L'étonnante histoire de la cravate
Sobre ou bariolée, ornant le costume ou l’habit de soirée, la cravate est un indémodable de la tenue masculine. Symbole du statut social, composant d'uniforme, ou accessoire de mode, cet agrément vestimentaire a bien des emplois.
Traversant les siècles, elle connaît diverses usages et et notoriétés. Découvrez l'histoire de la cravate de ses origines lointaines à son apogée dans nos sociétés contemporaines.
Un usage antique
Il faut remonter jusqu'en Antiquité pour retrouver les origines de la cravate. Mais sa naissance reste encore mystèrieuse, les sources historiques prouvant son existence dans plusieurs régions du monde.
En Asie, les soldats de terre cuite de l'empereur chinois Qin Shi Huangdi arborent une étoffe nouée à leur cou. Ces vestiges, enterrés au cours du IIIe siècle avant J.-C., laissent penser que l'ancètre de la cravate moderne était d'usage sous la dynastie des Qin.
À l'autre bout du monde, les légionnaires romains ont également pour habitude de porter autour de leur cou un foulard de soie ou de laine afin de se protéger du froid lors des campagnes en Europe.
Toutefois, ce n'est que bien plus tard que la cravate devient un véritable accessoire vestimentaire.
Soldats de l'empereur chinois Xian, IIIe siècle AC
Des Royal-Cravates à la cravate
L’apparition du terme “cravate” dans la langue française date du XVIIe siècle et plus précisément du règne de Louis XIII. La guerre de Trente Ans fait rage en Europe. Le conflit s'éternise et la France ne dispose plus de suffisamment de soldats. Elle doit alors faire appel à des mercenaires étrangers.
Des régiments de hussards Croates rejoignent les rangs de l'armée, vêtus de leurs uniformes traditionnels. Ensemble ils forment un bataillon nommé « Royal Cravate ». Ils portent notamment autour du cou une étoffe chamarrée, qui plaît aux soldats français tant par son aspect esthétique que fonctionnel : ce tissu permettant de protéger la chemise et les boutons.
Membres de la Garde d'Honneur croate défilant en habit traditionnel sur les Champs-Élysées le 14 juillet 2013
C’est à la cour de Louis XIV, monarque pour qui l’apparence et le style ont une importance certaine, que cette bande de tissu est définitivement adoptée. Militaires comme courtisans du Roi-Soleil la portent, en soie, en lin, en dentelle, par-dessus leur habit.
Elle est baptisée du nom de « cravate », par déformation du mot « croate », étant simplement la nationalité des hussards qui l’ont apportée en France.
Bien qu'elle fasse débat lors de la Révolution française, l'histoire de la cravate ne s'interrompt pas ici, bien au contraire. Elle devient un véritable symbole de rafinement en France mais également en Angleterre.
Réparation faite à Louis XIV par le doge de Gênes Francesco Maria Lercari Imperiale, 15 mai 1685 par Claude Guy Hallé
Le succès outre-Manche
C'est le roi Charles II, en exil en Europe jusqu'en 1660, qui apporte outre-Manche cet usage vestimentaire.
Il permet aux hommes de tenir serré le col de leur habit, comme le veut la mode de l'époque. Les Anglais s'approprient cet accessoire sans encombre.
La cravate du XVIIe siècle est encore loin de celle que nous connaissons aujourd’hui. Elle ne prend l’apparence de cette étroite bande de tissu qu’à la révolution industrielle en Angleterre, au début du XIXe siècle.
En Occident, elle devient, peu à peu, un incontournable de l’uniforme des écoliers anglais et de la mode masculine.
La régate, la vedette de la garde robe actuelle
Bien que très populaires jusqu'au XIXe siècle, la mathématique, l’orientale ou encore la sentimentale tombent rapidement dans l’oubli avec l’arrivée de la cravate régate.
Appelée four-in-hand en anglais, elle se caractérise par un nœud coulant se serrant autour du cou répondant à plusieurs évolutions notoires du vestiaire masculin.
Son nom suggère une utilisation sportive nécessitant une praticité certaine tout eu conservant l’élégance d’usage. La simplicité d’exécution de la régate atteste également de l’évolution des mœurs.
Les employés de banque, de services publics et des différentes administrations, sont astreints aux horaires et la convenance vestimentaire de leur emploi. Ils ne peuvent plus prendre le temps de parfaire un nœud élaboré. Aussi, ils adoptent avec facilité cette nouvelle cravate.
À cette époque, les gilets des costumes trois-pièces gagnent en longueur, laissant peu de place aux larges cravates imposantes. De plus, dans les années 1860, les cols jusqu’ici portés haut, se rabattent désormais sur le cou. Le nœud de cravate, avant si proéminent, doit se faire plus discret.
Le XXe siècle, l'avènement de la cravate moderne
Il faut attendre le XXe siècle pour que la régate prenne la forme exacte que nous lui connaissons aujourd’hui. C’est au cravatier new-yorkais Jesse Langsdorf, que nous devons cette évolution.
Le 30 juin 1922, il dépose le brevet qui donne naissance à la cravate moderne. Composée de deux pans, coupés dans le biais, reliés par un collier, la nouvelle régate acquiert solidité et bonne tenue. Quelle soit une cravate colorée, une cravate tricot ou encore sombre, elle se multiplie dans les garde-robes.
Encore aujourd’hui, ce type de cravate a remplacé le nœud papillon comme accessoire de mode quotidien, transcendant même les genres en devenant un symbole d’autorité de la working girl.
Cravates ©artistic operationsn