La Monnaie de Paris : des savoir-faire d'excellence
Posée sur les bords de Seine, face au Palais du Louvre, la Monnaie de Paris est la plus ancienne institution française. Dernière usine en fonctionnement au cœur de Paris, elle est également un conservatoire unique de savoir-faire d'excellence qui se transmettent depuis des siècles.
Découvrez quelques-uns de ces métiers hors du commun, à l'occasion des Journées Européennes des Métiers d'Art, qui se déroulent du 28 mars au 3 avril 2022.
Retrouvez tout le programme des événements organisés par le Monnaie de Paris en fin d'article !
Façade, vue depuis le quai du Louvre © Monnaie de Paris
La Monnaie de paris : un palais-usine au cœur de Paris
Son origine remonte à 864, avec la création du premier atelier monétaire parisien par le petit-fils de Charlemagne, Charles II, avec l’édit de Pîtres.
Le splendide bâtiment néo-classique qui l’abrite encore, est commandité par Louis XV et inauguré en 1775 sous le règne de Louis XVI. Il est à la fois un palais représentatif du pouvoir royal et une usine de production. C’est aujourd’hui l’un des rares bâtiments parisiens qui soit resté fidèle à sa vocation originelle.
Malgré les crises que le pays a pu traverser au cours de son histoire, l’activité industrielle n’y a jamais cessé, depuis plus de 200 ans !
Aujourd’hui encore, la monnaie de Paris est l’héritière du droit régalien de battre monnaie, elle garde comme principale mission la frappe des monnaies courantes nationales.
Cour d'honneur de la Monnaie de Paris © Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris à Pessac
La Monnaie de Paris a délocalisé, en 1973, une partie de sa production, dans une usine située à Pessac, près de Bordeaux. C’est là que sont désormais fabriquées les monnaies courantes, françaises et étrangères.
À Paris, ces savoir-faire d’excellence à la française se perpétuent, par le biais de fontes d’art, monnaies de collection or et argent, décorations officielles, médailles ou encore bijoux…
Des savoir-faire d'excellence
Grâce à leurs savoir-faire exceptionnels, les artisans d’art de la Monnaie de Paris façonnent les métaux précieux, gravant dans le métal les styles et les époques.
Ces façonniers participent activement au processus de création de bronze d'art, joaillerie, décorations et médailles.
Il n’y a pas moins de 13 métiers d’art dans les ateliers de la Monnaie de Paris du Quai de Conti, dont un maître d’art graveur et un Meilleur Ouvrier de France (MOF) émailleur.
La transmission des savoir-faire propre aux artisans de la Monnaie de Paris est une mission essentielle de cette institution. Ainsi, ce patrimoine immatériel tient une place importante dans la scénographie du musée et reste intrinsèquement lié à l'histoire de la monnaie.
Les métiers d’art de la Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris est un conservatoire de métiers rares et a des savoir-faire uniques, parfois menacés de disparaître. C’est pourquoi l’institution s’est engagée, depuis près de dix ans, envers ces métiers d’exception et multiplie les actions destinées à les pérenniser.
Ainsi, des partenariats avec les écoles Boulle, Estienne, des Beaux-Arts de Paris, l'Esag Penninghen ont été noués et un parcours muséal multisensoriel, dédié aux femmes et aux hommes qui garantissent la qualité des productions de la Monnaie de Paris, a été créé. Des engagements couronnés par l’obtention de label « Entreprise du Patrimoine Vivant ».
La Monnaie de Paris a vu reconnaître certains de ses savoir-faire comme métiers d’art :
- Argenteur et/ou Doreur sur métal
- Bijoutier en métaux précieux
- Ciseleur
- Emailleur sur métal
- Fondeur
- Graveur
- Polisseur
- Monnayeur de monnaies
- Monnayeur de médailles
- Patineur
- Patineur à chaud
- Modeleur / Mouleur
Focus sur quelques métiers d’art :
- « Monnayeur de monnaies »
Le monnayage est l’ensemble des opérations qui transforment des métaux en monnaies. Pour les monnaies de collection (seules créées Quai de Conti), l’air dans la presse est filtré et en surpression, pour réduire le nombre de défauts, grâce à l’élimination des particules en suspension qui pourraient venir grainer les monnaies. Les produits sont donc d’une qualité optimale sans aucun défaut.
Les monnaies fabriquées en petites séries, en or ou en argent, doivent être frappées 2 ou 3 fois. Le monnayeur s’assure de la qualité de la frappe. Il doit pouvoir détecter à l’œil nu le moindre défaut et appréhender la remontée du métal par rapport au relief attendu.
L’atelier des frappes spéciales, dans lequel les monnayeurs de la Monnaie de Paris travaillent, fabrique essentiellement de petites séries d’objets en or (monnaies, certaines décorations, une partie des bijoux).
Le métier de monnayeur est apparu en France avec la frappe au marteau au IVe siècle av. J.-C. Aujourd’hui, en France, sept monnayeurs effectuent ce travail, ils sont les héritiers directs des monnayeurs au marteau. La presse a remplacé le marteau mais le geste du monnayeur, sa connaissance de l’outillage, de la gravure et des métaux utilisés, et son expertise transmise de génération en génération sans discontinuité, depuis des siècles, sont les mêmes. Le métier de Monnayeur nécessite un apprentissage d’une année environ, au cours de laquelle les monnayeurs chevronnés transmettent leur savoir à l’apprenti.
