Le coq gaulois : emblème français
Un taureau pour l’Espagne, un lion pour l'Angleterre ou encore un aigle pour l’Allemagne, emblèmes de force ou symboles de bravoure, chaque pays possède son animal totem. La France, elle, chante « cocorico » et arbore fièrement un coq !
Le coq gaulois, animal de la basse-cour, moqué puis apprécié à travers l’histoire, est devenu un emblème national au cours des derniers siècles.
Symbole de robustesse, de courage et de dévouement, le coq figure, encore aujourd’hui, sur les monuments célèbres et les maillots des sportifs.
C’est dans l’Aube, en Champagne, qu’est désormais assurée la sauvegarde de la race du coq gaulois, homologuée depuis le 7 septembre 1923.
À quelques kilomètres de l’élevage, l’entreprise Le Coq Sportif, installée depuis plus d’un siècle sur le territoire, associe, quant à elle, le profil du coq gaulois, à sa marque dédiée aux vêtements de sport.
Retour sur l’histoire de ce symbole de la France.
Conservatoire du coq gaulois à Saint-Méry dans l'Aube © Olivier Douard
Gallus : les origines latines d’un emblème
Le lien entre le coq et la France a pour origine un jeu de mots, datant d'il y a deux millénaires.
Le mot latin de gallus, désigne à la fois le coq et les habitants de Gallia : les Gaulois !
Dans la Guerre des Gaules, Jules César compare l’ardeur des Gaulois à la fougue du coq qui protège la poule et ses œufs.
Sous l’empereur Néron, Suétone évoque avec ironie l’effet du chant du coq sur les habitants de la Gaule.
La Gaule devient, à partir de ce moment, liée à jamais au coq gaulois. Le coq, également associé à Mercure, dieu messager et protecteur des voyageurs, apparaît sur les monnaies gallo-romaines.
Vercingétorix, chef gaulois au Ier siècle av. J.-C. ©Patricia M
Le coq gaulois : un animal décrié
Pendant plusieurs siècles, le coq reste, cependant, lié à des valeurs négatives. Les bestiaires médiévaux le décrivent comme un animal prétentieux, voyant sa beauté égale à celle du paon. Le chant du coq est comparé davantage à un cri qu’à un chant mélodieux.
Dans le célèbre Roman de Renart, écrit entre le XIIe et le XIIIe siècle, le coq Chantecler est régulièrement dupé par le goupil.
Certaines expressions médiévales associent l’animal à la niaiserie, à la bêtise ou encore à la perte de la mémoire : « avoir une mémoire de vieux coq » est alors une expression populaire.
Les combats de coqs, communs au Moyen Âge, mettent en scène la violence exacerbée de cet animal.
À cette période, l’héraldique réserve au coq une place médiocre : il est utilisé uniquement pour le blasonnement des familles modestes.
Les auteurs médiévaux, au service du roi d’Angleterre ou de l’empereur d’Allemagne, se moquent du roi de France en le comparant à… un coq ! Les rois Louis VII et Philippe Auguste sont les plus visés par la moquerie.
Le royaume de France est alors comparé à une basse-cour et ses entreprises sont jugées maladroites, comme le comportement gauche du coq.
Philippe Auguste, choisit pour emblème, le sanglier, réputé pour sa puissance et sa ténacité.
Au cours de la guerre de Cent Ans, ces symboles sont utilisés par les belligérants pour orner leurs étendards, ainsi, plusieurs bannières anglaises arborent un lion dévorant le coq.
Le coq et la monarchie française
À partir du règne de Charles VII, à l’orée de la Renaissance, les rois de France se saisissent finalement du coq pour symboliser la force du royaume.
Avec la redécouverte des auteurs antiques, tels que Pline l’Ancien, Élien ou plus tardif, Isidore de Séville, le coq apparaît comme un oiseau robuste, généreux et aimé des dieux. Il est capable d’affronter les animaux plus forts que lui, comme le lion selon Élien.
Dans les emblèmes royaux, le coq se hisse progressivement aux côtés de la couronne et de la fleur de lys.
Avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts, qui impose, en 1539, le français comme langue officielle du royaume, l’utilisation du mot latin gallus, tombe progressivement dans l’oubli. Sous le règne de Louis XIII, le terme de coq le remplace.
Le gallinacé entre dans le lexique iconographique architectural. Il est figuré sur la place Royale à Paris, actuelle place des Vosges, ou encore sur les chapiteaux de la Galerie des glaces à Versailles, aux côtés de la fleur de lys.
Chambre de la reine, Chateau de Versailles ©Coyau
Le roi Louis XIV apprécie particulièrement le coq. Il est associé au soleil et devient l’oiseau du roi par excellence.
Le coq n’est plus l’objet de moqueries, mais plutôt de fierté : comme le dit l’expression, « fier comme un coq ». Courageux, il veille sur la poule et les poussins, comme le roi veille sur ses sujets.
Les symboliques chrétiennes du coq
Dans la tradition chrétienne, le coq est notamment présent dans les évangiles, lors du reniement de saint Pierre, au cours de la Passion du Christ.
Sur le mont des Oliviers, Jésus annonce que Pierre va le renier trois fois avant que le coq ne chante, ce qui arrive quelques heures plus tard.
