Le Palais Bénédictine : héritage d'Alexandre le Grand à Fécamp
Voici l’histoire incroyable d’un Fécampois au nom prédestiné, qui a bâti un empire et un palais grandiose, au goût de Bénédictine.
Cette épopée commence par une légende, probablement inventée par Alexandre le Grand lui-même, celle de la recette de la liqueur Bénédictine.
Cet élixir de plantes aurait été inventé, en 1510, à l’abbaye Bénédictine de Fécamp par un moine vénitien, Dom Bernardo Vincelli.
Succès immédiat, le roi François Ier en aurait été un grand amateur...
La recette de la légende
En 1791, alors que la Révolution française disperse moines et biens monastiques, un parent éloigné d’Alexandre le Grand aurait acheté livres et manuscrits provenant de l’abbaye de Fécamp.
En 1863, c’est dans un de ces manuscrits, inexplorés par son aïeul, qu’Alexandre le Grand aurait retrouvé la précieuse recette. Il reproduit alors l’élixir, inchangé, et le commercialise sous le nom de « Bénédictine » en hommage à son inventeur.
Le digestif se compose de 27 plantes et épices, provenant des plateaux de Caux (Mélisse, Thym, Hysope, miel, écorces d’orange…) comme de contrées lointaines (cannelle, safran, cardamome, thé, noix de muscade…).
La Bénédictine : un succès immédiat
Le succès commercial est immédiat, dès 1873, plus de 150 000 bouteilles par an sont écoulées.
Afin de produire sa liqueur à grande échelle, Alexandre le Grand fait construire une distillerie en plein cœur de Fécamp. Ce premier bâtiment brûle en 1892, quatre années seulement après son ouverture.
Loin d’être abattu, l’industriel jure de construire un nouvel édifice encore plus grandiose. Ce qu’il réalise en faisant bâtir un palais aux façades mêlant néo-gothique et néo-renaissance.
Un palais somptueux pour la Bénédictine
L'intérieur de l'édifice est tout aussi somptueux. Amoureux des arts et grand collectionneur, Alexandre le Grand fait aménager un musée pour présenter ses œuvres et objets fétiches des XIVe, XVe et XVIe siècles.
Comble du détail, chaque salle est décorée dans le style de la période qu'elle présente !
Splendides décors en bois polychromés pour la salle gothique, somptueux plafonds à caissons de la salle Renaissance, ou encore un plafond en dentelle de pierre dans l'oratoire…
Mais l'usage premier du palais est bien une distillerie où sont installés les sublimes alambiques et cuves en cuivre d’origine et toujours en fonctionnement aujourd’hui.
La liqueur achevée est ensuite entreposée dans les caves du palais.
Un précurseur de la publicité ?
La démesure d'Alexandre le Grand va bien au-delà des murs de son palais. Au cœur de son chef-d'œuvre, il est représenté sur un vitrail, dominant le monde.
Folie des grandeurs ou vision prémonitoire, l'industriel est précurseur pour son époque. Il est, en effet, un des premiers à faire de la réclame internationale pour sa liqueur.
C’est ainsi que plusieurs artistes français et étrangers, dont Mucha ou Sem, créent des affiches mettant en valeur la bouteille de Bénédictine, ce qui favorise sa célébrité dans le monde entier.
Mais l'élixir attire bien des convoitises. Pour lutter contre les contrefaçons, Alexandre Le Grand fait apposer sur chacun des bouchons de ses bouteilles, l’inscription : « Véritable Bénédictine », et le sigle D.O.M. (Deo Optimo Maximo, latin pour : « À Dieu, le meilleur, le plus grand »), ainsi qu’une large ligature de plomb autour du col des bouteilles avec l’inscription : « Véritable † Bénédictine ».
Affiche créée par Lopes Silva Affiche créée par Mucha
Les trésors du palais se visitent et sont à consommer sans modération. La Bénédictine (40% d'alcool), elle, s'apprécie en toute mesure. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé !
