Le train de l’Ardèche dans les Gorges du Doux.
La France possède un patrimoine naturel remarquable sur l’ensemble de son territoire, mais rares sont les lieux où le promeneur peut en faire l’expérience de manière vraiment singulière.
À Saint-Jean-de-Muzols en Ardèche, une ligne de chemin de fer historique, unique en son genre, vous plonge au cœur des Gorges du Doux.
Embarquement immédiat...
Un chemin de fer historique
L'épopée du Train de l'Ardèche débute à la fin du XIXème siècle avec l'expansion du chemin de fer.
En 1886, la CFD, compagnie des chemins de fer départamentaux, crée le réseau du Vivarais qui a pour but de desservir une partie de l'Ardèche et de la Haute-Loire.
En 1891, 32.6 km de voies sont inaugurés entre les villes de Tournon et Lamastre. Ce tronçon, qui constitue encore le parcours actuel du Train de l'Ardèche, sera exploité jusqu'en 1968.
Lors de sa mise en place, le train permet de relier Tournon à Lamastre en 1h30 au lieu des 8 h de malle-poste. Une révolution qui tranforme le paysage. Les cultures maraîchères, notamment de pêches, de cerises et d'abricots, s'installent le long des voies ferrées car elles permettent maintenant de rejoindre Paris, Lyon et Marseille grâce à la connection à Tournon.
Des locomotives d'exception
De tous les autorails et locomotives qui ont parcouru la ligne du Vivarais, seules deux locomotives d'origine subsitent (voir vidéos ci-dessus).
Ces "Belles du Vivarais", une Mallet 403 datant de 1903, classée au titre des "Monuments historiques" et une Mallet de 1932, assurent encore la liaison Tournon-Lemastre depuis respectivement 115 et 85 ans.
Ces joyaux techniques sont l'oeuvre d'un ingénieur franco-suisse, Anatole Mallet, qui révolutionna la mécanique férroviaire, en inventant les locomotives de type "articulé" qui facilitent l'insertion dans les courbes. Une nécessité dans les virages serrés des Gorges du Doux.
Autre prouesse de la ligne du Vivarais : un mécanisme de retournement des locomotives actionnable à mains nues (voir la vidéo ci-dessous) permet aux trains de faire l'aller-retour sur la voie à sens unique.
La Mallet 414 au secours de la Résistance
Délaissées après la Première Guerre mondiale, les locomotives à vapeur reprennent du service sous l'occupation allemande suite au rationnement de l'essence. La ligne du Vivarais permet de ravitailler l'arrière-pays. Elle profite aussi au marché noir et même aux résistants, en acheminant des armes aux réseaux des environs. Mais la pratique est risquée...
Lors d'un voyage sur la ligne, des soldats allemands trouvent des armes cachées dans les hottes à charbon par des cheminots. Le chauffeur et le mécanicien sont prêts à être fusillés quand l'officier responsable annule l'exécution : il vient de reconnaître la locomative Mallet 414.
L'engin a été construit en 1932 dans les usines allemandes de Graffenstaden où travaillait le père de l'officier. Impensable pour ce dernier d'abattre les hommes qui perpetuent le savoir de cette mécanique exceptionnelle. Il leur laisse donc la vie sauve.
La ligne de chemin de fer aujourd'hui
Le Train de l'Ardèche est exploité depuis 2011 par la Société Kléber Rossillon. Elle propose aux visiteurs des voyages dans les Gorges du Doux autour de différentes thématiques. On pourra par exemple profiter du train, le mardi matin, pour se rendre sur le marché de Lamastre ou bien découvrir les gorges à la tombée de la nuit avec le "train du clair de Lune" les 4, 11 et 18 août 2017.
Pour les plus sportifs, la Société du Chemin de Fer du Vivarais a également mis en place un vélo rail (voir la vidéo ci-dessus). Une façon originale de profiter des Gorges du Doux en famille.
Pour les afficionados du rail, une halle musée présente quelques belles pièces de collection dont une voiture salon de 1902 et une draisine de campagne.
Pour tout savoir sur le train de l'Ardèche et réserver votre voyage, c'est par ici.