Nîmes, l’Antiquité romaine se vit au présent
Monuments de calcaire blanc, colonnes corinthiennes et arènes dignes des plus grandes cités romaines, non, nous ne sommes pas à Rome, mais bien à Nîmes, au cœur du Gard.
Ancienne ville gallo-romaine, Nîmes possède un patrimoine bâti remarquable qui rappelle son glorieux passé antique. Après avoir flâné dans les Jardins de la Fontaine et découvert le temple de Diane, aventurez-vous plus avant dans l'histoire de la cité à travers ses édifices emblématiques.
Parcourez ses ruelles et partez à la découverte des monuments romains de l'une des plus belles villes de l’empire !
Jardins de la Fontaine et le temple de Diane ©Histoires de patrimoine
Avant Auguste, il y avait Nemausus
À quelques kilomètres du majestueux Pont du Gard, la ville de Nîmes est connue pour son patrimoine antique, reflet de son apogée sous l’Empire romain. Pourtant, son histoire débute bien avant la présence des Romains en Gaule. Pour revenir aux prémices de sa fondation, il faut remonter au VIe siècle av. J.-C., à la rencontre d’un peuple celte : les Volques Arécomiques.
C’est autour d’une source d’eau potable, située au pied du mont Cavalier, que ce peuple prend racine. S’implantant d’abord sur les hauteurs de la colline, les Celtes investissent, de manière définitive, le mont Cavalier, qui devient l’oppidum primitif de Nemausus (nom latinisé du celte Nemausos).
Jardins de la Fontaine ©Histoires de patrimoine
Tout comme les oppida des alentours, tels que Nages et Ensérune, l’espace urbain de la cité se précise à partir du IIIe siècle av. J.-C. Les habitants divinisent la source du mont Cavalier et son eau, en consacrant un sanctuaire en l’honneur du dieu de la source Nemausus. Les premiers édifices sont alors érigés, dont la tour Magne, sur les hauteurs de la ville.
Au Ier siècle av. J.-C., ce peuple celte étend son influence au-delà de Nemausus. C’est à cette époque qu’arrivent les légions romaines.
Nîmes ville romaine par excellence
En 120 av. J.-C., les Volques Arécomiques laissent des hommes venus de Rome s’installer sans heurt dans leur ville. Nemausus est sur le point de devenir gallo-romaine. C’est au Ier siècle de notre ère, après que l’Empire romain ait été créé en 27 av. J.-C., que Nîmes entame réellement sa romanisation. À cette époque, l’empereur Auguste fait de la cité une colonie de droit latin à part entière.
La ville prend alors le nom d'Augusta Nemausus.
La cité s’agrandit sur la colline et dans la plaine tout en gagnant en importance politique. Ainsi, Nîmes obtient le droit de frapper sa monnaie.
Reconnaissable par son crocodile, enchaîné à un palmier couronné de lauriers, l’As de Nîmes est à l’origine des armoiries de la ville. Elle représente la soumission de l’֤Égypte à Rome après la victoire navale d’Actium, remportée par Octave et Agrippa sur Marc-Antoine et Cléopâtre en 31 av. J.-C.
Fontaine au Crocodile place du Marché à Nîmes ©Histoires de patrimoine
La colonie romaine se développe au fil des siècles, profitant de sa localisation sur la très empruntée Via Domitia, reliant Rome à l’Espagne.
À son apogée, au IIe siècle de notre ère, son enceinte, longue de 6 kilomètres, entoure un espace de 220 hectares pour 25 000 habitants. Elle est l’une des villes les plus importantes de l’Empire romain.
Depuis Auguste, les successeurs de l'empereur, dont Antonin le Pieux, s’efforcent de faire de Nîmes un modèle de romanité pour toute la Gaule. Ainsi, ils l’enrichissent de monuments majestueux, symboles exceptionnels du faste romain.
Partez sur les traces de la Nîmes antique en découvrant trois de ces joyaux.
