Le Capitole de Toulouse en 8 chapitres
Chapitre 1 : Une histoire de têtes
Emblème de Toulouse, le Capitole est un bijou du patrimoine où se mêlent jeu de pouvoir et génie artistique.
L’histoire commence en 1190 lorsque les capitouls en charge de la gestion de la ville cherchent un site pour ériger « une maison commune ».
Les édiles sont alors organisés sur le modèle des chapitres ecclésiastiques : ils forment la « tête » (« caput » en latin) et prennent les décisions importantes pour la ville. Leur assemblée prend donc tout naturellement le nom de « Capitulum » (chapitre).
Au cours des siècles, de nouveaux bâtiments s’ajoutent à la maison commune pour créer une véritable cité administrative. A la Renaissance,, un greffier donne à l’ensemble la dénomination de « Capitolium », référence au nom latin du « Capitole » de Rome, affirmant ainsi l’importance du lieu.
Le Capitole est donc le fruit de 8 siècles d’une histoire complexe que nous ne tenterons pas de démêler ici. Nous vous invitons simplement à découvrir quelques trésors qui gardent encore aujourd’hui la mémoire de la Ville Rose.
Chapitre 2 : La tour de papier
Au XVIe siècle, le roi François 1er est en guerre contre l’empereur Charles Quint qui règne sur l’Espagne. Les soldats ibériques menacent fortement le Sud du royaume de France. En 1525, les capitouls décident donc de construire une tour pour renforcer les défenses de la ville et protéger la poudre à canon. Son aspect fortifié lui vaut le nom de « donjon ».
Mais un autre trésor de guerre est enfermé au même moment dans l’édifice : les archives municipales, garantes des droits et de la mémoire de la ville … Elles seront conservées dans la partie haute de la tour jusqu’en 1946 !
Une preuve que la plume est plus puissante que l’épée ?
La tour menaçant de tomber au XIXe siècle, elle est restaurée par Eugène Viollet-le-Duc qui ajoute un très original beffroi flamand avec son clocheton.
Le donjon trône aujourd’hui sur le square Charles-de-Gaulle, derrière le Capitole et il abrite l’office de tourisme de la ville, depuis que les Archives l’ont quitté !
Chapitre 3 : Les portes du temps
De nombreux bâtiments du Capitole n’ont pas eu la chance de la tour du Capitole et ont malheureusement disparus.
Il reste cependant de majestueuses portes qui témoignent de la magnificence des lieux :
- le portail sculpté par l’architecte toulousain Nicolas Bachelier en 1545 pour l’accès aux salles accueillant les assemblées capitulaires - nommées consistoires (le grand a disparu et le petit occupait la salle basse du Donjon). Il est toujours visible dans la cour Henri IV du Capitole (à gauche dans la photo ci-dessus), surmonté de la statue d’Henri IV.
- une porte datant de 1575, dites "de la Commutation", est aujourd’hui présentée au Jardin des Plantes de Toulouse (au centre dans la photo ci-dessus), adossée à celle de l’Arsenal (17e siècle).
- l’impressionnant portail du Grand Consistoire, destiné aux grandes cérémonies à partir de 1552, est aujourd’hui conservé au musée du Louvre à Paris (à droite dans la photo ci-dessus),
- la porte en bois du Grand Consistoire est, quant à elle, exposée au musée Paul Dupuy de Toulouse.
Chapitre 4 : Un masque de pierre
Au XVIIIe siècle, les capitouls sont lassés de l’ensemble hétéroclite formé par les bâtiments du Capitole. Afin de masquer les premiers édifices et donner une certaine unité, la façade actuelle est construite de 1750 à 1760 par l’architecte Guillaume Cammas.
Elle est bâtie en pierre calcaire blanche et en brique rouge. Un superbe effet de contraste naturel imaginé par son concepteur qui ne sera pourtant dévoilé qu’en 1988 ! Les matériaux ayant été recouverts de peinture jusque là.
