La ronde des crèches : une tradition populaire qui émerveille
Se préparer pour les fêtes réclame ferveur et imagination.
Parmi les grandes aventures de Noël la crèche prend toute sa dimension. Minuscules ou gigantesques, classiques ou modernes, elles font partie du patrimoine populaire universel.
Chaque pays a ses spécificités en la matière. En Pologne, à Cracovie elles sont flamboyantes, construites sur deux étages, évoquant les grands monuments de la ville.
Crèche polonaise
En Italie, à Naples, elles s’enrichissent d’ornements baroques et de personnages en papier peint, véritables œuvres d’art.
Crèche Napolitaine du XVIIIe siècle
En France, les habitudes varient d’une région à l’autre en fonction des coutumes locales. En bois, en pierre, en terre cuite, en cire, en verre, en plâtre ou en porcelaine ; ornées de personnages colorés selon la technique sulpicienne ou provençale, elles s’offrent aux regards émerveillés des enfants. Des concours ont lieu pour déterminer quelle serait la plus grande, la plus originale.. L’art s’en mêle comme à Paris où l’Eglise de la Madeleine confie chaque année à un artiste différent, le soin de la dessiner.
Crèche provençale
Mais que représentent ces crèches, dont le nom proviendrait du latin cripia qui désigne une mangeoire ? Elles mettent en scène la sainte famille, - l’enfant Jésus, la Vierge Marie et Saint Joseph entourés de l’âne et du bœuf. Selon la légende l’enfant Dieu serait né dans une étable : faute de place une auge recouverte de paille lui aurait servi de berceau.
Essentiellement illustré par des gravures, des tableaux ou des fresques, le mythe de la nativité prendra au fil des siècles une allure plus populaire. L’histoire veut que la première crèche vivante ait été créée par saint François d’Assise à Greccio en Italie en 1223. Puis les figurines remplaceront les humains, les Jésuites utilisant ce rituel pour expliquer le mystère de la naissance du Christ. Au XVIIème siècle les familles nobles napolitaines s’emparèrent de cette tradition. Il faudra attendre les années 1900 pour qu’elle se démocratise.
Crèche napolitaine du XVIIIe siècle
De nos jours, l’aspect mystique s’estompe avec le développement d’usages plus folkloriques. Les santons tirés du mot santoun qui signifie « petit saint » en provençal, connaissent un engouement sans limites. Des dizaines de statuettes d’argile illustrant les métiers traditionnels - lavandières et meuniers, ravaudeuses et boulangers, rémouleurs et vendeuses des quatre saisons et tant d’autres encore…- viennent enrichir les abords de la crèche. Les puristes peuvent le regretter.
Maraîchers dans une crèche provençale
Personnellement je reprendrai volontiers à mon compte cette remarque d’un santonnier : « C’est une continuité, quelque chose qui se renouvelle et donne un sentiment de bonheur familial fort ». C’est aussi un rappel en ces temps troublés que la nuit de Noël est un « message de paix qui s’adresse aux hommes de bonne volonté ». Illustration émouvante du patrimoine chrétien universel, la ronde des crèches participe depuis des siècles à l’émerveillement de ces fêtes de fin d’année. Souhaitons que cette belle tradition perdure éternellement !
Joyeux Noël ! Rendez-vous le 7 Janvier pour un prochain édito et en attendant je vous souhaite une année 2016 joyeuse, fraternelle et apaisée.
Patrick de Carolis