Frappe d’un flan vierge pour la monnaie or Astérix et les Valeurs de la République © Monnaie de Paris | Jean-Marc Martin
- « Monnayeur de médailles »
Le métier de « monnayeur de médailles » ou « estampeur » existe depuis le XVIe siècle. Savoir-faire traditionnel à la Monnaie de Paris, il existe également dans d’autres entreprises spécifiques.
Le travail du « Monnayeur de médailles » consiste, à la réception des outillages en acier réalisés par les graveurs, à frapper / estamper les médailles (en bronze principalement mais parfois en or et argent).
Contrairement aux monnaies, les médailles sont recuites après chaque passe (frappe) pour permettre au métal de retrouver son élasticité et ne pas casser à la frappe. Le relief apparait au fur et à mesure des frappes.
Grâce à son expérience, le monnayeur de médailles s’assure de la qualité des frappes et appréhende la remontée du métal par rapport au relief souhaité.
La Monnaie de Paris réalise des médailles pour son compte mais aussi pour le compte de tiers. Elle est alors éditeur.
Atelier d'estampage © Monnaie de Paris
- « Patineur »
Le « patineur de médailles » : après la frappe de médaille, appelée estampage, le patineur de médailles exécute les dernières étapes de fabrication d’une médaille. Il s’agit d’appliquer à la médaille les différents traitements de surface qui lui donneront la finition de patine voulue par le client.
Dans le musée © Monnaie de Paris Younh-Ah KIM
Une mission : la transmission
Ayant aussi pour mission la transmission de ces savoir-faire, la Monnaie de Paris s'est ouverte sur la ville. Elle invite tous les publics à venir la trouver et la comprendre. Ainsi, elle est la dernière usine en activité au cœur de Paris. Son musée, labellisé « Musée de France », y propose une expérience inédite associant collections patrimoniales, innovations et savoir-faire techniques, afin de transmettre et susciter des vocations.
Les femmes et les hommes, à l'œuvre dans les ateliers, sont au cœur de la vie de l’institution et du parcours muséal, qui est loin d’être un musée de numismatique.
Démonstration de gravure © Monnaie de Paris Younh-Ah KIM
Les gestes traditionnels des artisans et les métiers d'art spécifiques aux productions de la Monnaie de Paris, dialoguent avec les collections patrimoniales exposées. La visite est agrémentée de vues sur les ateliers, vidéos pédagogiques, démonstrations de savoir-faire, outils interactifs et dispositifs tactiles.
Le parcours aborde différentes disciplines (art, sciences et techniques, histoire des peuples, du goût et de l’économie, archéologie et sociologie) en invitant le visiteurs à utiliser ses sens pour voir, toucher, écouter et sentir la Monnaie de Paris à travers une approche immersive et multisensorielle autour des arts du métal.
Le musée permet aussi à ses visiteurs de se plonger, à travers le temps et l'espace, dans l’histoire des monnaies et des médailles. C'est tout un univers merveilleux, peuplé d'expressions, de mythes, de légendes et de trésors qui s’ouvre alors aux curieux…
Pour en savoir plus : voici une présentation du musée de la Monnaie de Paris.
Les Journées Européennes des Métiers d’Art à la Monnaie de Paris
À l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art, la Monnaie de Paris dévoile ses savoir-faire traditionnels qui font l’excellence de ses productions d’art.
Pour l’édition 2022 et pour faire écho à la thématique « Nos mains à l’unissons », c’est tout le processus de fabrication des monnaies et des médailles qui sera dévoilé. Du dessin à la frappe, différentes activités permettront de comprendre, échanger ou s’initier aux gestes des ateliers.
- Dessin : jeu concours « Je dessine mon euro », organisé dans le musée jusqu’au 30 juin
- Gravure : Démonstration de gravure en taille directe, en continue dans le musée les après-midis du samedi et dimanche (de 14h à 17h)
- Visite guidée pour les « Rendez-vous d’exception » par un médiateur qui expliquera ces différentes étapes à l’aide de nombreux multimédias interactifs, il provoquera également une rencontre privilégiée avec un graveur (Mardi 29 et mercredi 30 mars de 9h à 10h30)
- Pratique : Atelier pour enfant « Fabrique ta médaille » qui permettra de s’initier aux gestes de nos ateliers, pour repartir avec sa propre création. (Samedi 2 avril de 14h à 17h)
Atelier pour adulte « Métal enchanté » qui permettra aux adultes de créer leur bijou qu’ils émailleront eux-mêmes grâce à la technique de l’émail grand feu (Samedi de 14h30 à 17h30)
Grand monnayage : visite de cet espace industriel placé au cœur du palais-usine. Lieu de la frappe et de l’estampage, il parachèvera le parcours en expliquant le métier d’art de monnayeur de médaille et monnayeur de monnaie par le fonctionnement des presses qui transforment une rondelle de métal en objet d’art (Samedi de 14h30 à 17h30).
Atelier famille Fabrique ta médaille © Monnaie de Paris Younh-Ah KIM