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14/04/2016
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La mémoire de la pierre

Face aux drames des populations martyrisées, arrachées à leur terre ; face à la misère et à la guerre, que vaut la défense des « vieilles pierres » au regard de la préservation des vies humaines ? Le sujet est sensible, la réponse incertaine.
Je ne me permettrai pas d’aborder ce thème de façon hâtive, de grandes institutions s’en préoccupent depuis longtemps.

Temple de Bel à Palmyre en 2010, détruit en 2015 par l’Etat Islamique © Bernard Gagnon - CC BY-SA 3.0
Temple de Bel à Palmyre, en 2010, détruit en 2015 par Daesh

J’aimerais simplement rappeler que le patrimoine mondial ne se limite pas à des édifices ou des biens culturels, il incarne aussi la mémoire de l’humanité.

En décembre dernier j’intervenais dans une conférence sur le thème des « Machines à remonter le temps ». J’y évoquais le rôle des musées qui mettaient en lumière, à travers les œuvres présentées, l’aventure collective d’un peuple. La valeur culturelle de ces biens n’est pas seulement esthétique, elle est la courroie de transmission qui siècle après siècle, forge l’âme d’une nation.
La destruction de cet héritage consiste à couper les populations de leurs racines et les priver de leur liberté.

Musée nationale de Palmyre le 28 mars 2016 © DGAM, Musée national de Palmyre (28 mars 2016)
Musée nationale de Palmyre le 28 mars 2016

Faire table rase du passé n’est pas l’apanage de notre époque mais aujourd’hui le phénomène prend une dimension effarante. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a même évoqué la notion de « nettoyage culturel » !

Cour de la mosquée de Djingareiber, Tombouctou © KaTeznik - CC BY-SA 2.0
La mosquée Djingareiber à Tombouctou, au Mali, détruite en 2012 et reconstruite en 2016

L’actualité rend plus pressante la nécessité d’agir. La France est en première ligne dans ce combat, imaginant un « droit d’asile » pour les biens culturels menacés. Dans un rapport très complet datant de novembre 2015, Jean-Luc Martinez, président-directeur du Musée du Louvre énumérait 50 propositions permettant de réduire l’hécatombe.

Jean-Luc Martinez et Irina Bokova en mars 2015 © UNESCO/P. Chiang-Joo
Jean-Luc Martinez et Irina Bokova en mars 2015

Certaines sont déjà en cours de réalisation dont la numérisation à l’échelle planétaire des sites majeurs et des pièces détruites, fragilisées ou tout simplement volées. Triste constatation, hormis la violence, le pillage systématique est une des causes essentielles de la disparition de nos plus belles créations.

D’autres points ont été soulevés dont « la nécessité de répartir entre les pays des programmes de renaissance des sites ou encore l’établissement de plans d’évacuation d’urgence des œuvres. ».

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Liste du patrimoine mondial en péril

Présentées à l’UNESCO, espérons que ces nombreuses suggestions pourront être appliquées…
Il n’y a pas de fatalité face à la barbarie. Il ne s’agit pas d’une mission impossible. La route sera longue et chaotique mais la mémoire de la pierre est une donnée universelle indispensable à la bonne marche de l’humanité.
Ne nous laissons pas atteindre par le syndrome de Sisyphe !

 

Patrick de Carolis

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