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Le Versailles charentais, chimère des frères Réthoré

Élevé sur la colline qui sert de ligne de démarcation entre les eaux de la Charente et de la Garonne, le château de la Mercerie a connu une histoire rocambolesque du XVIe au XXe siècle.

Les origines :

Château Saint-Paul

Le  site est occupé dès le début du XVIe siècle par le château de la famille Rousseau (sans rapport ni avec l’écrivain ni le peintre) qui reste propriétaire des lieux jusqu’en 1834.

Les constructions se succèdent au gré des finances et des goûts de l’époque.

Le manoir de style Empire est rasé, en 1892, pour laisser place à un petit castel de style troubadour qui subsiste encore dans la partie occidentale du château. Il est aujourd’hui appelé château Saint-Paul.

Le Versailles charentais :

C’est en 1924 que le destin de ce château bascule, lorsqu’il est racheté 80 000 francs par les frères Réthoré.

Raymond et Alphonse sont Angevins. Le premier est en quête d’une implantation locale pour faire carrière en politique, il devient député en 1936. Raymond est rapidement rejoint par Alphonse, féru d’architecture.


Raymond et Alphonse Réthoré

 

Détail de la façade du château de la Mercerie

C’est le début de la renaissance du château de la Mercerie et d’un chantier pharaonique. Alphonse dessine les agrandissements et notamment la façade… Longue de 220 mètres, elle est inscrite au Guinness Book des records comme la plus grande façade construite au XXe siècle.

C’est ainsi que le château est surnommé « Versailles charentais ». Impression accentuée par les colonnades et balustres inspirées du célèbre château.
Alphonse Réthoré puise également dans les temples de l’Antiquité grecque, les palais Renaissances et le style Empire pour parfaire la beauté de son œuvre.

Les aménagements de la Mercerie :

Intérieur du château de la Mercerie

Afin de meubler le château, Raymond court les salles de ventes et les antiquaires de l’Europe entière.

Il achète mobilier, statues, peintures, lambris, cheminées… et acquiert une partie du splendide mobilier de la duchesse de la Rochefoucauld, qui aurait appartenu, en partie, au prince Alexei Fiodorovitch Orlov.

Au cours d’un de ses voyages, il tombe sous le charme des azulejos portugais. Il commande, à une des plus grandes faïenceries du Portugal, 32 panneaux monumentaux (6 mètres de haut sur 2,60 mètres de large) qui reproduisent les chefs d’œuvres des plus grands peintres, dont Hubert Robert, Le Lorrain ou Joseph Vernet.

Autour du château, Raymond crée un arboretum de 50 hectares, composé grâce aux essences rares qu’il collecte lors de ses pérégrinations. Il dessine également une roseraie et s’occupe personnellement de l'ensemble.

Façade ouverte avec l'œuvre de Vincent Ganivet entre les arcades

Mais ce projet titanesque coûte une fortune aux frères Réthoré et dans les années 1970, les finances viennent à se tarir. Le chantier est arrêté alors que seules quelques pièces ont été construites derrière l’immense façade qui se transforme alors en portique. 

Alphonse est dévasté par le chagrin de ne pas pouvoir achever son œuvre, il se promène dans le pays habillé comme un « rabalou ».

Décédé en 1983, il est inhumé dans un des piliers du château de la Mercerie. Raymond, le suit trois ans plus tard et repose dans le pilier voisin.

Commence alors une période sombre pour le château. Acheté aux enchères par l’antiquaire parisien Bernard Steinitz, il n’est pas entretenu.
Il change encore de mains plusieurs fois avant d’être acquis, en 2008, par la Foncière Volta qui signe trois ans plus tard un bail emphytéotique de 75 avec la mairie de Magnac-Lavalette afin de restaurer et mettre en valeur les lieux, avec l'association Château de la Mercerie.

Pour en savoir plus sur l’association de sauvegarde du château.

 


Mise en valeur nocturne de la façade du château

 


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