Arènes de Nîmes et Tour Magne ©Histoires de patrimoine
La Tour Magne, vestige d'une double identité
La visite des édifices antiques débute par le monument le plus ancien : la Tour Magne. Bâti vers 400 av. J.-C., cet édifice gaulois témoigne de l’importance et du développement de Nemausus. Construite par les Volques Arécomiques, elle est destinée à protéger la ville. En forme de « pain de sucre », ses murs de pierres sèches s’élèvent, à l’époque, à 18 mètres de haut.
Sous le règne d’Auguste, la cité est fortement transformée par la volonté de romanisation de l’empereur. Cependant, loin de vouloir détruire la Tour Magne, les Gallo-Romains conservent, avec soin cette tour, qui est l'un des symboles de leur cité. Point de départ de la nouvelle enceinte défensive, sa hauteur est multipliée par deux et ses murs de pierres sèches sont doublés d’un parement de pierres blanches.
Du haut de ses 36 mètres, la Tour Magne permet de surveiller une grande partie du territoire nîmois. Visible à une grande distance, elle témoigne de la puissance de Nîmes auprès des voyageurs, empruntant la Via Domitia.
Dernier exemple des 80 tours de ce type qui ponctuaient les remparts de Nîmes, la Tour Magne est désormais ouverte au public. Un escalier en colimaçon vous entraîne à 32 mètres de haut pour vous dévoiler un panorama splendide sur Nîmes, ses monuments et sa région !
En gravissant les marches, ne manquez pas d’écouter l’audioguide (gratuit). La voix de Bruno Solo, vous conte l’histoire de François Traucat, richissime nîmois du XVIe siècle, qui a cherché, en vain, un trésor, au sein du monument, après avoir entendu une prophétie de Nostradamus.
Pour savoir plus sur la Tour Magne et sa visite.
Panorama sur Nîmes depuis la Tour Magne ©Histoires de patrimoine
La Maison Carrée, une représentation du culte impérial romain
Au cœur de Nîmes, sur l’ancien forum, trône la Maison Carrée. Elle constitue l’un des temples romains les mieux conservés au monde.
Bâtie au cours du Ier siècle de notre ère, à la demande de l’empereur Auguste, elle est dédiée à la gloire de ses deux petits-fils : les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar, et sert au culte impérial.
Les habitants ne sont pas admis au sein de l’édifice, réservé aux prêtres et aux initiés. Ainsi, les cérémonies religieuses sont célébrées devant le temple, au centre de la cité.
Bien qu’appelé « Maison Carrée », ce monument est, en réalité, construit sur un plan rectangulaire. Fortement inspiré pas les temples d’Apollon et de Mars Ultor à Rome, il impressionne les visiteurs par la majesté et l’harmonie de ses proportions.
Respectant la tradition architecturale romaine, ce temple est édifié sur un podium, permettant de le mettre en valeur, au-dessus de l’agitation publique. Mesurant pas moins de 13 mètres de haut pour 26 mètres de long, il se détache du décor urbain grâce à ses 30 colonnes d’ordre corinthien.
Sculptures de calcaire blanc, frise de rinceaux et chapiteaux de feuilles d’acanthes, rien n’est laissé au hasard dans la conception de cet édifice. Aussi, l’escalier menant à son entrée compte quinze marches exactement. Ce nombre, loin d’être anodin, permet au prêtre, lors des cérémonies, de débuter son ascension du pied droit, évitant ainsi de terminer la montée du pied gauche, ce qui serait de mauvais augure.
Au cours des siècles, ce monument devient, tour à tour, une maison consulaire, une église et un musée des arts antiques, ce qui lui a permis d’arriver dans cet état de conservation exceptionnel jusqu’à nous. Elle est, de ce fait, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, le 18 septembre 2023.
Aujourd’hui ouverte au public, la Maison Carrée de Nîmes présente aux visiteurs des panneaux de médiation, maquettes et vidéos, permettant de mieux comprendre son histoire, son contexte, son architecture et sa valeur unique et universelle ! Un audioguide (gratuit), permet également de s'immerger dans la vie de l'édifice.
Pour en découvrir davantage sur la Maison Carrée de Nîmes.
