L'orfèvre en passementerie : Patrice Cantalejo
Nichée au cœur du Pays-Basque se trouve la commune de La Bastide-Clairence, classée parmi Les Plus Beaux Villages de France. Cette bastide, fondée il y a plus de 700 ans, accueille désormais de nombreux artisans, aux savoir-faire séculaires. Parmi eux, Patrice Cantalejo exerce le métier de passementier.
Un coup de foudre pour le métier
Rien ne prédestinait Patrice Cantalejo à devenir passementier, assistant dans un gros cabinet d’architecture d’intérieur à Paris.
Lors d’un rendez-vous avec un fournisseur de passementerie, c’est le coup de foudre, il vient de rencontrer « le métier de sa vie ».
Patrice abandonne aussitôt son travail pour sa nouvelle passion.
Aucune formation académique n’existe pour le métier de passementier, trop rare !
Il va donc se former dans l’entreprise Verrier auprès d’un ancien ouvrier qui lui apprend le métier « sur le tas ».
Il acquiert, pendant 7 ans, des techniques de travail qui n’ont pas changé depuis la Renaissance.
Un savoir-faire complexe
La passementerie est l’art de produire des ornements d’ameublement en fils d’or, d’argent, de soie ou de coton.
Le tissage de ces ornements est si complexe qu’aucune machine n’a pu remplacer l’homme dans cette tâche. Les fils sont entrelacés par l’artisan penché sur un métier à tisser de basse lice.
Cet instrument de travail étant extrêmement rare, Patrice Cantalejo a dû faire construire le sien sur mesure. Pour cela, il a consulté de nombreuses archives et en particulier l’Encyclopédie de D’Alembert et Diderot qui décrit parfaitement tous les outils et instruments des artisans de leur époque.
Patrice Cantalejo sur son métier à tisser de basse lisse © Valentin Grenon Pro
Une création en plusieurs étapes
Le tissage n’est que la dernière étape de la création d’une œuvre de passementerie. Il faut d’abord dévider les grosses bobines de fils sur des tubes plus adaptés.
Pour ce faire, Patrice utilise une machine datant des années 1920. Chaque année se sont plus de 3 kilogrammes de fils d’or et le double de fils de soie qui passent ainsi sur son dévidoir.
L’étape suivante est la création des guipures avec un retord.
C’est l’opération la plus délicate, celle qui nécessite le plus d’attention.
Il s’agit de produire des fils d’épaisseur et rigidité suffisante pour former les motifs décoratifs.
Sur une âme en coton, tournée et tendue par le retord, le fil de soie, ou de toute autre matière est enroulé, par le passementier. Patrice Cantalejo utilise un retord qui a plus de deux siècles, auquel il a ajouté un moteur.
Un métier rare
La passementerie est donc, à l’origine, destinée à orner l’ameublement de glands, galons et autres tresses. Mais cette tradition étant largement dépassée, la demande et donc le métier se sont presque éteints. Il y avait 100 passementiers à Paris au début du XXe siècle, mais plus qu’un seul dans les années 2000.
Il a donc fallu innover dans le travail. Patrice Cantalejo imagine de créer des bijoux et ornements vestimentaires en passementerie. Grâce à cette invention, il collabore avec des maisons de haute couture.
En 2011 il remporte le titre de Meilleur Ouvrier de France, en réalisant une superbe ceinture en fils multicolores, dont la confection aura demandé 300 heures de travail.
Patrice Cantalejo conserve dans son travail une volonté de préserver le patrimoine, respecter les traditions et les matériaux, en n’utilisant que des produits naturels de qualité. En ouvrant son atelier au public afin d'expliquer son travail, il participe à la transmission de ses savoir-faire.