Rencontre avec Bertrand Viaud : fondateur de French Baroudeur
Bertrand Viaud est tombé dans le patrimoine dans sa tendre enfance, initié à cet amour par sa famille. Il a fondé l'association French Baroudeur qui offre aux propriétaires de monuments un accès à des supports numériques de valorisation du patrimoine. Rencontre :
D’où cette passion pour le patrimoine vient-elle ? Quel lieu vous a le plus marqué ?
Cette passion vient de l’enfance. Mes parents me faisaient lire, m’emmenaient visiter des châteaux en Dordogne ou autres, bref ils m’intéressaient à la culture.
Au collège j’ai aussi eu la chance d’avoir un professeur d’histoire-géographie passionnant et passionné : un érudit, qui ne faisait pas des cours d’histoire, mais qui nous faisait vivre l’Histoire.
Plus tard, ayant vécu à l’étranger une partie de mon enfance, j’ai aussi eu le besoin de m’ancrer dans des racines, de me forger une identité propre : notre Histoire m’y a aidé.
C’est donc une multitude de facteurs qui a permis cette passion de se développer au fil du temps.
En ce qui concerne le lieu qui m’a le plus marqué, c’est une question difficile : il y a tellement de lieux et de sites incroyables en France. À chaque fois que j’en visite un, je suis émerveillé comme un gamin de 4 ans le jour de Noël !
Mais si je dois en choisir un, je dirais le château de Commarque en Dordogne. C’est un site réellement unique de par son histoire, sa construction, mais qui est aussi dans un cadre enchanteur et magique. La propriétaire étant une amie et faisant partie du Conseil d’administration de l’association, nous avons la chance de travailler sur la future reconstruction 3D du site et le développement d’une application de visite virtuelle. C’est toujours un émerveillement lorsque j’y retourne.
Vidéo du Château de Commarque, en Dordogne, par French Baroudeur
Quel est votre parcours ?
Je suis né à Bègles, près de Bordeaux. Après une enfance à l’étranger (mes parents étaient expatriés) je suis devenu sportif de haut niveau, mais j’ai dû mettre un terme à ma carrière professionnelle suite à des blessures.
Je me suis alors cherché un moment, comme souvent lorsque l’on doit se reconvertir, et comme j’avais toujours aimé l’informatique, je me suis lancé. J’ai passé une licence de développeur multimédia, puis deux Masters (l’un de Chef de Projet en ingénierie logiciel, l’autre de Manager des systèmes d’information) pour finir en préparant une thèse pour l’obtention d’un Doctorat en Sciences de Gestion.
Étant curieux et un peu hyperactif, j’ai continué par la suite, lors de ma carrière à me perfectionner et me spécialiser en obtenant de multiples certifications (conduite du changement, création et gestion de startups technologiques, gestion de crise…) auprès des plus grandes écoles comme Centrale, HEC, l’ESSEC et Polytechnique.
Puis j’ai fondé l’association French Baroudeur.
Comment l’association French Baroudeur est-elle née ? Que faites-vous exactement ?
En premier lieu, je voulais apporter ma pierre à l’édifice, sur la valorisation et la promotion de notre patrimoine et de notre histoire, par passion et par devoir.
Ensuite, le service technologique de l’association est né de trois constats :
- Beaucoup de gestionnaires ne s’y retrouvent pas dans l’offre pléthorique des sociétés du numérique, et ces dernières ont tendance à en profiter. Il devenait donc nécessaire de leur fournir une solution non commerciale de conseil et d’accompagnement.
- En fonction des projets, les gestionnaires doivent faire appel à plusieurs sociétés car ces dernières sont très segmentées. Il fallait donc leur proposer une entité qui regroupe l’ensemble des technologies afin de simplifier la gestion de projet et de leur fournir un seul interlocuteur
- Les prix sont souvent très élevés et beaucoup de sociétés ne s’intéressent pas aux « petits » monuments car pas rentables, il fallait donc pouvoir aider aussi ces monuments-là.
Ce que nous faisons ? Nous avons créé la première plateforme collaborative dédiée au patrimoine avec la première base de données 3D des monuments en France. Nous nous déplaçons gratuitement sur toute la France pour filmer et numériser le patrimoine, pour la promotion de la culture et par devoir de mémoire.
Nous animons également une chaine YouTube de vulgarisation historique où nous faisons découvrir notre patrimoine et notre façon de travailler.
En parallèle de ces missions d’intérêt général, nous proposons aux gestionnaires et propriétaires de monuments et de musée, toutes les technologies dont ils peuvent avoir besoin pour la médiation culturelle et l’amélioration de leur visibilité.
Cela passe par de la production audiovisuelle, de la muséographie, le développement d’applications mobiles et tactiles sur bornes et sur tous les supports : la réalité augmentée, les clones numériques, les visites à 360° panoramiques, la réalité virtuelle, les escapes game, la gestion et le développement informatique (sites web, réseaux sociaux, graphisme…) ainsi que des solutions pour l’accessibilité aux PMR.
L’objectif est de fournir un conseil adapté, sur mesure, et de respecter les budgets en fournissant des prestations de qualité optimum au meilleur prix (moins chères que les sociétés).
Reconstruction 3D du temple du site gallo-romain de Sanxay
Quels sont vos prochains projets ?
Nous souhaitons continuer à développer notre section audiovisuelle en sortant de nouveaux formats de reportages sur notre chaine.
Continuer à numériser toujours plus le patrimoine : malheureusement nous sommes dans une époque qui tourne de plus en plus le dos à son histoire et à son patrimoine, mais nous souhaitons transmettre cette richesse aux générations futures. Le devoir de mémoire est important.
Certains gestionnaires de sites avaient un peu de mal à cerner tout ce que nous pouvions faire et nos différentes compétences technologiques. Nous venons donc de créer Historia Lab, la nouvelle marque de notre service technologique et nous préparons un site qui sera dédié aux gestionnaires, propriétaires, médiateurs culturels…
Nous souhaitons aussi recruter des jeunes en sortie d’école ou en alternance dans les secteurs du développement informatique, de la 3D et de l’audiovisuel. Avec la crise sanitaire ils manquent cruellement d’opportunités, et de notre côté nous manquons de monde. Mais cela dépendra du mécénat car, même si nous sommes une association d’intérêt général, à l’heure actuelle nous ne touchons aucune subvention et nous finançons nos missions grâce aux adhésions, aux dons et au mécénat d’entreprise.
Présentation de la plateforme collaborative French Baroudeur
Comment peut-on vous soutenir ?
De plusieurs façons :
- En vous abonnant à notre chaine Youtube et à nos réseaux pour découvrir une partie de notre travail, c’est gratuit et ca aide.
- En devenant membre. Les adhésions sont largement déductibles des impôts et reviennent au prix d’un café par mois. En adhérant, vous accédez à la plateforme collaborative et vous soutenez notre travail quotidien sur tout le territoire Français.
- En faisant un don/mécénat, largement déductible des impôts aussi.
- Pour les sociétés, nous cherchons toujours des sponsors.
Et si vous êtes un gestionnaire et/ou propriétaire d’un monument ou d’un musée, vous pouvez adhérer aussi et rejoindre notre collectif, mais là c’est surtout nous qui risquons de pouvoir vous aider, donc contactez-nous !