Les Malouinières, demeures de corsaires
À quelques kilomètres des remparts de Saint-Malo et de la côte d’Émeraude, dans l’arrière-pays baptisé le Clos-Poulet, se trouvent de fières demeures qu’on appelle Malouinières. Construites pour la plupart entre 1650 et 1730, et témoins de l’époque glorieuse des corsaires et des armateurs, elles incarnent bien l’âme de la région. Partez avec nous à la découverte de l’histoire et de l’architecture curieuse de ces Malouinières.
La récompense des valeureux marins du roi

Depuis le XVIe siècle, et ce jusqu’au XVIIIe siècle, la marine française se développe notamment grâce au commerce avec ses colonies et ses comptoirs.
Le règne de Louis XIV voit l’apparition de corsaires missionnés par le roi pour dépouiller les vaisseaux étrangers de leurs marchandises. La plupart embarquent sur des vaisseaux légers au port de Saint-Malo, alors premier port de France.
Les armateurs y font fortune et créent la Compagnie Malouine des Indes. Celle-ci a recours aux services de célèbres corsaires comme Surcouf et Duguay-Trouin qui écument les mers et par la même occasion amassent un butin considérable.

Armateurs et corsaires, qui sont parfois une seule et même personne, cherchent naturellement à afficher leur réussite ainsi qu’à se reposer de leurs exploits sans trop s’éloigner de leurs affaires. C’est ainsi que leur vient l’idée de faire bâtir des demeures de plaisance à quelques lieues seulement de Saint-Malo. Très vite, on les appelle les "malouinières".
Des demeures de famille

Quand en 1763 se termine la Guerre de Sept Ans, l’empire colonial français est profondément bouleversé et entamé par son rival britannique. La Compagnie Malouine des Indes perd de l’influence et ses bénéfices décroissent rapidement, si bien que Louis XV décide en 1769 de suspendre son monopole.
La Révolution française porte un nouveau coup à la compagnie. Accusée d’être un vivier d’activistes contre-révolutionnaires, celle-ci est définitivement fermée en 1793.

C’est la fin du règne des corsaires malouins, qui, souvent contraints à l’exil, abandonnent leurs belles demeures de l’arrière-pays. Attaquées par l’humidité et le sel, ravagées par les révolutionnaires, ou lentement grignotées par le temps, la plupart des malouinières du Clos-Poulet sont détruites. Aussi, sur 300 ayant existé aux XVIIe et XVIIIe siècle, n’en reste-t-il aujourd’hui qu’une dizaine.
Aujourd’hui demeures privées, elles sont souvent habitées par la même famille depuis de longues années.
Une architecture originale

Les malouinières sont pour le XVIIe siècles des bâtisses d’un style nouveau, que l’on pourrait qualifier d’hybride. On y retrouve tous les codes architecturaux des domaines aristocratiques, colombier, parc clos, chapelle, jardins à la française et communs; et cependant, la malouinière n’a pas vocation à accueillir de grandes festivités.
Conçue pour une tranquille et champêtre retraite, elle se cache souvent derrière un imposant portail, au fond d’une allée dans un parc boisé. Sa façade austère, en granit de Chausey, son haut toit aux cheminées étroites rappellent aussi des éléments d’architecture militaire, inspirés de Vauban.

Cette allure sévère et cette simplicité martiale contrastent avec des intérieurs luxueux et raffinés, richement meublés d’objets précieux que les corsaires rapportent de leurs lointaines expéditions. Tapisseries et toiles peintes se marient alors avec le chatoiement des soieries indiennes, le blanc de l’ivoire et le noir de l’ébène détonent avec les milles couleurs des gemmes…
Découvrez les Malouinières et l’arrière-pays malouin

Si la plupart des malouinières sont des résidences privées, elles demeurent ouvertes à la visite. Vous pourrez notamment admirer les fameuses malouinières de La Chipaudière, de La Ville Bague, ainsi que le domaine du Montmarin. Ces demeures se situant dans un rayon de 15 km autour de Saint-Malo, il est donc possible d’en faire le tour à vélo, un circuit vous guide à travers le Clos-Poulet.
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