L’animal veille et révèle au grand jour les faiblesses de l’homme en annonçant le retour de la lumière et du jour nouveau. Le coq, qui va devenir l’un des attributs de l’apôtre Pierre dans les images, invite au repentir.
Placée au sommet des clochers des églises dès le Moyen Âge, sa combativité et sa vigilance éloignent le démon des édifices sacrés. Des reliques de saints sont placées dans les corps des girouettes.
Lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019, le coq placé sur la flèche de Viollet-le-Duc a été retrouvé intact parmi les décombres. Après une chute de plus de 96 mètres, sa résistance et sa force symbolique sont avérées !
Le coq gaulois, emblème de la France
Le symbole du coq est utilisé, pendant la Révolution française, comme emblème du peuple en colère. Tel un coq qui dénonce les rodeurs, les Français crient pour dénoncer les injustices.
Coq de la statue des Girondins, place des Quinconces, Bordeaux ©Dinkley
Dès 1792, il figure sur le sceau de la Première République.
Mais, aux lendemains de la Révolution française, sa popularité est remise en question par l’empereur Napoléon Ier.
En 1804, il refuse, devant la commission des conseillers d’État, de prendre le coq pour étendard. Il lui préfère l’aigle qui devient officiellement l’emblème de l’Empire.
Le coq gaulois est réhabilité, en 1830, par la monarchie de Juillet. Une ordonnance en fait un des symboles de la France. Il apparaît sur les drapeaux, les sceaux et les boutons de la garde nationale.
La grille du coq au palais de l’Elysée ©Erwmat
Sous la IIIe République, le coq fier peut déployer ses ailes sur les timbres, les pièces de monnaie ou encore les bâtiments officiels. Il est placé sur la grille d’entrée du parc du palais de l’Élysée en 1905.
Véritable élément de propagande, le coq affirme avec force, l’identité française face à l’aigle allemand de la Première Guerre mondiale.
On retrouve le coq gaulois sur les monuments aux morts de la Grande guerre, symbole de bravoure des soldats français face à l'ennemi.
Aujourd’hui, le coq n'est pas reconnu officiellement comme un emblème national. On lui préfère le drapeau bleu blanc et rouge ou Marianne.
Pourtant, aux yeux du monde, le coq est l’emblème de la France lors de nombreux affrontements sportifs.
Le coq gaulois écrase avec sa patte l’aigle prussien sur le casque ©Jean-Pierre Dalbéra
Le coq un emblème sportif français
Depuis 1909, le gallinacé est, en effet, présent sur les tenues des athlètes olympiques français, mais également sur les maillots des joueurs de l’équipe nationale de football, de rugby, de golf ou encore de handball.
Cette renommée se confond avec la marque Le Coq Sportif. Cette entreprise de bonneterie a été fondée dans l’Aube, à Romilly-sur-Seine, par Émile Camuset dès 1882.
Dans les années 1920, la société se spécialise dans la confection de maillots pour les sportifs et devient, dès les années 1930, fournisseur officiel des fédérations françaises de rugby, de football, de basket ou encore d’athlétisme.
C’est à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, en 1948, que la marque se saisit de l’emblème du coq Gaulois et le fait figurer sur son logo !
Le Coq Sportif accompagne ainsi de nombreux exploits sportifs, sur le Tour de France en cyclisme, la victoire française en coupe Davis en 1991 et bien d’autres encore.
Cette marque française a connu, au fil des décennies des hauts et des bas, mais s’inscrit désormais comme un des chantres du Made In France, en ayant réouvert en 2010 son site de production historique dans l’Aube.
Le coq gaulois une reconnaissance centenaire !
Le coq Gaulois n’est pas qu’un symbole français, il s’agit bien, également, d’une espèce vivant dans nos basses-cours !
Connue dès l’Antiquité, avec son majestueux plumage multicolore, la race de la Gauloise est homologuée, le 7 septembre 1923, par la Société des Aviculteurs du Nord.
Les caractéristiques de la Gauloise « Saumon doré » et « Saumon doré clair » sont alors officiellement déterminées.
Les deux guerres mondiales sont dévastatrices pour les élevages de ce gallinacé. Le coq gaulois décline : on lui préfère des races plus productives afin d’améliorer les rendements ; la campagne subit l'exode rural au profit des centres urbains ; le poulailler se fait plus rare.
Afin de préserver la survie de cette race en danger de disparition, un conservatoire chargé de préserver le coq gaulois a été fondé, en 2021.
Ce conservatoire, situé dans l’Aube en Champagne, à Méry-sur-Seine, fait perdurer ce patrimoine vivant, emblème national.
Damien Vidart, responsable du Conservatoire du coq Gaulois à Saint-Méry dans l'Aube © Olivier Drouard
Dans le parc de 1,5 hectares, d’une ferme pédagogique, il se compose d’une poussinière, d’un box d’élevages et de grandes volières. La survie du coq gaulois est entre de bonnes mains !
Le conservatoire du coq Gaulois est au cœur des célébrations du centenaire de la reconnaissance de la race Gauloise !
Profitez d’une sortie en famille pour découvrir le conservatoire, les coqs et les poussinières. Sur place, des grands gîtes feront de votre séjour à la campagne un moment inoubliable !
De nombreuses activités au plus proche des animaux, vous permettront de découvrir la nature et tous ses secrets.
Pour en savoir plus sur le conservatoire du coq Gaulois de Méry-sur-Seine