Sur les traces de Robert Mallet-Stevens
Figure emblématique du courant moderniste Robert Mallet-Stevens a participé à révolutionner la vision de l’architecture et le patrimoine du XXe siècle.
Fortement influencé par la Sécession Viennoise et notamment le Palais Stoclet, bâti par Joseph Hoffmann à Bruxelles, il défend une architecture rationaliste qui refuse l’ornement, tout en travaillant la lumière comme un matériau à part entière. Robert Mallet-Stevens co-fonde et préside l’Union des Artistes Modernes (UAM), en 1929.
Au cours des années 1920, il travaille à la création de vitrines de grands magasins ou encore de nombreux décors de cinéma, dont ceux de L’inhumaine, réalisé par Marcel L’Herbier en 1924.
Il œuvre également à la réalisation du pavillon du tourisme pour l'exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Son campanile, de 36 mètres de haut, marque et inspire le mouvement Art Déco internationalement.
Mais c’est principalement pour ses villas bourgeoises que Robert Mallet-Stevens reste connu aujourd’hui. Nous vous proposons un tour d’horizon de ses réalisations emblématiques :
Villa Paul Poiret - Mézy-sur-Seine dans les Yvelines
Cette villa, commanditée par le célèbre couturier Paul Poiret, a été construite dans les années 1920 sur une surface habitable de 800 m². Sa maison de couture ayant fait faillite avant l’achèvement des travaux, le créateur et sa famille n’habitent jamais vraiment que la maison de gardien de la propriété.
Paul Poiret revend sa villa à l’actrice Elvire Popesco qui achève les travaux et fait apporter quelques modifications au projet initial. Elle y demeure jusqu’à son décès en 1985. La Villa, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984, change ensuite régulièrement de propriétaires.
Entièrement rénovée à la fin des années 2000, elle a servi de décor à plusieurs films dont Prête-moi ta main, sorti en 2006.
Propriété privée, la Villa se visite lors des Journées du Patrimoine, chaque année en septembre.
Villa Poiret dans les Yvelines © AdobeStock
Villa Noailles - Hyères dans le Var
Construite entre 1923 et 1925, cette villa est l'une des premières de style moderniste en France. Ses commanditaires, le vicomte Charles de Noailles et sa femme Marie-Laure, demandent à Robert Mallet-Stevens une « petite maison intéressante à habiter ». Grands mécènes des artistes contemporains de leur époque, ils confient la décoration et l’ameublement de leur Villa à des personnalités telles qu’Alberto Giacometti, Eileen Gray, Raoul Dufy ou encore Francis Jourdain.
Également proches des Surréalistes, c’est dans cette Villa qu’est tourné le premier film de Man Ray.
Vendue à la ville de Hyères en 1973, la Villa devient, en 2003, un centre d’Architecture et d’Art qui accueille, notamment, chaque année le Festival International de mode, de photographie et d’accessoires.
Cette année, 2023, seront donc célébrés le centenaire de la commande de la demeure, les 50 ans de son acquisition par la ville de Hyères et les 20 ans de la création du centre d’art. Un triple anniversaire qui sera marqué par une très riche programmation culturelle à découvrir ici.
Villa Noailles à Hyères dans le Var © Herkra
Hôtel Particulier de Madame Collinet - Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine
Cet hôtel particulier a été construit, en 1924-1926, dans des conditions drastiques, la parcelle ne faisant que 10 mètres de large. Il crée un plan à partir d’un carré quasi-parfait de 80 mètres carrés au sol, mais divise la façade en deux volumes différents : un pour la cage d’escalier et un autre pour les pièces de vie, réparties sur trois niveaux.
Dès la fin des années 1920, Boulogne-Billancourt, côté bois, devient un quartier à la mode chez les artistes et leurs commanditaires. C’est ainsi que la parcelle mitoyenne à celle de Madame Collinet est rapidement construite par le Corbusier qui y bâtit la Villa Cook. Pour ce faire, il prend en considération les proportions de l’œuvre de son prédécesseur dans son dessin, afin de produire un ensemble cohérent, bientôt complété par l’Hôtel Dubin, érigé par Raymond Fischer.
Maison Collinet à Boulogne-Billancourt © nickK
Rue Mallet-Stevens - XVIe arrondissement de Paris
L’architecte Robert Mallet-Stevens est un des rares architectes à avoir une rue à son nom, en effet, il en a signé tous les édifices.
Il a pour ambition de créer « Une rue (…) gaie, joyeuse, même, tout en étant “reposante”. ». En 1926-1927, il construit les cinq hôtels particuliers qui bordent cette rue du XVIe arrondissement de Paris, percée pour l’occasion.
L’une de ces habitations est destinée à accueillir son agence et son habitation, cette bâtisse, située au numéro 12, est aujourd’hui occupée par la Fondation Hippocrène qui œuvre pour la création contemporaine.
Au numéro 10 de la rue s’élève la demeure destinée aux sculpteurs Joël et Jan Martel. C’est, aujourd’hui, la seule dont la façade n’a pas été remaniée et qui présente encore son état de construction de 1927.
Villa Cavrois - Croix dans le Nord
Construite entre 1929 et 1932 pour Paul Cavrois, riche industriel du nord de la France, et sa famille. La Villa Cavrois se veut une œuvre d’art total.
En effet, Robert Mallet-Stevens en a non seulement dessiné les plans, mais également l’intégralité du mobilier de la maison et les jardins. Cette œuvre magistrale s’étend sur trois étages pour 2400 m² habitables et 1000 m² de terrasse !
À la mort de Lucie Cavrois, en 1986, la Villa est squattée et pillée, le mobilier dispersé. Classée Monuments Historique en 1990, elle est rachetée par l’Etat en 2001 et confiée, en 2008, au Centre des Monuments Nationaux pour en assurer la restauration.
La Villa Cavrois, a finalement ouvert ses portes au public en 2015 après plus de 7 ans de travaux. Pour en savoir plus sur la Villa Cavrois.
Villa Cavrois à Croix dans le Nord © AdobeStock
ll
Maison et Atelier du Maître-Verrier Louis Barillet - XVe arrondissement de Paris
Louis Barillet, inventeur du vitrail blanc, est membre de l’Union des Artistes Modernes aux côtés de Robert Mallet-Stevens. À l’étroit dans son atelier de la rue Charier, il demande, en 1931, à son ami architecte de lui construire un atelier fonctionnel et lumineux, au 15 square Vergennes, dans le XVe arrondissement de Paris.
Ce dernier s’exécute et crée un écrin de lumière, doté d’une façade vitrée qui s’étend sur 4 étages et d’une immense verrière qui illumine le dernier étage. Le maître verrier réalise, quant à lui, les vitraux qui ornent la cage d’escalier.
De 2014 à 2016, cet immeuble accueille le Musée Maurice Mendjisky - Écoles de Paris avant d’être acquis en 2019 par Xavier Niel qui envisage d’y organiser des événements.
Ancien atelier de Louis Barillet - square Vergennes à Paris XV © Oderik
Passionnés d'histoire et de patrimoine ? Découvrez le Pass Patrimoine et visitez librement plus de 650 monuments pendant 1 an !