Un Patrimoine sur les rails …
Dès le milieu du XIXème siècle l’apparition du chemin de fer provoque un bouleversement dans l’aménagement du territoire.
Campagnes et villes changent d’aspect. La nouvelle physionomie du paysage induite par ce moyen de transport révolutionnaire, inspire peintres et écrivains. Caillebotte, Monet glorifient à travers leurs toiles, la locomotive, cette « bête humaine » dont Zola fera un chef d’œuvre.
La Gare Saint-Lazare par Claude Monet, 1877, Musée d’Orsay
En milieu urbain, les gares, symboles d’une modernité triomphante, participent à l’élaboration d’un patrimoine architectural inédit.
La Tour de l’Horloge de la gare de Lyon, impressionnant beffroi qui domine du haut de ses 67 mètres les grands axes de la capitale, en est une belle illustration.
La Tour de l'Horologe de la Gare de Lyon
De même celle d’Orsay dont le peintre Edouard Detaille écrivait en 1900 qu’elle « avait l’air d’un Palais des Beaux –Arts. »
Au delà du rail et des édifices prestigieux qui accompagnèrent sont développement, de nombreuses activités vinrent se greffer à la fonction ferroviaire. L’administration du flux des voyageurs, la gestions du fret et tant d’autres diversifications nécessiteront la création de locaux adaptés.
L’imposant parc immobilier de la SNCF qui en résultera, comprend aujourd’hui 12 millions de mètres carrés de bâtiments industriels et tertiaires, 1 million de mètres carrés dédiés aux activités sociales, 20 000 hectares de foncier dont 2000 urbanisables.
La gestion d’un tel mastodonte n’est pas une tâche aisée. Entre cession et rénovation l’arbitrage peut s’avérer douloureux. La filiale en charge de cette activité développe des voies originales pour dynamiser cet ensemble d’exception.
A cet égard la renaissance de la « Halle Freyssinet » est emblématique. Cet ancien entrepôt, un temps voué à la destruction, à la suite de lourds travaux financés par son flambant propriétaire Xavier Niel, est devenu une magnifique pépinière high-tech pouvant accueillir près de 1000 start-up !
La Halle Freyssinet 2017 par le cabinet Wilmotte et Associés SA
D’autres exemples méritent d’être cités dont celui de l’ancien centre de tri postal de la Gare Bordeaux Saint-Jean. Cet immeuble art déco possède des éléments architecturaux remarquables : mosaïques Gentil & Bourdet, parapets en fer forgé, bagues de cabochons et panneaux d’écaille qui en font « un écrin exceptionnel ».
Le centre de tri Saint-Jean à Bordeaux réalisé par Jaussely
Face à ce vaste chantier de réhabilitation, une politique immobilière maitrisée est un défi majeur pour les cheminots du XXIème siècle. L’histoire du chemin de fer qui se confond depuis son origine avec celle de la France, mérite d’être valorisée et son patrimoine définitivement lancé sur les rails !
Patrick de Carolis