Technique et poésie : le rêve d'un architecte
"Le week-end doit être un moment important pour flâner, faire le silence et changer de vitesse."
Cette phrase de l’architecte italien Renzo Piano me semble parfaitement adaptée à ma vie de citadin. Se promener dans Paris est une aventure esthétique et patrimoniale constamment renouvelée.
Récemment, en longeant l’avenue des Gobelins mon attention a été retenue par un immeuble étonnant qui a su marier avec élégance une façade de style haussmannien avec une construction d’avant-garde, très inattendue dans ce quartier aux résonnances populaires.
La Fondation Jérôme Seydoux - Pathé depuis l'avenue des Gobelins
Autrefois, le lieu abritait un théâtre érigé en 1869 selon le modèle des salles à l’italienne qui connut son heure de gloire au début du cinéma muet.
Rénové dans les années 60 puis fermé en 2003, le bâtiment était voué à disparaître. Lui redonner vie en intégrant les technologies les plus modernes était un pari risqué.
Renzo Piano à la demande de la famille Seydoux a su relever ce défi avec une virtuosité remarquable afin d’offrir à la Fondation Pathé son plus bel écrin.
J’avoue avoir été subjugué par cette union improbable entre l’exubérance de la façade sculptée par Rodin, si représentative du XIXème siècle et l’aspect futuriste de "cette coque en béton projetée sur un squelette d’acier" dont la forme ovoïdale semble surgir de terre.
La façade sculptée de Rodin surmontée de la coque de Renzo Piano
En poussant la porte de cet édifice dont je connaissais l’existence mais que je n’avais pas eu le temps de visiter, j’ai découvert un hall lumineux serti de murs de verre, s’ouvrant sur un jardin contemporain. Une note de verdure très appréciable dans cette zone urbaine particulièrement dense.
Jardin contemporain de la fondation Jérôme Seydoux - Pathé
Au sous-sol se trouvent une pièce d’exposition temporaire et une salle de projection.
Au premier la « galerie des appareils » qui retrace huit décennies d’invention cinématographique.
Une partie des collections de la Fondation retraçant l'histoire du cinéma
Puis aux étages supérieurs un exceptionnel fonds d’archives. Le catalogue Pathé en est le joyau principal avec ses 10 000 films dont 9000 films muets !
Collections de la Fondation
Au sommet de cette structure de bois et d’acier, on découvre une verrière à double courbure soutenue par « des arches en lamellé-collé de mélèze », un ovni de verre flottant au-dessus des toits. Si ce double niveau, véritable « bijou architectural» n’est pas toujours accessible au public, on le devine grâce aux maquettes du hall d’accueil.
Bibliothèque de la Fondation
Enfin pour ceux qui veulent approfondir leurs connaissances, ils peuvent porter leurs pas vers la Cité de l’Architecture qui abrite jusqu’au 29 février une exposition dédiée à la méthode Piano. Une œuvre qui se réfère aux siècles passés, pour laquelle l’art et la construction vont de pair, grâce à l’alliance de la technique et de la poésie.
Patrick de Carolis