L'Exposition Universelle de 1900
Le bilan du siècle
Ouverte au public du 15 avril au 12 novembre 1900, sous la présidence d'Émile Loubet, cette Exposition Universelle fut celle de l'optimisme, des fêtes et des réjouissances. Sur le thème du "Bilan du siècle" elle a réuni plus de 83 000 exposants (dont 40 000 étrangers), étalés sur 216 hectares dans le cœur de Paris : du Champs-de-Mars au Bois de Vincennes, en passant par les bords de Seine et l'esplanade des Invalides.
136 accès avaient été disposés de part et d'autre pour accéder à cet espace 10 fois plus grand que celui de 1855. Restée jusqu'à nos jours la plus grande exposition universelle jamais organisée en France, beaucoup de monuments ou d'équipements construits pour accueillir les visiteurs de l'Exposition figurent parmi les joyaux actuels de la capitale : le Petit Palais, le Grand Palais, les gares de Lyon, d'Orsay, et des Invalides, ainsi que le pont Alexandre III.
C'est également lors de cette exposition que fut mise en service la première ligne du Métropolitain - Porte de Vincennes-Porte Maillot- malgré une inauguration tardive en juillet 1900, soit 4 mois après l'ouverture de l'Exposition. Il enthousiasme tout de même 10 millions de voyageurs jusqu'à la fin des festivités. Mais ce transport en commun qui a finalement révolutionné le quotidien des Parisiens, n'est que l'une des attractions de cette manifestation populaire et riche en innovations.
Ainsi on arpentait l'exposition grâce au trottoir roulant : petite prouesse mécanique suspendue à 7 mètres de hauteur au-dessus des visiteurs. Rapidement surnommé "rue de l'avenir", il est doté de deux paliers pour distinguer deux vitesses de transport (4,2 km/h et 8,5 km/h). Il se déployait sur 3 kilomètres de long, le long du Quai Branly, de l'avenue de La Bourdonnais, de l'avenue de la Motte-Picquet, l'esplanade des Invalides, et les bords de Seine où se dressaient fièrement les palais et pavillons des nations étrangères.
L'exaltation du progrès, mais la fête surtout !
Parmi les lieux remarquables citons le Palais de l'Electricité, le Globe Céleste, La Grande Roue de Chicago, le Manoir à l'Envers, ou encore le Mareorama, un paquebot "en salle" où défilent des décors peints sur d'immenses toiles afin de plonger les spectateurs dans une authentique mise en scène de voyage... Avec effets de houles grâce à des vérins et des souffleries pour reproduire l'effet du vent ! Sans oublier le palais de l'optique avec son grand Kaléidoscope (aujourd'hui visible au musée Grevin sous l'appelation du Palais des Mirages) et le colossal sidérostat, un instrument d'astronomie de 60m de long, qui donne l'impression aux visiteurs ébahis de n'être qu'à une soixantaine de kilomètres de distance de la Lune !
Tandis que les badauds découvrent les rayons X, des miroirs magiques, des danseuses phosphorescentes, un simulateur de balade en dirigeable et le monde invisible prémice de celui microscopique, les frères Lumière présentent leurs films sur un écran géant de 21 m sur 16. Ailleurs, et à l'instar des manifestations précédentes, l'exposition présente tout ce qui se fait de plus abouti en terme d'avancées technologiques, d'arts et d'artisanats, sous de vastes halls ou au cœur des Pavillons des Nations.
Les plus mauvaises langues compareront aisément cette exposition Universelle de 1900 à une vaste foire où l'amusement a pris le pas sur la valeur éducative d'un tel évènement. Et même si l'on retrouve l'étalage des différents savoir-faire de chaque nation, que l'on vante allégrement au sein de chaque palais dédié, c'est la ferveur populaire qui l'emporte grâce aux attractions joyeuses, créatives et monumentales qui font date dans ce type d'évènement à portée internationale.
On oublie vite que 14 années plus tard ces mêmes états si fiers de fêter ensemble le progrès, se sont fait la guerre au sein du premier conflit d'envergure mondiale, brisant net ce bel élan d'optimisme.
Découvrez plus de 600 pépites du patrimoine français et belge avec le Pass Patrimoine