Pass Patrimoine 600 monuments 2022 page
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Article - À Villemaur-sur-Vanne, le jubé fête son jubilé

À la frontière entre Bourgogne et Champagne, en bordure de la forêt d’Othe, la collégiale Notre-Dame de l’Assomption veille sur le calme village de Villemaur-sur-Vanne. Au cœur des plus puissants comtés du Moyen Âge, ce lieu a une longue histoire et recèle surtout des trésors d’artisanat. Poussez les portes de cet édifice médiéval pour découvrir un magnifique jubé dont on fête en 2021 les 500 ans.

Villemaur-sur-Vanne : une seigneurie champenoise

Plan du village fortifié de Villemaur sur Vanne © Archives départementales de l'Aube

La petite commune de Villemaur tient son nom de sa localisation, car elle est initialement bâtie autour d’un cimetière. On l’a tout naturellement appelée « Ville-Mort », avant de changer son nom au XVIIe siècle.

Dès le Haut Moyen Âge, le village jouit d’une importance stratégique non négligeable, car il se trouve au cœur du puissant et indépendant comté de Champagne, sur la route qui mène de Sens à la ville de Troyes, haut lieu du commerce en France. La région de Villemaur-sur-Vanne est, en outre la terre de naissance des Templiers, le village de Payns, dont est originaire le fondateur de l’ordre, se trouve tout près, et de ce fait, de nombreuses commanderies fleurissent dans la région et assurent une certaine prospérité aux alentours.

Le village devient rapidement une seigneurie indépendante. Au XVe siècle, on découvre non loin de là de grandes richesses naturelles : forges, bois, minerais enfouis dans la forêt d’Othe. Ces ressources font la fortune de Villemaur : c’est à cette époque que sont entrepris les travaux de rénovation et de décoration de la collégiale Notre-Dame de l’Assomption.

La collégiale Notre-Dame de l'Assomption et son jubé hors du commun

La collégiale de Villemaur-sur-Vanne recèle plus d’une particularité. Son clocher à la silhouette hors du commun, sa sobriété pieuse et surtout son jubé magnifique en font un édifice emblématique du pays d’Othe.

La partie avant de la collégiale, le chœur et le transept, datent tous deux du XIIIe siècle, tandis que la nef a été retravaillée aux XVe et XVIe siècle.

Collégiale de Villemaur-sur-Vanne © Antoine Vitek-Culturez-Vous - ADT Aube en Champagne

Jubé de Notre-Dame de l'Assomption à Villemaur-sur-Vanne dans l'Aube : La vie de la Vierge © Antoine Vitek - Culturez-vous - ADT Aube en Champagne

Le jubé, lui, a été conçu par les frères Thomas et Jacques Guyon, en 1521.

À la manière d’une bande dessinée, ils représentent des scènes issues de l’Ancien Testament : la Vie de la Vierge et la Passion du Christ.

Les figures sont inspirées par les gravures allemandes d’Albrecht Dürer, Cranach l’ancien et Schongauer.

Mais les œuvres d’art locales ont également été sources d’inspiration pour les artistes : les panneaux sculptés de « la Cène » et de « l’Entrée du Christ dans Jérusalem » sont inspirés des vitraux du chœur de l’église de la Nativité de la Vierge, à Bérulle, village voisin de Villemaur-sur-Vanne. Ces vitraux sont d’ailleurs référencés dans la Route du vitrail dans l’Aube.

Jubé de Notre-Dame de l'Assomption à Villemaur-sur-Vanne dans l'Aube : La Passion du Christ © Antoine Vitek - Culturez-vous - ADT Aube en Champagne

Les sculptures du jubé tiennent un vrai rôle pédagogique auprès des pèlerins qui viennent prier à Villemaur. Souvent illettrés, ces pèlerins n’avaient accès aux Saintes Écritures qu’à travers les sermons des prêcheurs et les représentations picturales, les vitraux, les icônes, … 

Construit en bois et en pierre calcaire, le jubé est également orné de motifs bas-reliefs finement ciselés, d’un côté en style gothique flamboyant et de l’autre en style Renaissance, d’influence italianisante. Autrefois polychrome, il s’agit de l’un des jubés les plus riches et monumentaux du fabuleux style champenois.

Les jubés, rares témoins des pratiques médiévales religieuses

Jubé de Villemaur sur Vanne dans l'Aube © Maggy Caron Photographie

Avant tout, qu’est-ce qu’un jubé ? Il s’agit d’une structure en hauteur, qui sépare le chœur et la nef d’une église et qui porte souvent une galerie ou coursive, décorée de bas-reliefs.
Séparant le chœur, où s’installent les clercs, des fidèles, c’est un élément que l’on trouvait fréquemment dans les églises construites avant la Renaissance et les changements introduits par le Concile de Trente.

Son nom vient du premier mot de la prière latine : Jube, Domine, benedicere. C’est en effet l’ancêtre de la chaire à prêcher qui n’apparaît qu’au XVIe siècle : du haut du jubé, dans les églises paléochrétiennes, et jusqu’au Moyen Âge, le clerc fait la lecture des épîtres et de l’évangile.

Si le jubé est aujourd’hui une construction assez rare, car beaucoup ont été détruits suite à la Réforme introduite par le concile de Trente. Certains subsistent encore et font la fierté des églises. Le jubé de l’église de la Madeleine à Troyes en est un des exemples les plus célèbres de France. Celui de Villemaur, moins connu n’en mérite pas moins le détour !

Quelle meilleure occasion que celle de ses 500 ans pour admirer ce joyau du patrimoine de l’Aube ?

 

Festivités pour les 500 ans du Jubé de Villemaur sur Vanne © Maggy Caron Photographie

Plusieurs événements et visites guidées sont organisés tout au long de l’été et notamment le week-end du 14 et 15 août au cours duquel sont organisés dans et autour de la collégiale. Des expositions, ateliers, stands d’artisans et commerçants locaux ou encore des animations et spectacles pour petits et grands vous attendent.

Pour en savoir plus sur ces festivités autour des 500 ans du Jubé de Villemaur-sur-Vanne.

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