Maison Carrée et ancien forum ©Histoires de patrimoine
Les Arènes de Nîmes : amphithéâtre le mieux conservé du monde romain !
Bâties au Ier siècle de notre ère, les Arènes de Nîmes sont certainement le monument le plus célèbre de la ville et pour cause : il s’agit de l’amphithéâtre antique le mieux conservé du monde romain !
Conçues pour accueillir des spectacles de grande ampleur, les arènes possèdent une longueur de 133 mètres et une piste ovale de 68 mètres de long, sur 38 mètres de large. Ces dimensions offrent aux 24 000 spectateurs, assis sur les gradins, une vue imprenable sur les courses, combats et autres festivités donnés devant eux. L’architecture ingénieuse du lieu permettait au public des différentes travées (et classes sociales) de ne pas se croiser et de pouvoir évacuer les lieux en 10 minutes.
Érigé une vingtaine d’années seulement après le Colisée de Rome, cet amphithéâtre présente, encore aujourd’hui, des vestiges presque intacts. Sa façade extérieure, haute de 21 mètres, est parfaitement conservée. Les arcades, au nombre de 120, surplombent les passants et les visiteurs depuis 20 siècles !
Si ces arcades sont si bien conservées, c’est qu’elles ont servi d’enceinte de protection. Transformés en citadelle par les Wisigoths, les murs de l’amphithéâtre abritent les habitants de la ville lors des multiples invasions qui secouent l’Antiquité tardive et le Moyen Âge. Un quartier se crée au sein de l’édifice qui compte plus de 200 maisons et 2 églises. Ces constructions sont finalement détruites aux XVIIIe et XIXe siècles pour redonner au monument le visage que nous lui connaissons aujourd’hui.
Au fil de votre visite, grâce à l’audioguide, laissez-vous guider par le dialogue imaginaire d’un journaliste du XXIe siècle rencontrant un gladiateur du Ier siècle. Tout en gravissant les escaliers, parcourant les vomitoires et admirant les gradins, plongez dans l’histoire du site. Un voyage au cœur de la gladiature gallo-romaine vous attend !
Chaque été, des visites guidées sont organisées, pour explorer les entrailles de ces arènes, deux fois millénaires... Si vous préférez les expériences immersives, ne manquez pas les visites théâtralisées données, chaque été, par la compagnie Ankreation !
Pour en savoir plus sur la visite des Arènes de Nîmes.
Arènes de Nîmes ©Histoires de patrimoine
Les Journées Romaines de Nîmes
Chaque mois de mai, Nîmes replonge en Antiquité ! Afin de mettre en valeur son patrimoine et son histoire, la ville s’anime de multiples événements culturels. Reconstitutions historiques, parcours de visites inédites, ou encore banquets enflamment les rues de la cité redevenue romaine.
L’occasion de découvrir, chaque année, un nouveau spectacle historique aux Arènes de Nîmes. La représentation de 2024, a pour titre Barbares et vous fera revivre les heures difficiles de la ville à la fin de l'Antiquité. Plus de 550 reconstituteurs, venus de toute l’Europe, retracent cette période fondatrice de l’histoire de France.
Arena et les clés du Temps ©Histoires de patrimoine
Pour tout connaître du quotidien des Gallo-romains, profitez des Journées Romaines de Nîmes pour visiter le Musée de la Romanité. Vous pourrez ainsi participer aux démonstrations des pratiques culinaires gauloises, des techniques de tissage, ou des savoir-faire architecturaux. Un voyage au plus près des anciens habitants de Nîmes, la Rome française.
En août, vivez, le temps de quelques heures, l’émulation des Arènes. Plongez au cœur de l’histoire de Nîmes, en participant au nouveau grand spectacle nocturne Arena et les clés du temps ! Assis sur les gradins, à la place même du public antique, admirez des tableaux historiques passionnants, agrémentés de sons et lumières, où plus de 200 figurants en costumes animent la scène durant 6 soirées inoubliables.
Arena et les clés du Temps ©Histoires de patrimoine