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01/10/2015
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Un parfum de France

Il existe entre la France et le Japon une attirance mutuelle qui s’est transformée, au fil du temps, en une véritable histoire d’amour. Cette idylle perdure depuis un siècle malgré quelques ruptures dues aux aléas des politiques internationales.

Récemment j’ai pu vérifier la force qui unit nos deux cultures en me rendant à Tokyo, où dans le cadre des mes activités au Musée Marmottan-Monet, j’ai inauguré, le 18 septembre dernier, une exposition consacrée au maître des Impressionnistes.

I
Claude Monet

Amateur d’estampes, Claude Monet s’est beaucoup inspiré des traditions nippones. De leur côté les Japonais ont été les premiers à être sensibles aux grands tableaux des nymphéas dont l’artiste fera l’un des symboles majeurs de son jardin de Giverny.


Nymphéas Effet du Soir

En l’espace d’une semaine la fréquentation du Metropolitan Art Museum de Tokyo où les chefs-d’œuvre du peintre sont exposés, s’est envolée atteignant 100 000 personnes ! Venus respirer ce subtil parfum de France, les visiteurs ont été subjugués par le fleuron de cette exposition exceptionnelle, qui s’intitule, clin d’œil du destin, « Impression soleil levant ».


Impression Soleil Levant

Lors de ce séjour, trop court malheureusement, j’ai pris la mesure de l’extraordinaire engouement de nos amis japonais pour l’art de vivre à la française. La peinture y joue un grand rôle. Des collectionneurs nippons ont ainsi regroupé, au siècle dernier, avec une prescience remarquable, des tableaux d’artistes français parmi les plus admirés aujourd’hui mais qui, à l’époque, n’étaient pas toujours appréciés par leurs propres concitoyens !

Si les voyages forment la jeunesse, je pense surtout qu’ils ouvrent l’esprit en permettant à des cultures différentes de se côtoyer, de s’apprécier et de s’enrichir mutuellement.

A travers mon émission, Le Grand Tour, j’ai eu l’occasion de tourner au Japon et de rencontrer des artisans qui pratiquaient leur art selon des techniques ancestrales. Les échanges que nous avons eus m’ont permis de mieux appréhender leur conception du patrimoine.
Si en France nous privilégions le bâti, au Japon on protège le savoir-faire. Détruire un bâtiment vétuste pour le reconstruire à l’identique ne choque personne au Japon. Dans un pays où l’habitat s’avère fragile en raison des nombreux séismes dont il est victime, le savoir-faire prend une place primordiale dans la transmission de la connaissance. Une approche originale qui devrait nous servir à mieux valoriser l’artisanat hexagonal.

Si le parfum de France enivre les esprits nippons par le biais de sa peinture et de ses merveilles architecturales, l’expérience japonaise et ses techniques millénaires peuvent nous aider à élargir voire transformer notre vision du patrimoine

Patrick de Carolis