Clémence Botino - Chronique d’une Miss France, étudiante en histoire à la Sorbonne !
Si vous lisez cette chronique, sachez que vous m’en voyez ravie.
Après deux longues années dédiées à l’aventure de ma vie, Miss France, me voilà lancée dans un nouveau périple consacré au patrimoine.
Pour vous lecteur qui ne vous intéressez pas du tout aux concours de beauté, sachez que je ne suis nullement vexée. Au contraire, J’aime mon patrimoine est une plateforme où l’on prend plaisir à apprendre. Je suis une éternelle curieuse, et je suis très honorée d’échanger avec vous sur les différents thèmes qui me tiennent à coeur.
Comme il s’agit de ma première chronique, entre nous, j’ai plutôt envie de la réussir. Soyez indulgents ! Mais justement quel thème choisir ?
Miss France ? Pas très original…
Louis XIV ? Hum déjà vu !
La Guadeloupe ? Franchement peut mieux faire !
Alors j’ai réfléchi ! Nous célébrons la rentrée 2021, et devinez quoi I ! Je retourne à l’université. Oui je sais… Pour la petite histoire, avant de devenir Miss France j’avais entamé un Master 1 d’Histoire de l’art à la Sorbonne. Attention je vous vois venir… Les yeux écarquillés en train de vous dire « La Sorbonne ! Bravo ! ». Oui, oui, j’avoue ça fait toujours son petit effet.
Mais, en dépit du fait que je sois extrêmement fière d’étudier dans cet endroit mythique, j’ai constaté que la Sorbonne, et bien c’est avant tout une université. Au même titre que toutes les autres !
La Sorbonne, une université comme les autres
Bon j’exagère un peu, il est vrai que lorsque j’ai pénétré ces lieux, toute fraîchement sortie de ma classe préparatoire littéraire en Guadeloupe, je suis restée bouche bée devant tant de beauté.
La cour de la Sorbonne en un mot : majestueuse. Elle est célèbre pour être un lieu mythique mais aussi controversé. Avec elle, résonne le souvenir des manifestations étudiantes de Mai 68.
Mais, et vous ? À quoi pensez-vous lorsque vous entendez le nom « Sorbonne » ? Allez-y, prenez une minute pour répondre à cette question.
Certains diront une école, d’autres une université mais très peu feront référence au lieu. Je vous invite donc, à clarifier tout cela avec moi. La Sorbonne, est avant tout un bâtiment. J’ai moi-même eu du mal à associer le lieu à son appellation.
Située dans le Quartier latin entre la rue Saint-Jacques et la rue de la Sorbonne, c’est Robert de Sorbon qui en est le fondateur, en 1256. Il avait pour projet de créer un collège de Sorbonne dédié à l’étude de la théologie.
Le mode de vie y est pieux, et l’on y accueille des étudiants modestes qui séjournent sur place. De Sorbon fait rapidement l’acquisition d’un ensemble de petits bâtiments qui composent le collège. Ce dernier ne cesse de s’agrandir.
Cours de Robert de Sorbon à la Sorbonne au XIIIe siècle
Une complexité géographique pour des raisons historiques
Sincèrement, sans langue de bois, je dirais que la complexité géographique des lieux s’est accentuée au fil du temps. L’histoire de l’institution et du lieu ont abouti à une véritable « délocalisation » des locaux et des cours.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’on peut en vérité, être étudiant à la Sorbonne et pourtant avoir cours à l’autre bout de Paris.
En effet, les différents UFR sont dispersés aux quatre coins de Paris. Attention anecdote à l’appuie, lorsque je suis arrivée en 3ème année de licence, le premier jour de l’année universitaire j’ai raté mon cours de Géographie car je n’arrivais pas à trouver la salle ….
Persuadée que les cours avaient lieu rue de la Sorbonne, nous avions cours à l’UFR de Géographie situé à Porte de Clignancourt dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Imaginez-moi en train de demander à la charmante dame de la vie scolaire « Mais où est la salle L267 ? S’il vous plaît personne ne nous répond ». J’ai donc commencé l’année avec un gros retard !
Il est vrai que cette délocalisation s’explique par plusieurs éléments. Tout d’abord il existe plusieurs universités qui portent le nom « Sorbonne ». Initialement la Sorbonne rue Saint-Jacques était le siège de l’Université de Paris. En effet, depuis le XIIIe siècle ce lieu n’a cessé d’évoluer, de se détériorer puis d’être reconstruit par de grands hommes tel que le Cardinal Richelieu. Ce dernier repose désormais dans la chapelle de la Sorbonne.
L’année 1970 marque un tournant dans la configuration universitaire de la ville de Paris. À la suite des évènements de Mai 68, Le Général de Gaulle prend une décision singulière. Il décide de diviser l’Université de Paris, qui regroupait différents UFR dédiés au droit, à la médecine ou encore aux lettres, en treize nouvelles universités.
La ville de Paris est donc restée propriétaire des lieux, mais les locaux de la Sorbonne sont désormais partagés par quatre institutions. L’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle, la faculté de lettres de Sorbonne Universités et la très récente Université de Paris. On peut donc être « étudiant à la Sorbonne » sans pour autant être dans la même école.
Finalement c’est une vraie philosophie d’étudier à la Sorbonne. C’est tout d’abord visiter en permanence Paris, c’est aussi pouvoir jouir du savoir et de la connaissance portée et transmise par des professeurs captivants. C’est également apprécier la splendeur des lieux qu’on découvre chaque jour. C’est être curieux. En réalité le nom impressionne et pourtant ce lieu est accessible à tous. Le savoir est accessible à tous. Il ne faut pas hésiter et oser.