Le Grand Voyage : calvaire de Romans-sur-Isère
Depuis 500 ans, le « Grand Voyage » veille sur la ville de Romans-sur-Isère, située au cœur de la Drôme. Cet immense chemin de croix composé de 40 stations serpente dans la ville avant de mener vers le calvaire des Récollets, hors des murs de la cité.
Du pèlerinage à Jérusalem au calvaire
Au Moyen Âge, de nombreux chrétiens partent en pèlerinage sur les routes de Jérusalem, Rome et Saint-Jacques de Compostelle. Lorsque l'influence chrétienne en Terre Sainte diminue, le pèlerinage vers Jérusalem devient dangereux pour les chrétiens. Pour ceux qui ne peuvent pas affronter les difficultés d'un voyage coûteux et périlleux, des calvaires et des chemins de croix sont bâtis dans les villes.
À Romans-sur-Isère, un riche marchand drapier, Romanet Boffin, décide de créer sept piliers et un calvaire en mémoire de la Passion du Christ. Cette idée lui vient en 1515, lors d’un voyage commercial à Fribourg, en Suisse, où il découvre un chemin de croix aux stations disséminées dans la ville. Ce monument fribourgeois, initié par Pierre d’Englisberg, commandeur des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, est une réplique de celui de Rhodes, lui-même fait sur le modèle exact de Jérusalem.
Calvaire des récollets à Romans-sur-Isère
Le chemin de croix de Romans-sur-Isère
Romanet Boffin fait alors installer sept piliers, depuis la collégiale Saint-Barnard jusqu'aux portes de Romans-sur-Isère. À l'image du mont Golgotha de Jérusalem, il fait ériger le calvaire à l'extérieur de la ville.
Les pèlerins affluent et obtiennent parfois des guérisons miraculeuses. Peu à peu, Romanet Boffin acquiert des terres pour construire des chapelles et agrandir son chemin de croix. À son décès, la ville compte 19 stations du chemin de croix.
Faire le pèlerinage à Romans-sur-Isère
Les guerres de Religion entraînent la destruction du chemin de croix. Grâce à la volonté du fils de Romanet Boffin et l'installation d'un couvent de frères récollets, de l'ordre de Saint-François, les stations et le calvaire sont reconstruits.
En 1638, la ville est dotée de trente-sept stations du chemin de croix.
À la fin du XVIIe siècle, le pape Innocent XI décide d'accorder les mêmes indulgences aux pèlerins du calvaire de Romans-sur-Isère que celles accordées à ceux partis à Jérusalem.
Au siècle suivant, les fidèles se désintéressent du Grand Voyage qui subit les affres de la Révolution.
Le chemin de croix attire de nouveau les pèlerins au cours du XIXe siècle. Le calvaire est restauré et des chapelles sont édifiées par des familles notables de la ville. Elles sont à la fois stations du chemin de croix et chapelles funéraires.
Patrimoine et foi chrétienne
En 1986, le calvaire des Récollets est classé au titre des Monuments historiques. Puis, entre 1987 et 1996, les stations le sont à leur tour.
Restauré à l'occasion de son 500e anniversaire, le Grand Voyage demeure un élément incontournable du patrimoine de Romans-sur-Isère.
Encore aujourd'hui, chaque Vendredi saint, à cinq heures du matin, près de 500 fidèles et amateurs de patrimoine se retrouvent pour gravir le chemin, station après station.