Le patrimoine insolite de Paris
Au-delà de ses monuments touristiques prestigieux, comme la Tour Eiffel ou le Palais du Louvre, Paris regorge d’édifices insolites à découvrir hors des sentiers battus. J’aime mon Patrimoine vous dévoile certains de ces trésors architecturaux à l’histoire singulière.
La colonne Vendôme
Réputée pour ses joailleries prestigieuses et ses hôtels de luxe, la place Vendôme attire également les foules qui viennent admirer la colonne dressée en son centre. Seulement, peu de personnes connaissent réellement son histoire.
Inspirée de la colonne Trajane à Rome, elle relate un épisode glorieux de l’Histoire de France : la bataille d’Austerlitz. Dédiée à la gloire des armées victorieuses, elle est commandée en 1800 par Napoléon Bonaparte et achevée en 1810.
Pas moins de 1200 canons pris aux Russes et aux Autrichiens sont fondus pour réaliser les 220 mètres de plaques de bronze enroulées en spirale autour de la colonne, rapportant les exploits militaires de la Grande Armée.
Une statue de Napoléon en Marc-Aurèle la surplombe à 44 mètres de hauteur, remplacée en 1814 et brisée en 1833. La colonne est détruite par la Commune en 1871, puis reconstruite à l’identique en 1875.
Une porte dérobée et un escalier intérieur permettent d'accèder à la plateforme située sous la statue. Les clés de cette porte seraient jalousement gardées par un des prestigieux hôtels du quartier...
La Tour Jean Sans Peur
Vestige caché dans la cour d’une école, la Tour Jean Sans Peur est pourtant la plus haute tour médiévale encore visible à Paris. Elle est emblématique de l’architecture des logis princiers du XVe siècle. Haute de 27 mètres, la Tour, édifiée en 1408 par le duc Jean de Bourgogne, faisait partie intégrante d’un hôtel bâti en 1270 pour le neveu du roi Saint Louis.
Le duc était également surnommé Jean Sans Peur pour avoir fait assassiner, en 1407, son cousin, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI. L’édifice avait pour vocation de protéger le duc d’éventuelles représailles.
Un escalier à vis surplombé d’une sublime voûte au décor végétal, ainsi que deux chambres semblables, au confort remarquable pour l’époque, sont visitables. La chambre de son plus proche serviteur était, en effet, la réplique exacte de la sienne, pour induire en erreur d’éventuels assassins.
La Tour Jean Sans Peur est désormais la seule partie subsistante du luxueux Hôtel des Ducs de Bourgogne.
L’horloge de la conciergerie
Le cadran qui orne une des tours du Palais de la Cité est, en réalité, la plus ancienne horloge de Paris.
Commandée par Charles V, vers 1371, son mécanisme est construit par l’horloger Henri de Vic. Première horloge publique de Paris, elle marque l’heure du roi, alors que la population se référait traditionnellement aux églises.
Par ce biais, le roi affirme la primauté du pouvoir royal et son émancipation vis-à-vis du pouvoir de l’Église.
Aux XVe et XVIe sièclex, le cadre extérieur est remanié, puis Henri III commande un nouveau cadran. La volonté d'en faire un symbole du pouvoir royal est confirmée par le souverain, qui fait orner le bas-relief de deux figures allégoriques représentant la Justice et la Loi.
Abîmée à la Révolution à cause de ses emblèmes royaux, elle a été restaurée pour la dernière fois en 2012. Son aspect actuel est conforme aux couleurs, dorures, symboles et sculptures retrouvés sur le plus vieux document la représentant, daté de 1852 et conservé à la Bibliothèque Nationale de France.
La plus vieille maison de Paris
La plus ancienne maison de Paris ne se trouve pas au milieu des maisons à colombages du Quartier Latin, comme on pourrait le croire, mais dans le 3e arrondissement de Paris. En effet, la maison de Nicolas Flamel, également surnommée « Le Grand Pignon », est située au 51 rue de Montmorency.
Il s’agit d’une maison bâtie par Nicolas Flamel, riche bourgeois parisien, après la mort de sa femme en 1397. Elle avait pour but pour but d'abriter un commerce au rez-de-chaussée et d'accueillir dans les étages les pauvres. En échange du gîte, ils devaient simplement prier pour le couple tous les matins.
Une inscription en frise, au-dessus du fronton, atteste de la date d'inauguration de la maison en 1407. La disposition du rez-de-chaussée a depuis été modifiée. Cependant, trois portes permettent de reconstituer l’agencement de l’époque : la porte centrale permettait d’accéder aux étages, tandis que les deux portes latérales donnaient sur l’entrée des boutiques.
Son fronton, vestige admirable de la maison, a été classé monument historique en 1911. Des anges et les initiales de Nicolas Flamel, ornent les piliers. Cependant, il n’a jamais habité la demeure, préférant en faire don aux plus démunis.
Aujourd’hui la maison accueille une auberge typiquement parisienne, où l'on peut déguster des plats gastronomiques français.
La salle Labrouste de la Bibliothèque Nationale de France Richelieu
En 1854, l’architecte Henri Labrouste vient de terminer les travaux de la Bibliothèque Sainte Geneviève, chef d’œuvre du XIXe siècle. À partir de 1861, l’édification d’une nouvelle salle de lecture pour la Bibliothèque Nationale de France lui est confiée. Cette commande est passée un contexte marqué par une émulation culturelle entre États, notamment par le biais des expositions universelles.
Ingénieux, Labrouste imagine une immense salle carrée, déployée autour d’une structure en métal indépendante de la maçonnerie, supportant neuf coupoles en verre inspirées de l’art byzantin. Ces verrières permettent de baigner de lumière le reliquaire exceptionnel accueillant des millions d’ouvrages.
Deux cariatides monumentales, sculptées par Joseph Perraud, encadrent une porte au fond de la salle. Elle donne accès au magasin central des imprimés, abritant, sur quatre étages, les plus vieux manuscrits des collections nationales.
Un réseau de tubes en acier, inutilisé aujourd’hui, servait autrefois à acheminer les demandes des lecteurs entre le magasin et la salle de lecture.
Les arènes de Lutèce
Avec l’obélisque de la Concorde, les arènes de Lutèce sont aujourd’hui les vestiges les plus anciens de Paris !
Édifiées au Ier siècle de notre ère, à l'Époque Romaine, elles servaient à la fois de théâtre et d’arènes. Elles pouvaient accueillir environ 12 000 spectateurs (soit la taille de l'Accor Arena Hotel - Paris Bercy), grâce à une conception ingénieuse de gestion de flux de personnes.
Des combats de gladiateurs, des exécutions ou des combats de fauves avaient lieu lorsque l’enceinte était utilisée en tant qu’arène. La scène, les niches - dans lesquelles les acteurs récitaient leurs répliques pour projeter le son vers les spectateurs - et les grilles retenant les fauves, sont encore en partie visibles aujourd’hui.
Au XIXe siècle, le site a été sauvé grâce l’intervention de Victor Hugo et certains de ses contemporains. Ils rappellent alors l’origine et l’histoire de ces vestiges, contre la volonté du gouvernement de transformer cet espace en garage à omnibus.