourd’hui disparu, mais aussi une situation officielle, ce qu’aucun roi de France n’avait alors jamais fait. Elle apporte un nouveau souffle sur les modes et les styles de la cour et diffuse des astuces et pratiques de maquillage novateurs. Parmi l’entourage royal, ses parures et ses vêtements choquent. Le roi lui accorde les mêmes honneurs que la reine et la couvre de cadeaux luxueux.
En devenant la maîtresse officielle du roi, elle s’attire les haines des membres de la cour et notamment le fils du roi, le dauphin Louis, futur Louis XI qui voit d’un très mauvais œil la naissance d’un fils qui pourrait lui subtiliser le trône. Après avoir tenté de l’assassiner, Louis est exilé de force par son père dans son apanage du Dauphiné.
En 1450, à l’âge de 27 ans, Agnès Sorel meurt en couches, enceinte de leur quatrième enfant. Son corps est déposé à la demande de Charles VII à Loches, dans la collégiale Saint-Ours, dans un gisant de marbre et d’albâtre.
Après quarante ans de règne, Charles VII meurt en 1461, à l’âge de 58 ans, au château de Mehun-sur-Yèvre, de violentes douleurs à l’estomac et aux gencives. Il laisse sur le trône son fils, Louis XI, au caractère impétueux, ainsi qu’un royaume encore menacé à ses frontières.