Histoire de la Bourse de Commerce de Paris : de Catherine de Médicis à la Pinault Collection
À deux pas des Halles, dans un quartier bouillonnant au cœur de Paris, la Bourse de Commerce s'est refait une beauté pour sa réouverture le 22 mai 2021.
De demeure royale à musée d’art contemporain en passant par grenier à céréales et place financière, la Bourse de Commerce a une histoire riche en rebondissements.
Témoin des nombreuses évolutions qu’a connues le centre historique de Paris, elle accueille aujourd’hui la collection Pinault qui en fera un lieu culturel d’exception.
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Un hôtel prestigieux
L’histoire de cet étonnant monument remonte au Moyen Âge. Il s’agit d’un hôtel particulier transmis en héritage à Saint Louis, qui voit plusieurs générations de Capétiens se succéder.
Au XVIe siècle, la reine Catherine de Médicis acquiert le bâtiment voisin, l’hôtel d’Albret qu'on nomme désormais hôtel de la reine, et entreprend de grands travaux qui englobent le fameux hôtel particulier.
Au cours de cet agrandissement, en 1572, elle ordonne la construction d’une superbe colonne astronomique cannelée dessinée par Jean Bullant, qui deviendra la Colonne Médicis. La légende raconte que cette colonne sert d’observatoire à Côme Ruggieri, l’astrologue de la reine, qui prisait fort les devins.
À la mort de la reine, l’hôtel est racheté par Charles de Bourbon, comte de Soissons, et prend le nom de son nouveau propriétaire.
La fierté de Paris : de l'Hôtel particulier à la Halle aux blés
L’hôtel de Soissons échoit ensuite à la famille de Savoie-Carignan. Le prince Victor-Amédée y établit même la Bourse de Paris, mais il est frappé par la faillite lors de la banqueroute de Law et se voit dans l’obligation de vendre le bâtiment en 1740.
Les bâtiments sont détruits par la Ville de Paris, qui rachète cependant la colonne Médicis et conserve les terrains.
Une vingtaine d’années plus tard, en 1763, la prévôté de Paris décide de construire une Halle aux blés, projet auquel elle tenait depuis le début du XVIIIe siècle.
Les terrains de l’ancien édifice tombent à pic : situés non loin de la Seine, mais un peu en retrait des quais, ils conviennent parfaitement à l’acheminement du grain.
La construction est supervisée par l’architecte Nicolas Le Camus de Mézières, qui conçoit un bâtiment circulaire structuré par des galeries.
On y trouve tous types de métiers : gendarmes, contrôleurs des poids et des mesures, négociants et personnel administratif. Un grenier très fonctionnel occupe tout le premier étage, on y accède par un majestueux escalier à double révolution.
Devant cette réussite, on décide d’améliorer encore l’édifice et de couvrir la cour intérieure d’une coupole à charpente de bois.
Cette dernière est admirée par le public parisien et étranger pour sa beauté et sa légèreté, mais hélas, en 1802, elle brûle dans un incendie.
Elle est alors reconstruite, par François Joseph Bélanger, en fonte et en cuivre.
Une vocation commerciale et internationale
Dans le courant du XIXe, l’activité de la Halle au Blé décline et un nouvel incendie la ravage en 1854.
Sa fermeture est décidée par la Chambre de Commerce de Paris qui choisit de la transformer en Bourse de Commerce en 1885.
L’architecte Henri Blondel en modifie l’organisation pour l’ouvrir sur le quartier du Louvre.
Il conserve la structure de l'anneau conçu par Le Camus de Mézières et l'armature en fer de la charpente de Bélanger et apporte des décors monumentaux.
L'entrée est agrémentée d'un portique orné de trois figures allégoriques, représentant la Ville de Paris flanquée de l'Abondance et du Commerce.
À l'intérieur, la partie inférieure de la coupole est décorée de quatre fresques figurant le Commerce entre les cinq parties du monde, entrecoupées par quatre grisailles représentant les Quatre Points Cardinaux. Cette décoration fait l'apologie du commerce international.
La nouvelle Bourse de Commerce de Paris est inaugurée en 1889.
Son activité économique au tournant du XXe siècle est intense, elle est une véritable place de transactions pour les marchés du sucre, des alcools et surtout des céréales.
Mais le krach boursier de 1929 entraîne un effondrement du cours du blé et par conséquent un fort recul de l’activité de la bourse de Paris.
Celle-ci se diversifie donc et s’ouvre à l’international, notamment après la Seconde Guerre Mondiale, premier pas vers la modernisation.
Depuis les années 1990, la Bourse de Commerce continue de fonctionner avec les marchés électroniques d’Euronext.
Le haut-lieu de l'art contemporain à Paris
En 2016, la Chambre de Commerce annonce son départ et cède le lieu à la mairie de Paris et à la société Artémis, qui appartient à François Pinault, homme d’affaires et grand collectionneur.
Celui-ci entreprend de restaurer l'ancienne halle pour lui rendre son aspect de 1889 et en faire un lieu dédié à l’art contemporain, résolument tourné vers l’avenir. Pour ce faire, il fait appel à l'architecte japonais Tadao Ando.
Un immense espace d’exposition permettra d’accueillir environ dix collections par an dans ce bâtiment historique qui a rouvert ses portes le 22 mai 2021.
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