Le château de Langeais : au cœur de l'histoire de France
Parmi les nombreux châteaux du Val de Loire, le château de Langeais, situé en Indre-et-Loire, a joué un rôle décisif dans la construction du territoire français tel que nous le connaissons. Charles VII, Louis XI ou encore Charles VIII y ont laissé leur empreinte...
Découvrez ce superbe château, construit à l'aube de la Renaissance, où s'est tenu le mariage du roi Charles VIII et de la duchesse Anne de Bretagne, événement qui a scellé le rattachement de la Bretagne à la France !
Langeais : une forteresse convoitée
Le redoutable comte d'Anjou, Foulques Nerra, fonde, à la fin du Xe siècle ,une place forte à Langeais. Son objectif est de surveiller l’axe stratégique entre Tours et Saumur.
Surplombant la Loire, Langeais fait l’objet de rivalités entre les comtes de Blois et d’Anjou, qui se disputent la forteresse durant plusieurs décennies.
Les Plantagenêt mettent un terme à ces luttes intestines en devenant maîtres des lieux jusqu’au XIIe siècle.
Les péripéties du château de Langeais ne s’arrêtent pas là. Au début du XIIIe siècle, le roi de France, Philippe Auguste, mène plusieurs combats victorieux contre la couronne anglaise. La forteresse entre définitivement dans le giron de la couronne de France à partir de 1206.
La Renaissance s’invite au château de Langeais
À partir du milieu du XIVe siècle, la guerre de Cent Ans fait rage dans le royaume de France. La forteresse de Langeais subit les attaques violentes et les pillages des armées anglaises. Après ces terribles destructions, le Dauphin Charles, futur Charles VII, décide, en 1422, d’abattre ce qui reste de la forteresse de l’an mil. Il laisse, cependant, le vieux donjon de pierre intacte.
Son fils, le roi Louis XI, décide de construire à cet emplacement un nouvel édifice. En 1465, il confie les travaux aux architectes Jean Bourré et Jean Briçonnet.
Depuis la ville, la façade de Langeais garde encore un pied dans le Moyen Âge : pont-levis, grosses tours et mâchicoulis sont construits pour défendre le château.
Côté jardin, l'imposante forteresse médiévale laisse place à une demeure de plaisance Renaissance. Les grandes fenêtres apportent de la lumière aux pièces d’où l’on peut admirer une vue agréable sur le parc. Dans les appartements, tout le luxe et le confort du début du XVIe siècle ont été installés.
Témoin du passage entre l’architecture défensive du Moyen Âge et le style raffiné de la Renaissance, le château de Langeais constitue un véritable joyau de la couronne.
Louis XI confie la demeure, en 1466, à son cousin François de Dunois, fils d'un célèbre compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.
Le château de Langeais depuis les jardins
Langeais : un écrin pour le mariage de Charles VIII et Anne de Bretagne
Le château de Langeais accueille, à la fin du XVe siècle, un mariage royal qui scelle le destin du royaume de France.
Anne de Bretagne devient l’héritière du duché de Bretagne à la mort de son père François II, en 1488. Cet héritage lui confère une grande notoriété chez les princes d’Europe qui souhaitent conclure un mariage avec elle, pour mettre la main sur le duché de Bretagne.
Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur du Saint-Empire romain germanique, épouse par procuration la duchesse Anne. Le roi de France Charles VIII, mécontent en apprenant la nouvelle, lance une offensive contre le duché de Bretagne, obligeant la duchesse Anne à annuler son mariage.
Aussitôt, la cour de France décide du mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne. Pourtant, le pape n'a pas encore prononcé l'annulation de son mariage avec Maximilien d'Autriche.
La cérémonie se déroule dans l’intimité, le 6 décembre 1491, loin du faste et de la liesse populaire. En épousant le roi de France, Anne, âgée de 14 ans, scelle une union décisive en apportant au royaume, le duché de Bretagne.
Par ce mariage, la jeune reine s’engage aussi à épouser le nouveau souverain, si Charles VIII venait à mourir sans avoir donné naissance à un héritier mâle. Le roi meurt sept ans après leur mariage à Langeais. Anne épouse alors le cousin de Charles VIII, Louis XII.
Retrouver le faste du château de Langeais
À partir du XVe siècle, le château de Langeais tombe dans l'oubli. Il faut attendre 1886 pour que Jacques Siegfried l'achète et le sauve de la ruine. Homme d’affaires français et amateur d’art, il restaure et aménage l’intérieur du château, durant près de vingt ans.
Les seize salles, richement meublées, racontent la vie quotidienne de la noblesse de la fin du Moyen Âge. Mobilier sculpté, carreaux aux motifs médiévaux et tapisseries des XVe et XVIe siècles, montrent le cadre de vie des grands seigneurs de cette époque charnière.
En 1904, Jacques Siegfried donne le château de Langeais à l’Institut de France. La société Kléber Rossillon a reçu ensuite de l'Institut de France, la mission de préserver et de valoriser le lieu.
Le parc du château est désormais jalonné de structures en bois et d'une cabane perchée permettant de comprendre les méthodes de construction au Moyen Âge. Au cœur de ces jardins, s'élève toujours le donjon médiéval, considéré aujourd’hui comme l’un des plus anciens donjons de pierre. Un peu plus loin, le belvédère offre un magnifique point de vue sur les bords de la Loire.