A la création du commun conseil au XIIe siècle, Toulouse est divisée en quartiers, nommés Capitoulats. A partir du 14e siècle, leur nombre est arreté à 8 : Ils sont symbolisés par les colonnes en marbre de la partie centrale de la façade.
Les blasons présents sur les balcons sont ceux des capitouls en place en 1750. Cela ne fut pourtant pas toujours le cas. En effet, à la fin des travaux en 1760, les édiles ayant changé, ils décidèrent de mettre leurs propres armoiries sur les balcons. Les blasons initialement prévus furent cachés dans les combles du Capitole.
La tradition suivit et à chaque changement de capitoul jusqu’en 1770, les blasons étaient remplacés. Mais à la Révolution, ils sont arrachés. Ce n’est qu’en 1827 que l’on retrouve les premiers blasons oubliés dans les combles. Ils sont alors remis en place puis substitués par des copies en 1988.
Chapitre 5 : D’illustres intérieurs
Malgré la magnificence de la façade, la véritable beauté du Capitole réside dans ses somptueux intérieurs qui rendent hommage au génie des artistes toulousains.
Ainsi le grand escalier d'honneur mène au joyau de l’édifice : la salle des Illustres.
Erigée en 1892, cette galerie de 60 mètres de long et de 9 mètres de large met en lumière l’Histoire de Toulouse.
8 peintres et 6 sculpteurs (dont Henri Martin, Paul Gervais, Paul Pujol, Edouard Debat-Ponsan, Jean-Paul Laurens ou encore Benjamin Constant) furent chargés de décorer la salle de fresques et de statuts représentant des moments ou des personnages clés de la vie de la cité.
On notera par exemple :
- le buste de Pierre-Paul Riquet, fondateur du Canal du Midi et le tableau "Une visite au sculpteur" d'Edouard Debat-Ponsan qui s’inspire de la création du bas-relief de Lucas des Ponts-Jumeaux (voir notre article le Canal du Midi à Toulouse),
- le tableau "Entrée du Pape Urbain II en 1096" par Benjamin Constant,
- le tableau « La muraille » par Jean-Paul Laurens qui illustre le siège de Toulouse par Simon de Montfort.
Chapitre 6 : Les saisons de l’Amour
D’autres salles du Capitole renferment des chefs-d’œuvre :
- la salle du conseil municipal,
- la salle Henri Martin présente 10 toiles monumentales autour des bords de la Garonne et des Saisons,
- la salle Gervais est décorée par le peintre sur le thème de l’Amour. Un sujet approprié pour une ancienne salle des mariages !
Chapitre 7 : Toulouse lyrique
Le Capitole n’est pas que le lieu du pouvoir municipal de Toulouse. Dès 1736, un théâtre est intégré à l’édifice.
Il est reconstruit et réaménagé plusieurs fois, en particulier en 1923 après un terrible incendie survenue quelques années plutôt, et en 1996 avec des aménagements contemporains.
Le théâtre du Capitole est aujourd’hui encore un haut lieu de l’art lyrique et du ballet en France avec une jauge de plus de 1100 places.
Chapitre 8 : Le Capitole hors les murs
Bouclons notre tour du Capitole par l’imposant parterre qui précède le bâtiment principal. Il fut tour à tour nommé : « Place Royale », « Place de la Liberté », « Place Commune », « Place de la Mairie », « Place Impériale » et enfin « Place du Capitole » en 1848.
L’artiste Raymond Moretti dessine, dans les années 90, la monumentale croix occitane qui jonche la place. Les 12 extrémités de la croix représentent les signes du zodiaques, les mois de l’année et les heures du jour. Le peintre a également réalisé une série de fresques sur les arcades de la place qui retrace l’Histoire de la ville et de la région.
Les mille et un trésors du Capitole n’attendent plus que vous ! Pour en savoir plus sur le patrimoine toulousain et les merveilles de Haute-Garonne : c'est ici !
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