Le Louvre en danger
Avec l’occupation de Paris se profile un grand risque : le pillage en règle par les forces allemandes des collections publiques d’art.
La plus grande menace pèse évidement sur le Louvre. Face à ce péril, Jacques Jaujard, alors directeur des musées nationaux, prépare avec les conservateurs un plan d’évacuation des œuvres.
Plus qu’un plan d’évacuation, c’est un véritable plan d’évasion qui est mis en place pour faire disparaître de la capitale quelques 4 000 œuvres.
L’ambition est de mettre ces œuvres hors de portée des Allemands, mais également du gouvernement de Vichy. Les œuvres sont dispersées aux quatre coins de la France et placées dans des endroits divers et parfois improbables.
Cette dispersion prend des années à être réalisée, et se poursuivit même en plein cœur de l’Occupation.
Cette opération qui avait débuté une semaine avant la déclaration de guerre à l’Allemagne a débuté par Chambord, où peintures, sculptures et archives sont provisoirement regroupées et stockées.
Si cette manœuvre est un tel succès, c'est qu'il ne s'agit pas de la première. Quelques mois auparavant, une action similaire a été organisée par Jaujard au musée du Prado, menacé par les bombardements et la guerre civile qui fait rage en Espagne.
C’est à l’occasion de ce plan de sauvetage que la Joconde est amenée à effectuer 10 voyages entre son départ et son retour au Louvre.
Après avoir transité par Chambord, Louvigny et l’abbaye de Loc-Dieu près de Montauban, elle arrive finalement au printemps 1943 dans le Haut-Quercy (Lot). Elle reste dans le château de Montal pendant près de deux ans.
Au cours de son séjour, la toile de maître a même été dissimulée sous l’un des lits du château. Malgré le secret qui entoure les déplacements de ces œuvres, la présence de Mona Lisa au château n'est pas un mystère pour la population des environs.
En juillet 1944, le conservateur René Huyghe prend même la précaution de faire peindre devant le pré du château « MUSEE DU LOUVRE » pour éviter un bombardement accidentel des alliés.
Après 18 mois de travaux, le château de Montal, désormais propriété du Centre des Monuments Nationaux, a rouvert ses portes au public.